Equateur, Tanzanie, Kenya… Le constat est clair, les roses vendues en grandes surfaces au cours de l’hiver sont cultivées en grande partie sur d’autres continents (voir tableau). Les raisons en sont multiples:
> La demande: la culture hivernale de roses en Europe est aussi coûteuse que difficile, les serres devant être chauffées à des températures clémentes. Or, pour répondre à la demande qui explose à la Saint-Valentin, les grands distributeurs se tournent vers des pays où les climats plus propices permettent une culture abondante. Migros souligne ainsi que la production européenne est insuffisante face à la demande du marché, sans préciser que la pression sur les prix a réduit cette même production européenne.
> Le prix: grâce au faible coût de la main-d’œuvre, les achats extracontinentaux de roses sont particulièrement avantageux pour les grands distributeurs.
> La qualité: les roses produites en Afrique ou en Amérique latine bénéficient d’un climat qui en fait de beaux produits, un argument que les producteurs suisses ne contestent pas. Chez swissflowers.ch, site de vente par internet, on affirme que «les roses d’Equateur sont très demandées pour la taille de leur bouton et leur très bonne tenue en vase».
Remplacer les roses
Ces importations massives ne sont pas sans poser des questions au niveau écologique. L’Equateur, le Kenya, la Tanzanie étant situés à des milliers de kilomètres, le transport des roses sur une telle distance engendre une pollution non négligeable. Coop, qui se fournit auprès de Max Havelaar, défend ses choix: «Selon un rapport de myclimate de 2006, une rose Max Havelaar d’Equateur engendre quatre fois moins de CO2, calculé globalement en fonction du transport mais aussi du chauffage, de l’engrais, de l’emballage, qu’une rose cultivée en Hollande.» Ce que Coop ne dit pas, c’est que le même rapport montre que l’émission de CO2 par kilo de fleurs est cinq fois moins élevé pour des roses cultivées en Allemagne qu’en Equateur.
Bien qu’elles doivent donc être relativisées, les remarques de Coop rappellent néanmoins que le poids énergétique de la culture hivernale des roses en Europe n’est pas forcément meilleur que celui des importations transcontinentales.
Eviter le
gaspillage
On peut dès lors regretter que les roses soient si populaires à la Saint-Valentin. Pour éviter ce gaspillage énergétique, une première solution consiste à faire marcher son imagination et remplacer ce cadeau par un autre, tout aussi glamour. Et
si l’on tient absolument aux fleurs, tout n’est pas perdu, comme l’explique Marianne Martin, présidente de l’Association des fleuristes romands: «A cette saison, les fleurs printanières sont bien moins gourmandes en énergie que les roses en hiver. Anémones, jacinthes, tulipes, renoncules ou jonquilles sont autant de fleurs susceptibles de former un beau bouquet écologique en hiver.» Et de mai à septembre, lorsque la culture des roses suisses nécessite moins d’énergie, pourquoi ne pas préférer ces dernières à leurs sœurs hollandaises, africaines ou latino-américaines? Sébastien Sautebin
Provenance déclarée des roses
Aldi Afrique, Allemagne, Hollande (1)
Coop Equateur, Kenya, Tanzanie
Manor Equateur, Italie, Kenya, Suisse
Migros Colombie, Equateur, Hollande (1), Inde, Kenya, Tanzanie,
Zimbabwe
swissflowers.ch Equateur, France, Hollande (1), Italie
(1) Les fleurs provenant de Hollande n'y ont pas été forcément cultivées. Ce pays tient lieu de Bourse d'achat mondiale.