La vie de Zack Kirisci a basculé le 8 mars 2004 alors qu’il se rendait en voiture à son travail. Ce jour-là, notre lecteur, domicilié dans le canton de Vaud, s’arrête derrière un véhicule laissant passer un piéton. Il est alors percuté à l’arrière par une camionnette. Sur le moment, le jeune automobiliste pense être indemne. «Mais au bout de deux heures, j’ai commencé à avoir mal à la nuque. Deux ou trois jours plus tard, les douleurs sont descendues dans le dos».
C’est le début du cauchemar. Le médecin conseille un arrêt de travail, mais le jeune homme, qui prend son job d’agent de sécurité très à cœur – il prépare alors un brevet fédéral dans ce domaine –, veut rester actif. Le 25 mars pourtant, la douleur devient si aiguë qu’il doit cesser son activité professionnelle. Depuis cette date, Zack Kirisci n’a toujours pas pu retravailler. Il n’a que 28 ans, mais seules de fortes doses de morphine permettent désormais d’apaiser ses souffrances.
Chez le psy!
S’il souffre tant, c’est à cause d’une vilaine hernie discale située au beau milieu du dos, une position totalement atypique qui la rend inopérable, à moins d’accepter les 50% de risques de devenir paraplégique. Une hernie qui «est une conséquence directe du coup du lapin subi lors de la collision», à en croire Pierre Seidler, avocat du jeune homme et co-fondateur de l’antenne romande de l’association Coup du lapin (lire l’encadré).
Mais la Winterthur, qui assure notre lecteur contre les accidents (d’ailleurs la même compagnie où le responsable de la collision a contracté sa RC…), ne l’entend pas de cette oreille.
En se basant sur l’avis d’un spécialiste chez qui elle avait envoyé Zack Kirisci, elle estime que l’accident, en fonction de sa gravité, n’a pu provoquer de douleurs que pendant six mois au maximum et qu’il faut désormais en chercher les causes ailleurs. Et où donc? Eh bien, selon elle, si notre lecteur souffre, c’est en raison de «facteurs psychiques», «lesquels doivent être appréciés par un psychiatre». Et tant pis pour la hernie discale qui «ne change pas l’appréciation générale du cas, à savoir qu’il n’y a pas de causalité naturelle entre la lésion et l’accident».
L’avocat fait opposition
Forte de ce point de vue, l’assurance accident a donc cessé ses prestations après six mois et envoyé l’infortuné sonner à la porte de son assurance maladie, l’obligeant ainsi à s’acquitter de plusieurs milliers de francs par an de franchise et quote-part.
Pierre Seidler a fait opposition à cette décision rendue le 21 septembre 2005. Possédant un solide dossier basé sur l’avis de nombreux spécialistes, il se dit désormais prêt à plaider la cause de son client au tribunal.
En attendant, notre lecteur, lui, n’a plus aucun revenu, mais il a toujours très mal. Et ce n’est pas faute d’avoir consulté de nombreux spécialistes, physiothérapeutes, ostéopathes et autres rebouteux…
L’ancien agent de sécurité n’a plus qu’un espoir: que les progrès de la médecine lui permettent d’être opéré un jour de sa hernie et de pouvoir travailler à nouveau. «Je ne veux pas être un poids pour la société. Mon employeur m’a payé deux ans puis m’a licencié. C’est mon épouse qui nous permet de survivre aujourd’hui, mais nous avons dû déménager chez mes beaux-parents pour économiser». Le jeune homme a fait une demande de réinsertion à l’AI. C’était à fin 2004. L’AI a ordonné une expertise mais n’a toujours pas rendu sa décision.
Sébastien Sautebin
conseils pratiques
Réagir dans les 72 heures
Le coup du lapin est peu reconnu par les assurances, notamment parce que les lésions qu’il engendre sont souvent difficiles à déceler. Lors d’un coup du lapin, la tête est projetée vers l’avant puis l’arrière. La colonne vertébrale est distendue et les vertèbres, muscles, vaisseaux sanguins, nerfs, etc. peuvent être endommagés. En Suisse, il y aurait 25 500 victimes par an, dont 10 à 20% souffriraient de troubles à long terme, voire définitifs.
> Si vous pensez avoir subi un coup du lapin, il faut impérativement vous rendre chez un médecin ou à l’hôpital dans les 72 heures. C’est à cette condition que vous pourrez revendiquer un lien de causalité entre vos douleurs et l’accident selon une jurisprudence du Tribunal fédéral.
> Besoin de conseils? Contactez l’association Coup du lapin
au 2032 423 80 92 de 14 h à 17 h le lundi.