A la rentrée des classes, les langues ont tôt fait de se délier dans les cours de récréation. Tel copain reçoit plus d’argent de poche, tel autre moins... Les parents sont alors confrontés à de nombreuses questions, et ont intérêt à avoir des arguments solides pour justifier la pratique établie dans
la famille.
Membre du comité de Budget-Conseil Suisse et responsable des conseillères en budget de la Fédération romande des consommateurs (FRC), Colette Bölcs explique: «Le but de l’argent de poche est de permettre aux enfants de gérer un budget par eux-mêmes. Petit à petit, ils apprennent à faire des choix en fonction des moyens
à disposition».
Pas un dû
Inutile, donc, d’octroyer des fortunes, car la fonction pédagogique de l’argent de poche n’augmente pas avec le montant alloué. C’est même tout le contraire: «Un enfant qui reçoit trop d’argent de poche croira que tout lui est accessible. A son entrée dans la vie active, il aura davantage de difficultés à réaliser les limites de son budget», prévient la conseillère.
L’argent de poche n’est, d’ailleurs, pas un dû. Selon la spécialiste, «certains parents culpabilisent de ne pas pouvoir l’offrir, alors qu’il n’y a pas de honte à cela! L’important consiste à bien expliquer la situation à l’enfant, qui est tout à fait capable de comprendre que ses parents gagnent moins d’argent que le voisin ou encore qu’il faut être plus restrictif lors d’une période de chômage, par exemple».
Dans l’intérêt de l’enfant, il vaut donc mieux faire preuve de transparence, sans pour autant peindre le diable sur la muraille en permanence. Cela devient de plus en plus important, car on utilise fréquemment la carte de crédit et le bancomat. Au regard des enfants, l’argent est invisible ou paraît facile à obtenir, si on ne lui explique pas comment il a été obtenu.
Gare au chantage
Pour que l’enfant apprenne à gérer son argent, il faut fixer dès le départ le montant et la fréquence du versement, et s’y tenir (voir tableau indicatif). A relever qu’en ne payant qu’en cas de bonnes notes à l’école, on péjore l’apprentissage du budget au profit du chantage. Certes, selon la philosophie et les moyens de la famille, un tel petit plus n’est pas exclu pour motiver son enfant, mais l’argent de poche ne devrait pas dépendre entièrement des résultats scolaires.
Enfin, il est important aussi que cette somme ne soit pas ponctionnée pour couvrir les besoins vitaux de l’enfant. L’argent de poche, c’est ce qui reste pour satisfaire ses envies, faire des économies… bref, ce que l’on veut!
Yves-Alain Cornu
factures de portable
Paiement à négocier
Les ados sont toujours plus nombreux à posséder un portable. Dès lors, doivent-ils se débrouiller avec leur argent de poche pour payer les communications? Pour Colette Bölcs, c’est un point à négocier. Certains parents, surtout s’ils travaillent, apprécient aussi que leurs enfants soient atteignables. Il faut alors envisager de payer un montant de base, que l’enfant complètera, ou de lui donner une carte prépayée limitée à un certain montant. L’apprentissage est le même: les communications ne sont ni gratuites, ni illimitées!