Ce n’est un secret pour personne: pour payer moins cher ses primes d’assurance maladie obligatoire, mieux vaut habiter en Valais que dans le bassin lémanique. La situation est-elle la même pour les complémentaires? Pour le savoir, nous avons relevé le coût mensuel d’une police d’hospitalisation en demi-privé dans les chefs-lieux romands, au sein des neuf caisses maladies comptant le plus d’assurés.
Premier constat, les inégalités cantonales dans la fixation des primes de l’assurance de base se retrouvent à l’échelon des complémentaires. Pire, elles se creusent dans la majorité des cas. Ainsi, alors que le montant moyen de la base est environ 30% plus cher à Genève qu’à Sion, l’écart grimpe à 60% pour une police d’hospitalisation en demi-privé (voir tableau). Idem à Lausanne et, surtout, à Fribourg où la différence passe de 4,9% à 19,8% par rapport à Sion. A l’inverse, les habitants de Delémont et de Bienne sont moins désavantagés avec leur complémentaire qu’avec leur couverture de base.
148% de plus à Lausanne
Deuxième constat, le fossé est gigantesque entre l’assuré qui paie le moins et celui qui paie le plus: 19.70 fr./mois à Sion (Groupe Mutuel) contre 188.80 fr./mois à Genève (Swica). Mais gare aux conclusions trop hâtives, car les produits ne sont pas tous comparables. Certains englobent automatiquement une couverture plus large que celle demandée, qui se limitait au libre choix du médecin, de l’établissement et à l’hospitalisation dans une chambre à deux lits. Mais, au sein d’une même compagnie aussi, les différences sont stupéfiantes: chez Helsana, un Lausannois paiera 148% de plus qu’un Sédunois (58.60 fr. contre 23.60 fr.) pour des prestations identiques! Ou encore, 139% de plus au Groupe Mutuel. Plus surprenant encore, les régions les moins chères ne sont pas toujours les mêmes d’une caisse à l’autre. Chez Sanitas, les Delémontains sont les plus avantagés, alors qu’ils paient la prime la plus chère chez Visana…
Montant imprévisible
Selon les assureurs, les primes sont calculées sur le prix effectif des prestations. Elles devraient donc refléter le niveau des coûts de la santé dans chaque canton. Dès lors, comment est-il possible que les régions les plus et les moins chères ne soient pas les mêmes d’une caisse maladie à l’autre? Et que les variations intercantonales observées pour l’assurance de base ne se retrouvent pas toujours dans les complémentaires? Selon Stefan Heini, porte-parole d’Helsana, les primes reflètent les coûts du collectif d’assuré. Or, si les caisses ne peuvent pas choisir leurs clients pour la base, elles le peuvent pour les complémentaires. Elles ont donc tout loisir de n’accepter que de «bons risques» pour proposer des tarifs attractifs, même dans un canton où les coûts de la santé sont élevés. Au contraire, si leur portefeuille de clients est plus large et composé aussi de moins bons risques, (personnes plus âgées, etc.), la prime sera fixée plus haut pour obtenir le même rendement.
Autrement dit, pour les assurés, le coût des complémentaires est totalement imprévisible, car il dépend beaucoup de la stratégie des caisses maladie. Plus encore que pour la base, il est indispensable de comparer les différentes offres avant d’en conclure une – pour autant qu’elle accepte votre candidature. Par chance, huit des neuf assureurs présentés dans notre tableau proposent un calculateur de primes sur leur site internet, qui inclut leurs principaux produits.
Vincent Cherpillod
Plus de détails sur l’assurance maladie de base et les complémentaires dans notre guide pratique «Toutes vos assurances». Commande en page 32.