L’Andalousie, ses paysages quasi lunaires, Grenade, la mer... C’est tout ce dont François Modoux avait besoin, l’automne dernier. Et c’est pour le vivre sans contrainte qu’il a loué, à l’aéroport de Malaga, une petite voiture de tourisme à Europcar. Une courte parenthèse bienvenue avec du repos avant tout et un itinéraire de 400 km. Le séjour terminé, il rend le véhicule sans problème et retourne aux dures réalités du travail et de l’hiver qui pointe son nez.
Mais, trois mois plus tard, notre lecteur reçoit un courrier d’Europcar, lui signalant que l’embrayage a dû être réparé juste après sa location, avec un rapport d’expertise estimant qu’il en porte la responsabilité. L’agence espagnole l’informe que, sans réaction de sa part dans les 14 jours, elle débitera la somme de 377.34 € (+TVA) sur sa carte de crédit. Les factures jointes (en espagnol) laissent présager pire encore, puis qu’elles se montent à 456.59 €...
Réaction immédiate
François Modoux réagit à ces informations 48 heures après les avoir reçues, soit le 10 février. Il conteste formellement avoir une quelconque responsabilité dans les dommages constatés: «Je roule depuis plus de trente ans et je sais repérer un embrayage qui patine. Tel n’était pas le cas pour ce véhicule qui n’affichait d’ailleurs que 10 000 km au compteur. Je ne suis pas mécanicien, mais j’en déduis qu’il s’agit vraisemblablement d’un vice de construction totalement indépendant de ma façon de conduire.» (Lire encadré.)
Europcar, qui a mis plus de six semaines pour rédiger le rapport d’expertise et une fois autant pour le faire parvenir à notre lecteur, devient soudain très pressé. Car cinq jours après avoir reçu la contestation de notre lecteur, elle botte en touche et maintient se décision. Et surtout, elle débite le 14 février – soit un jour avant sa réponse! – les 456.59 € sur sa carte de crédit.
Furieux, François Modoux duplique en dénonçant cette façon de faire pour le moins cavalière et informe l’agence de location qu’il transmet le dossier à son assurance juridique. Parallèlement, il nous en fait parvenir une copie en nous demandant si ce genre de situation est courant. «Bien plus qu’on pourrait l’imaginer, répond notre Service de premier conseil juridique, et toutes agences confondues!»
Bon à Savoir intervient
Nous interpellons donc la direction internationale d’Europcar en lui demandant de nous mettre en contact avec un membre de la direction pour prise de position. Nous recevrons seulement, trois semaines plus tard, un simple courriel nous signalant que l’affaire avait été réglée avec notre lecteur. Et, effectivement, il reçoit parallèlement un courrier se référant à notre intervention et admettant des graves lacunes de communication, mais aussi un doute en sa faveur. Même si le loueur maintient que la rupture du système d’embrayage a été constaté directement après la location et qu’aucun rapport précédent n’évoquait un problème de ce côté (lire encadré). La totalité des frais lui seront donc remboursés. «Conclusion, résume François Modoux: ne jamais se laisser faire, argumenter honnêtement, mais sans concession, exiger la transparence et soutenir le travail d’information mené par Bon à Savoir!»
Christian Chevrolet
Mécanique
Vice de construction
Un embrayage a une espérance de vie variant entre 100 000 km et 180 000 km en conduite normale, moins pour une voiture de location qui voit les chauffeurs – et donc les façons de conduire – se succéder. Pour provoquer une rupture de l’embrayage d’un moteur presque neuf sur quelque 400 km dont 300 d’autoroute, il faut donc y mettre le paquet! Par exemple laisser le pied en permanence sur la pédale légèrement enfoncée ou faire rugir le moteur de longues minutes en faisant patiner l’embrayage. Notre lecteur est trop expérimenté pour cela. Reste le vice de construction, pas si rare que cela.
Nous avons contacté un expert en mécanique qui le confirme: «L’embrayage de la plupart des nouvelles automobiles est actionné par un système hydraulique. Avec un problème récurrent à défaut d’être fréquent: un orifice se bouche et provoque la rupture du système. Le conducteur n’y est strictement pour rien. Mais, comme les constructeurs n’accordent aucune garantie sur les pièces d’usure, on peut présumer que le réflexe spontané des agences de location consiste à trouver quelqu’un pour régler la facture...»
Contre une telle avarie, aucune anticipation possible. En revanche, pour estimer le niveau d’usure d’un embrayage, essayer de faire démarrer la voiture en troisième vitesse en desserrant petit à petit le frein à main. Si elle ne cale pas, il y a de gros risques que l’embrayage soit usé!