Le mois d’avril marque le retour du printemps, mais c’est aussi le moment où nos réserves en vitamine D sont au plus bas. La faute à une moindre exposition au soleil durant l’hiver. Si cette vitamine est actuellement bien connue pour:
- la solidité qu’elle apporte aux os;
- son rôle préventif sur les risques d’ostéoporose, puisqu’elle favorise l’absorption intestinale du calcium et du phosphate;
- son rôle préventif sur les risques de chutes, car elle augmente la force musculaire chez les personnes âgées.
Bon pour le cœur
Depuis peu, les scientifiques découvrent d’autres bienfaits de la vitamine D. Les conclusions d’une toute récente étude, menée pendant plus d’une année sur près de 30 000 personnes de plus 50 ans ne présentant aucun antécédent cardiaque, démontrent que celles qui présentent un faible taux de vitamine D ont un risque accru de 45% de développer une maladie coronarienne et de 78% de subir une attaque cérébrale!
Par ailleurs, d’autres études établissent un lien entre ce faible taux de vitamine D et l’augmentation du risque de diabète de type 2 et de certains cancers, comme ceux de la prostate, du sein et du côlon.
Soleil et aliments
Plus des deux tiers de l’apport en vitamine D devraient provenir de l’exposition au soleil et le reste de l’alimentation. En effet, la peau synthétise cette vitamine sous l’effet des rayons ultraviolets B (UVB). Pour en bénéficier pleinement, il faudrait exposer le visage et les bras 15 minutes par jour, sans crème solaire. Au-delà, il convient de se protéger avec un écran solaire pour limiter le risque de cancer de la peau. Or, de novembre à la fin février, l’énergie des rayons solaires est très faible, puisqu’ils frappent la Terre de façon rasante et les UVB sont alors absorbés par la couche d’ozone. C’est pourquoi, les réserves en vitamine D sont au plus bas durant les mois de mars et d’avril.
En outre, il faut relever que les personnes âgées sont désavantagées, car leur peau synthétise quatre fois moins de vitamine D.
Apport alimentaire
L’apport alimentaire conseillé est de 5 microgrammes (µg) par jour pour l’adulte et de 10 à 15 µg pour les personnes âgées. Or, la vitamine D n’est présente que dans un nombre restreint d’aliments: les poissons gras (saumon, hareng, sardine, maquereaux, etc.), le foie, le beurre, la margarine, les produits laitiers, les œufs (jaune) et les champignons (lire encadré).
Lorsqu’on voit les quantités d’aliments qu’il faudrait ingérer pour atteindre ces valeurs recommandées par la seule nourriture, rien d’étonnant que la consommation moyenne en Suisse ne soit que de 2,5 µg. Ainsi, au sortir de l’hiver environ 6% de la population manque de vitamine D, voire 15% chez les personnes de plus de 70 ans. Une étude française va même plus loin et indique que 78% de la population manque de vitamine D en hiver.
Débat entre spécialistes
Les besoins en vitamine D font débat au sein de la communauté scientifique: certains se contentent des recommandations actuelles et ne préconisent pas un recours à des compléments sous forme de gouttes ou des gelules, alors que d’autres le suggèrent clairement. Ainsi, la Société canadienne du cancer conseille la prise de 25 µg de vitamine D en automne et en hiver, voire toute l’année pour les personnes âgées. En revanche, d’autres spécialistes – dont le Dr David Servan-Schreiber et trente-neuf scientifiques internationaux – proposent une supplémentation de 25 à 50 µg par jour pour l’ensemble de la population, particulièrement pendant les mois d’automne et d’hiver, afin de prévenir les risques d’ostéoporose, de maladies cardiaques et de certains cancers. En Suisse, pour l’instant, seule l’Association suisse contre l’ostéoporose recommande la prise d’au moins 20 µg par jour pour les personnes de plus de 65 ans.
Doris Favre, diététicienne diplômée