En février 2005, Valérie Roth et Luc Balmer, deux lecteurs de Valangin (NE), réservent un vol aller-retour pour Bangkok: départ prévu le 19 décembre 2005 et retour le 6 janvier 2006. Ils trouvent des billets à prix réduit auprès de l’Austrian Airlines et paient la totalité, conformément aux conditions de l’offre. Mais lorsque Valérie apprend qu’elle est enceinte et que l’accouchement est prévu au milieu du séjour, elle annule les billets via son agence de voyages et contacte leur assurance annulation, soit le TCS (livret ETI) pour elle et l’Européenne assurance pour lui. S’ensuit un imbroglio en trois actes:
1 – Pas de remboursement
Le TCS refuse et pour cause: Valérie n’a pas songé à demander l’extension Monde de son livret ETI. Elle assume donc sa part d’erreur. En revanche, elle ne comprend pas pourquoi l’Européenne n’entre pas en matière pour son ami et reste interloquée face aux explications fournies par Thomas Tanner, directeur général de l’assurance: «Une grossesse, dont le terme rend le voyage impossible, n’est pas un juste motif d’annulation. L’être humain est entièrement responsable de ses faits et gestes. Si vos projets prévoyaient de fonder une famille, le simple fait d’acheter un billet d’avion et de réserver, sans droit de restitution, un voyage à l’étranger dans les huit à neuf mois à venir est, par principe, erroné. Face à cette incertitude, vous auriez pu ou même dû réduire les risques en optant pour un billet remboursable ou modifiable.» (sic!)
2 – Grossesse et maladie
Mais les déboires de notre lectrice ne s’arrêtent pas là. Le 21 août 2005, Valérie perd son bébé. Elle apprend alors qu’elle doit assumer les frais médicaux jusqu’à concurrence de sa franchise et, au-delà, payer la quote-part de 10%. Elle n’y comprend plus rien: l’assurance annulation ne considère pas la grossesse comme une maladie, alors que la fausse-couche en est une aux yeux de l’assurance maladie… En effet, un jugement du Tribunal fédéral des assurances a tranché la question en juin 2004: contrairement à une grossesse, une fausse-couche est bel et bien assimilée à une maladie.
3 – Billets revendus
Entre révolte et tristesse, Valérie Roth et son ami Luc Balmer se disent que, finalement, plus rien ne s’oppose à leur voyage. Moins d’un mois après l’annulation, ils tentent donc de récupérer leurs billets. Or, le sort s’acharne sur eux, puisqu’Austrian Airlines a déjà revendu les places et ne remboursera rien: «Un billet à prix réduit ne permet aucun remboursement, commente Nina Sklusal, du service clientèle de la compagnie. Vous pourrez tout au plus récupérer les taxes d’aéroport.» Et elle ajoute sans ambages qu’il arrive ainsi que des places soient facturées deux fois.
Nicolas Oetterli, l’ombudsman de la branche suisse du voyage, connaît cette pratique, d’ailleurs autorisée, mais dit qu’il tente la conciliation au cas par cas. Il regrette néanmoins que les organismes de protection des consommateurs n’agissent pas. Véronique Matthey, juriste à la Fédération romande des consommateurs (FRC), confirme qu’il n’y a aucun projet d’action dans ce sens.
Zeynep Ersan Berdoz
VOYAGES EN AVION
Conseils aux futures mamans
Rien ne s’oppose à voyager en avion si la grossesse se déroule normalement, mais:
- N’embarquez pas sans avoir passé le premier examen de grossesse.
- Consultez votre médecin avant le départ en cas de risque d’accouchement prématuré ou de problèmes cardiovasculaires.
- Vérifiez si, en cas de complication, votre assurance voyages prend en charge le rapatriement.
- Renseignez-vous, avant de réserver, à partir de quel moment la compagnie exige un certificat médical pour vous autoriser à prendre un vol. En général, c’est au-delà du septième mois, mais parfois plus tôt.