Après plusieurs rachats et rebondissements, Saab Automobile AB a été mis en faillite le 19 décembre dernier. Hormis la tristesse des aficionados, d’autres clients ordinaires subissent la déroute du logo au griffon. En effet, le constructeur suédois a simultanément annoncé qu’il ne remplira plus ses obligations de garantie. Et la situation n’est pas appelée à changer, à moins qu’un éventuel repreneur accepte d’honorer tous les engagements antérieurs de la marque.
Services gratuits à la trappe
Sans se douter que la débâcle de Saab allait directement le toucher, Nicolas Mavrakis a amené sa voiture au garage en janvier dernier pour un service régulier. Il pensait que ce passage sur le lift n’allait pas lui coûter le moindre centime. Une conviction somme toute légitime, puisqu’il avait opté pour la couverture Saab Total Care à l’achat de sa Saab 9-3 Vector en décembre 2007.
Cette prestation payante lui promettait des services gratuits pendant 10 ans ou 100 000 kilomètres. En confiant les clés à son garagiste pour un service ordinaire, Nicolas Mavrakis s’imaginait être à l’abri de toute mauvaise surprise, sa voiture de quatre ans ne totalisant que 54 600 kilomètres. En recevant peu après une facture de 680.35 fr., il a logiquement cru à une erreur. «Mais, lorsque j’ai appelé le garage, on m’a informé que Saab était en faillite et que cette prestation n’était plus couverte», témoigne notre lecteur.
Les garages n’y peuvent rien
S’il est vrai que toutes les réparations ou les frais d’entretien englobés dans la garantie d’une voiture neuve sont à la charge du constructeur, cette relation contractuelle ne concerne pas le garagiste, qui officie comme intermédiaire: les travaux qu’il effectue lui sont remboursés par le constructeur. Avec la faillite de Saab, il dispose de deux options, délicates l’une comme l’autre: s’attirer les foudres de la clientèle en refusant d’entrer en matière ou tenter de la contenter en travaillant à perte.
Les pièces détachées restent disponibles
Quoi qu’il en soit, c’est bien le consommateur qui paie le plus lourd tribut d’une telle débâcle (lire encadré), puisqu’il ne bénéfice plus des prestations auxquelles il a droit et qui l’avaient peut-être encouragé à opter pour cette marque.
Maigre consolation pour les propriétaires d’une Saab: la survie du réseau de pièces détachées Saab Part AB, entité indépendante non soumise au dépôt de bilan. Ils pourront ainsi trouver les pièces nécessaires à l’entretien – certes payant – de leur véhicule.
Yves-Noël Grin
ÉCLAIRAGE
Les victimes d’une faillite sont mal lotis
Lors de la faillite d’un commerce ou d’une société, les consommateurs sont souvent les dindons de la farce. Du moins celles et ceux qui ont payé pour une prestation dont ils n’ont pas vu – ou que partiellement – la couleur.
C’est le cas de notre lecteur (lire ci-dessus), Nicolas Mavrakis, qui devait bénéficier de services gratuits jusqu’à 100 000 km ou 10 ans pour sa Saab achetée en 2007. Mais le dépôt de bilan du constructeur suédois en a décidé autrement.
Lorsqu’il est victime d’une faillite, le consommateur peut s’adresser à l’Office des poursuites en charge du dossier. Il doit alors apporter tous les justificatifs (preuves de paiement, etc.), afin de «produire dans la faillite», autrement dit figurer sur la liste des créanciers. Pour notre lecteur, les démarches seraient nettement plus ardues, puisque Saab a déposé son bilan en Suède.
Dans tous les cas, il faut être lucide: les consommateurs ont de faibles chances de récupérer leurs biens. En effet, la loi fédérale sur la poursuite pour dettes et la faillite établit dans quel ordre les créanciers doivent être remboursés. La première classe concerne les créances liées aux employés (salaires, pensions alimentaires, prévoyance, etc.) et les droits de l’assurance accidents notamment. La deuxième classe touche principalement les fonds confiés au débiteur en tant que parent ou tuteur. La troisième classe regroupe toutes les autres créances. C’est précisément dans ce dernier wagon que le consommateur est prié de prendre place avec, bien souvent, que les yeux pour pleurer.
Pour aller plus loin: «Au secours, j’ai des dettes!» – commande en page 24. Rabais de 5 fr. accordé à nos abonnés.