N’importe quel ordinateur obsolète ou lave-linge usagé contient une multitude de matières premières précieuses susceptibles d’être réutilisées. Malheureusement, pour des raisons parfois techniques mais souvent financières, très peu le sont en réalité, et cela pour plusieurs raisons.
Les matériaux
Après le démontage des appareils, les métaux – ferreux ou non ferreux – constituent la plus grande partie des matériaux récupérés et réemployés en raison de leur excellente aptitude au tri et au recyclage.
Le verre est lui aussi abondant, du fait du remplacement en cours des écrans et téléviseurs cathodiques par les écrans plats. Son recyclage n’est cependant pas aisé puisque le verre ainsi récupéré contient du plomb, limitant les débouchés.
Une pincée de métaux précieux, tirés des cartes électroniques, est aussi exploitée. Le reste (les divers plastiques, le caoutchouc, le bois, etc.) est tout simplement incinéré en veillant, bien sûr, à évacuer le plus proprement possible les polluants résiduels, tels que les PCB, furanes, CFC, métaux lourds, huiles, etc.
Le constat est donc clair: seule la moitié environ des matières premières mises sur le marché sous forme d’appareils est véritablement recyclée (lire encadré). Ce sont celles qui posent le moins de problèmes environnementaux et sont les plus rentables.
Les sous
En Suisse, l’organisation du recyclage est contrôlée par des organismes privés, créés et dirigés par les fabricants et les importateurs. Il s’agit de la Fondation SENS pour les appareils ménagers et de la Swico pour ceux électroniques, qui en confient l’exécution à des recycleurs et ferrailleurs. Le cahier des charges de l’Etat à travers l’ordonnance sur la reprise des appareils n’étant pas trop contraignant, l’objectif principal n’est pas l’amélioration de la qualité, mais plutôt une baisse des coûts. Depuis son apparition en 2003, la taxe anticipée de recyclage (TAR) a pu être divisée par deux pour certaines catégories d’appareils, alors que le prix payé aux recycleurs s’est lui approximativement divisé par quatre durant le même laps de temps (actuellement environ 20 ct. par kilo).
L’organisation
Cette pression sur les prix entraîne une mécanisation croissante du démontage et du tri des matières. Les appareils sont déversés dans d’énormes broyeurs complétés par des installations dites de «tri» automatique des débris, alors que le démontage manuel permettait une qualité de recyclage bien supérieure. Rien ne vaut l’œil humain pour trier des composants et déceler d’éventuels polluants.
La fermeture d’ateliers de démontage a également privé d’occupation des catégories marginalisées de la population: handicapés, chômeurs, prisonniers. Sans oublier que les transports vers ces installations industrielles péjorent indirectement le bilan énergétique du recyclage.
Signalons enfin que tout réemploi partiel, sous forme de prélèvement de pièces de rechange, ou complet, en cas de révision et de remise en circuit, est interdit pour les appareils entrés dans la filière de recyclage. Des gérants de déchetteries communales ont même été menacés de sanctions lorsque des citoyens avaient la possibilité de récupérer des appareils mis au rebut!
L’avenir
Bien sûr, les institutions politiques devraient renforcer leurs exigences de qualité et de proximité, les consommateurs étant généralement prêts à payer le prix que coûte un recyclage correct. Mais il est également de la responsabilité de chaque consommateur de prévenir l’apparition des déchets, en veillant à acheter des appareils de qualité ou de seconde main; à les entretenir ou à les faire réparer lorsqu’ils sont en panne, puis, enfin, en veillant à leur réemploi lorsqu’il n’en a plus l’usage.
Laurent Zahn
TERMINOLOGIE
Recyclable ou recyclé?
De nombreux articles ou emballages portent le petit pictogramme «recyclable», reconnaissable à ses trois flèches disposées en triangle. Ce sigle ne veut hélas rien dire, car, pour qu’un produit soit recyclable, il faut qu’une filière ait été mise sur pied, ce qui n’est généralement pas le cas.
Pour les matières plastiques (à l’exception notable du PET), de plus en plus abondantes, il n’y a pas de recyclage et toutes sont incinérées.