Encore une carte qui avale votre nom
La carte Cooprofit est morte, vive la Supercard! Tout comme la M-Cumulus, elle permet, contre un faible escompte, de fidéliser la clientèle, mais surtout de lui donner un nom!
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Bon à Savoir 06-2000
06.06.2000
Christian Chevrolet
Impossible de l’ignorer: Coop vient de lancer sa nouvelle carte de fidélité! La Supercard, puisque tel est son nom, remplace la Cooprofit et traque le client avec presque autant d’assiduité que son aînée, mais néanmoins concurrente, M-Cumulus.
Le principe de base est d’ailleurs strictement identique: à chaque achat, le client présente sa carte qui est électroniquement chargée de points (leur nombre varie en fonction du montant à payer), à faire valoir ultérieurement p...
Impossible de l’ignorer: Coop vient de lancer sa nouvelle carte de fidélité! La Supercard, puisque tel est son nom, remplace la Cooprofit et traque le client avec presque autant d’assiduité que son aînée, mais néanmoins concurrente, M-Cumulus.
Le principe de base est d’ailleurs strictement identique: à chaque achat, le client présente sa carte qui est électroniquement chargée de points (leur nombre varie en fonction du montant à payer), à faire valoir ultérieurement pour acquérir l’un des 500 «cadeaux» recensés dans un luxueux catalogue de 130 pages. Cela n’est marqué nulle part, mais le calcul est vite fait: l’escompte ainsi accordé est de 1%, tout comme chez Migros. C’est donc comme si Coop vantait tambour battant une action où elle céderait un objet à 9,90 fr. au lieu de 10 fr.!
Un an de salaire
«Ai-je bien lu, se demande Pierre Mathez, d’Orbe? Je reçois 10 points pour un achat de 10 fr., mais si je m’en réfère au catalogue, j’ai besoin de 2990 points pour un simple ballon de basket, donc d’acheter pour 2990 fr. de marchandises à Coop...» Il a bien lu, mais n’a pourtant de loin pas choisi l’exemple le plus extrême! Ainsi, il lui faudra dépenser 59 800 fr. (à peu près le salaire annuel moyen en Suisse) pour recevoir la très belle chaîne stéréo de la page 49!
Le service des consommateurs Coop ne dénigre pas le calcul, mais lui trouve une parade toute commerciale et à nouveau très semblable à celle de Migros: viser les actions permettant de cumuler des points supplémentaires. Quitte à acheter ce dont on n’a pas nécessairement besoin?
Autre astuce, spécifique à Coop: vous ne touchez dix points que par tranche de dix francs. Combien de clients vont-ils alors vite compléter leurs achats avec un paquet de chewing-gum innocemment entreposé à côté des caisses, histoire de faire passer l’addition de 19,10 fr. à 20,20 fr.?
C’est vrai, 1%, c’est toujours bon à prendre. Mais c’est aussi, contrairement à l’ancienne carte Cooprofit, le prix auquel chaque consommateur vend son nom et son adresse, puisque que le point 2 des conditions générales de la Supercard autorise Coop à utiliser ses coordonnées «pour l’envoi d’informations complémentaires ciblées aux participants du programme» (en revanche, le contenu de vos achats n’est pas répertorié, contrairement à la M-Cumulus).
Coop et Migros concèdent donc 10 ct. par billet de 10 fr. dépensé dans leurs magasins pour affiner leur stratégie publicitaire. C’est leur droit, mais qu’elles cessent de le faire passer pour de la générosité gratuite!
Christian Chevrolet