Fusils graissés, au cas où...

Le sort de tous les anciens fusils d’assaut n’est pas encore clairement décidé. Mais ils doivent être propres!

Sommaire

Bon à Savoir 03-1998

18.03.1998

Ellen Weigand

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Le caporal Basile Dunand (nom d’emprunt), comme des milliers de soldats avant lui, a dû échanger son fusil d’assaut modèle 57 contre le nouveau Fass 90. Au préalable, il a dû le démonter, le nettoyer très minutieusement, le remonter et graisser généreusement toutes les parties métalliques. Grande fut sa surprise d’apprendre à l’arsenal de Chamblon (VD) que ces armes toutes proprettes partiraient «à la fonte», sauf une partie, distribuée aux anciens militaires. «Pourtant, je les ai vues soigneusement rangées dans des cadres palettes. Avec mes camarades, nous avons alors plaisanté, imaginant ces caisses partir dans des lieux très chauds de notre planète», nous écrit le caporal.
Mais lorsqu’en février, il apprend qu’Israël souhaite emprunter des masques à gaz à la Suisse, il ne peut s’empêcher de repenser à ces fusils propres et graissés: «Pourraient-ils servir à équiper d’autres armées?» s’inquiète notre lecteur.
«Non, répond Martin Buhler, chef de l’information à l’Etat major général. La loi sur l’exportation du matériel de guerre, qui n’inclut pas les masques à gaz, interdit de vendre ces armes à l’étranger.»
Mais les fusils actuellement rendus par les soldats ne seront pas non plus détruits dans l’immédiat: «Une partie est en effet cédée aux anciens militaires et à ceux qui en ont en prêt depuis au moins 10 ans pour faire du tir hors service», détaille Heinz Brand, chef de groupe de la section équipement personnel de l’OFEFT (Office fédéral de l’exploitation des forces terrestres). Début 1997, quelque 100 000 fusils avaient ainsi été distribués, et quelque 300 000 autres liquidés, à savoir réduits en limaille.
Restent cependant les 300 000 autres Fass 57 – sur les 740 000 fabriqués – que les soldats sont en train
de rendre progressivement. «Comme on ignore encore ce qu’ils deviendront, et quand sera prise une décision à ce sujet, ils doivent être graissés pour bien résister à l’entreposage», explique M. Brand. On ne sait donc toujours pas que faire de centaines de milliers de fusils, déclarés obsolètes depuis 1988, mais encore en excellent état? «Ils seront éventuellement vendus à des particuliers», croit savoir pour sa part Martin Buhler. Et de commenter: «Lorsque vous décidez de changer de voiture, vous ne vous inquiétez pas non plus dans l’immédiat de savoir ce que vous allez faire de l’ancienne. Et en attendant, ces armes ne prennent pas beaucoup de place et elles ne mangent pas de pain»...
Ellen Weigand

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