«Nespresso. What else?» La formule a si bien atteint son objectif que les célèbres capsules ont réussi à symboliser l’excellence dans l’esprit de nombreux amateurs de café. Depuis peu, d’autres produits compatibles avec le fameux système tentent de désarçonner le beau George pour faire mentir son légendaire slogan.
Jusqu’à 35% moins chers
Appâtés par un marché juteux où le consommateur paie une bonne centaine de francs le kilo de café, les grands distributeurs suisses ont ajouté à leur assortiment une gamme de capsules utilisables sur les machines Nespresso, non sans déclencher une véritable guerre avec Nestlé devant les tribunaux. Leurs noms? Café Royal de Migros, Caffè Vergnano 1882 de Coop, Fust et Interdiscount, L’OR EspressO de Casino, et Denner pour le détaillant du même nom.
Et, pour allécher les amateurs, les prix par capsule de la majorité de ces produits sont inférieurs à ceux de Nespresso, avec une différence pouvant dépasser 35%. Pour Bon à Savoir et son partenaire, l’émission On en parle (RTS, La Première), la question était de savoir si ces concurrents moins chers doivent être simplement considérés comme une alternative au rabais. Nous avons donc organisé une dégustation à l’aveugle de cinq expressos avec un jury de cinq experts, tous professionnels du café ou de la gastronomie (voir photo). Et les résultats sont assez surprenants.
Migros arrive en tête
Sur la moyenne des appréciations personnelles des dégustateurs, l’Espresso Forte de Migros arrive confortablement en tête. Fait remarquable, tous les membres du jury lui ont attribué leur meilleure note. «Migros a fait un super bon boulot et ce n’est que justice rendue. Il y a là un vrai travail de paramétrage sur les mélanges, un vrai boulot de maître torréfacteur», commente Cyril Jannet, directeur des achats à United Coffee.
A la deuxième place, on trouve l’Espresso Milano, de Denner, puis, en troisième position seulement, L’Arpeggio de Nespresso. Viennent ensuite le Forza, de Casino, et l’Èspresso Cremoso, de Coop.
Nos experts ont particulièrement apprécié le côté équilibré du petit noir de Migros, sa mousse épaisse, ses notes fruitées et élégantes. En comparaison, l’Arpeggio, de Nespresso, est un café soyeux à l’acidité agréable, avec un nez de noisettes grillées et de fruits à noyau. Selon notre jury, il lui manque, en revanche, un brin de puissance, de corps et de fraîcheur et sa fin de bouche a été perçue comme un peu trop amère. L’Èspresso Cremoso, dernier du classement a été jugé très déséquilibré. En cause, une amertume trop prononcée qui lui vaut une note moyenne, elle aussi amère.
Pour le portemonnaie du consommateur, on remarquera au passage que les produits les plus chers, L’Or EspressO (68 ct. la capsule) et Nespresso (50 ct. la capsule) n’ont pas été les plus appréciés. Le prix ne fait pas tout, les papilles de nos experts étaient là pour nous le rappeler.
Cinq variétés intenses
Les expressos ont été dégustés à l’aveugle dans un ordre aléatoire et préparé sur une Turmix TX150, un modèle d’entrée de gamme, avec de l’eau du robinet à Lausanne. Sur le conseil de Chahan Yeretzian, docteur en chimie spécialiste du café et membre du comité suisse de la Specialty Coffee Association of Europe (Swiss-SCAE), nous avons limité la dégustation à cinq variétés. Les marques offrant souvent des gammes assez variées incluant des lungo, expresso et ristretto, nous avons choisi de prendre uniquement un expresso par marque, sélectionné selon différents critères, dont l’intensité – le plus intense – revendiquée par les fabricants. La dégustation visait deux objectifs distincts. Le premier était de définir les caractéristiques du café sur cinq critères (voir tableau). Il ne s’agissait pas ici d’attribuer de bonnes ou de mauvaises notes, mais de fournir des informations sur les spécificités des produits, afin que chaque lecteur puisse aussi faire un choix, selon ses propres goûts.
Dans un deuxième temps, les membres du jury étaient invités à donner leur appréciation personnelle, subjective, pour chaque café au moyen de commentaires et d’une note. C’est sur la moyenne de ces dernières que nous nous sommes basés pour établir notre classement.
Sébastien Sautebin
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
SANTÉ DU CONSOMMATEUR
Dangereux, le café en capsule?
L’an passé, une étude espagnole a fait grand bruit en révélant que les cafés en capsules renfermaient deux fois plus de furane que ceux préparés dans une cafetière traditionnelle. En cause, les dosettes hermétiques qui empêchent ce composé organique de s’échapper. «Le furane se forme durant le traitement thermique des aliments et s’est avéré être cancérigène lors d’études sur les animaux», explique l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). La prudence s’impose donc, alors que des études européennes sont en cours sur le sujet.
Selon certains calculs, il faudrait toutefois avaler 20 expressos par jour pour atteindre des quantités potentiellement dangereuses. Il existe aussi quelques astuces pour se protéger: on peut laisser le breuvage reposer un peu dans la tasse pour que le furane s’évapore ou utiliser de l’eau moins chaude.
D’autres questions commencent à se poser, notamment sur la nocivité de l’aluminium composant certaines capsules et la présence de bisphénol A ou de phtalates dans les bacs et les tubulures des cafetières électriques. Mais les études manquent encore. A suivre, donc.