En Suisse, 210 000 voitures environ sont retirées de la circulation chaque année. Un bon quart est exporté en Afrique ou dans les pays de l’Est (voir encadré). Restent quelque 150 000 épaves à éliminer...
Première étape: la casse, où est récupérée une partie des pièces et où devraient être retirés les composants particulièrements polluants – notamment les pneus, la batterie, les huiles et le liquide de refroidissement.
Broyer et incinérer
La carcasse est ensuite acheminée vers un centre de broyage. Il en existe six sur notre territoire, dont Sirec S.A. à Ecublens (VD). Depuis 1996, les résidus de broyage automobiles (RBA) qui ressortent de ces installations ne peuvent plus être stockés en décharge: «La moitié de ces déchets est donc brûlée dans les usines d’incinération des ordures ménagères (UIOM), explique Beat Frey, collaborateur scientifique à la section des déchets industriels de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP). Le reste est exporté à l’étranger.» Une solution peu satisfaisante sur le plan écologique...
A contre-courant
C’est pourquoi les importateurs d’automobiles ont créé, en 1992, une Fondation pour une élimination des véhicules à moteur compatible avec l’environnement (IGEA). Laquelle a accumulé quelque 110 millions de francs en percevant chez les importateurs une taxe d’élimination anticipée sur chaque nouvelle voiture. Cet argent devrait servir à la construction d’une usine de traitement des résidus de broyage d’ici à environ cinq ans.
«Avec ce projet, la Suisse se situe à contre-courant d’une nouvelle directive européenne prévoyant que, d’ici à 2015, tous les véhicules devront être recyclés à 95%, remarque François Marthaler, directeur du Bureau d’investigation sur le recyclage et la durabilité (BIRD) à Lausanne. La déconstruction est plus logique sur le plan écologique et elle se pratique déjà en Hollande à des coûts tout à fait supportables.»
Conflits d’intérêts
Le président de l’Association des détenteurs de points de collecte des automobiles hors d’usage (Vasso) reste dubitatif: «Difficile de recycler une voiture à plus de 83%, estime Walter Frauenknecht. Car le marché ne permet pas d’écouler toutes les pièces usagées. Les plastiques, en particulier, sont difficiles à valoriser, car le neuf coûte moins cher que le recyclé.»
Et le représentant des démolisseurs est réaliste: «Les garagistes qui proposent à leurs clients d’effectuer les réparations avec des pièces de récupération ne sont pas nombreux, notamment parce que les constructeurs les poussent à vendre du neuf...» Un fait que Livio Biava, administrateur du garage Pré-Fleuri S.A., à Lausanne, ne conteste pas: «Mais c’est surtout pour des questions d’éthique que je refuse de travailler avec des pièces de seconde main, le neuf offrant une meilleure garantie. En mécanique du moins.»
Conclusion: les conflits d’intérêt ne facilitent pas la mise en œuvre d’une solution globale et respectueuse de l’environnement.
Sophie Reymondin
vieilles voitures
Une seconde vie sur les routes africaines
A l’achat d’un véhicule neuf ou d’occasion, la plupart des garagistes reprendront votre vieille voiture et tenteront de la vendre pour l’exportation – via l’Afrique et les pays de l’Est notamment. Certains modèles valent même leur pesant de ferraille: «Une Toyota de 15 ans, avec 250 000 km au compteur, peut se négocier jusqu’à 1500 fr., explique le garagiste Livio Biava. Mais les Opel, les Ford et les marques italiennes sont quasi invendables.» Tout dépend donc du modèle...
Si votre voiture ne peut espérer poursuivre sa route à l’étranger, elle partira à la casse. L’élimination des véhicules hors d’usage est du ressort des cantons. Seul Neuchâtel a légiféré dans ce domaine et perçoit une taxe de 100 fr. sur toutes les voitures immatriculées dans le canton. Cette taxe donne droit à la prise en charge gratuite de l’épave. Partout ailleurs en Suisse romande, l’élimination est entièrement gérée par le secteur privé. L’automobiliste peut donc amener sa vieille bagnole dans une autodémolition – renseignez-vous auprès de votre garagiste pour savoir où se situe l’entreprise la plus proche de votre domicile – qui la reprendra contre une taxe d’environ 150 à 200 fr.