Envie de dormir plus qu’à l’accoutumée? Besoin de manger des féculents ou des sucreries? Prise de poids? Humeur morose ou encore manque d’énergie? Quoi de plus banal, en automne, diront certains. Et pourtant, pour 2% à 3% de la population, dont une majorité de femmes, ces symptômes révèlent une dépression saisonnière.
Appelée également «trouble affectif saisonnier (TAS)», elle débute généralement entre septembre et décembre et se prolonge jusqu’à mars ou avril. Contrairement aux autres formes de dépression, elle n’est pas associée à des pensées suicidaires. Pour qu’un tel diagnostic soit posé, il faut toutefois que les symptômes soient observés pendant deux ou trois ans, à l’arrivée de l’automne et de l’hiver, et qu’ils disparaissent une fois les beaux jours revenus.
Grisaille ambiante
Les causes sont non seulement un manque de luminosité, mais aussi un manque d’activité lié à la saison. En effet, notre organisme a besoin de lumière pour fabriquer de la mélatonine (hormone du sommeil) et de la sérotonine (hormone du bonheur). En été, ce mécanisme est favorisé par l’ensoleillement plus important ainsi que les loisirs extérieurs. En automne et en hiver, en revanche, les jours sont plus courts et la lumière moins intense. Sans compter qu’on y est aussi moins exposé. Il n’est en effet pas rare de partir au travail lorsqu’il fait encore nuit et de rentrer, le soir, alors que le soleil est déjà couché. Et, pour ne rien arranger, l’éclairage artificiel est bien moins intense: 300 lux environ contre 10 000 lux à l’extérieur si le ciel est couvert et jusqu’à 100 000 lux lorsque le soleil brille.
Chez certains, ce manque de lumière provoque un dérèglement de l’horloge interne et engendre des symptômes dépressifs. Pour surmonter cette épreuve, il est recommandé de s’exposer davantage à la lumière extérieure, de préférence le matin, une fois que le jour s’est levé, même quand il ne fait pas beau. On veillera aussi à travailler le plus près possible de la fenêtre, idéalement bien exposée et sans voilage. Chez soi, on peut également repeindre les murs et les plafonds dans des couleurs claires pour augmenter la luminosité des pièces.
Soleil à domicile
La luminothérapie est également un traitement efficace et prouvé scientifiquement contre le trouble affectif saisonnier. Elle permet de le soigner ou, tout du moins, d’en atténuer les effets. On recommande une exposition de trente minutes par jour devant une lampe d’une intensité de 10 000 lux (une heure avec une intensité de 5000 lux). Une amélioration se fait généralement sentir au bout d’une quinzaine de jours. La distance à respecter dépend du modèle choisi.
Avec une telle lampe, il n’y a pas besoin de constamment regarder la lumière pour que le traitement soit efficace. A condition que le rayon lumineux soit dirigé contre la rétine, il est tout à fait possible de manger, de lire ou même de tricoter! Quelques effets secondaires comme des maux de tête, de la fatigue, des tensions oculaires, des nausées ou des insomnies ne sont pas exclus. Ils sont toutefois rares et temporaires: la plupart du temps, ils disparaissent après quelques jours.
Pas pour tout le monde
Attention: les lampes de luminothérapie ont beau être en vente libre, elles ne constituent en aucun cas un remède miracle utilisable par tout un chacun, comme bon lui semble. Ce d’autant plus qu’il existe des contre-indications, notamment si on souffre de migraine ou de problèmes oculaires (glaucome, rétinite pigmentaire, récente opération des yeux, etc.), si l’on est hypersensible à la lumière naturelle ou encore si l’on prend des médicaments photosensibles comme le lithium.
Les séances de luminothérapie devraient toujours se faire sur prescription médicale uniquement. Si tel est bien le cas, l’assurance maladie de base prend en charge l’achat ou la location d’une lampe jusqu’à concurrence d’un montant de 720 fr. La quote-part de 10% reste toutefois à la charge de l’assuré.
Chantal Guyon