«Cinq portions de fruits et légumes par jour tu consommeras.» Une recommandation connue, mais pas toujours facile à tenir. Alors, pour se constituer une dose quotidienne plaisamment, certains ont opté pour les centrifugeuses. Tout en sachant que les jus ne remplacent pas les fruits entiers et qu’ils renferment une grosse charge de sucre.
Mais voici que vient de débarquer de nouvelles machines, appelées «extracteur à jus» «broyeur» ou encore «malaxeur». Connus depuis longtemps outre-Atlantique, ces robots sont parés de toutes les vertus, à en croire les fabricants et autres démonstrations qui fleurissent sur internet. Leur prix, autour de 300 fr. pour l’entrée de gamme, est plus difficile à digérer.
Aucune preuve
Les centrifugeuses fonctionnent au moyen d’une râpe qui tourne à haute vitesse (de 1000 à plus de 15 000 tours/minute), propulsant le légume ou le fruit déchiqueté à travers un tamis, séparant ainsi le jus des fibres. Au contraire, les extracteurs fonctionnent généralement à moins de 100 tours/minutes, broyant la matière entre deux rouleaux ou à l’aide de vis sans fin. Ce procédé comporte des avantages indéniables: il offre un meilleur rendement entre le jus et les déchets, les appareils sont moins bruyants, plus faciles à nettoyer et permettent de faire des jus denses de type «smoothie».
Mais l’argument massue de leurs promoteurs, c’est qu’ils préserveraient les vitamines, dont la vitamine C, très sensible à la chaleur, à l’oxygène et à la lumière. On lit notamment sur le site kunzvital.ch, qu’«un jus de tomate obtenu par un extracteur à basse vitesse contient 5 fois plus de vitamine C qu’un jus issu d’une centrifugeuse».
Pour comprendre comment un tel miracle nutritionnel aurait lieu, nous avons posé la question à plusieurs spécialistes, dont André Cominoli, chimiste cantonal adjoint à Genève et Muriel Jaquet, diététicienne diplômée à la Société suisse de nutrition. Tous les deux sont pour le moins sceptiques, faute d’études scientifiques disponibles. Finalement, le revendeur Jalinis a pu nous fournir un document de dix pages, émanant de Hallelujah Acres (USA). Hélas, selon Muriel Jaquet, «cette étude ne fournit aucune preuve scientifique que l’extracteur basse température et basse vitesse conserve mieux les vitamines».
Philippe Chevalier