Ecobilans: le nouvel enjeu
Nouveau credo des distributeurs, les écobilans soulèvent de nombreuses questions. Sont en cause les critères d’obtention de ces labels qui peuvent être étendus et manipulés à l’infini.
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Bon à Savoir 09-2009
07.10.2009
Yves-Alain Cornu
Pour rassurer une clientèle soucieuse de la pollution engendrée par la production et le transport des produits, les distributeurs multiplient les études démontrant leur faible impact sur l’environnement. Nespresso et ses capsules en aluminium sont souvent cités en exemple, alors que peu de pays collectent et recyclent réellement lesdites capsules.
Le sucre du Paraguay
Autre exemple: Migros certifie que son sucre de canne bio du Paraguay génère presque deux fois moins ...
Pour rassurer une clientèle soucieuse de la pollution engendrée par la production et le transport des produits, les distributeurs multiplient les études démontrant leur faible impact sur l’environnement. Nespresso et ses capsules en aluminium sont souvent cités en exemple, alors que peu de pays collectent et recyclent réellement lesdites capsules.
Le sucre du Paraguay
Autre exemple: Migros certifie que son sucre de canne bio du Paraguay génère presque deux fois moins de CO2 que le sucre de betterave produit en Suisse. Analyses à l’appui, Migros assure tenir compte de la culture, la fabrication, le transport et l’emballage pour parvenir à ce constat. Le sucre sud-américain est alors labellisé «Champion CO2».
Ces bilans écologiques sont-ils toujours fiables? La réaction de Josef Arnold, directeur des sucreries d’Aarberg et de Frauenfeld, indique plutôt le contraire: «Les déchets de canne à sucre servent de combustible, tandis que les restes de betteraves sont réutilisés comme fourrage pour le bétail, ce qui n’a pas été pris en compte.» Auteur de l’étude pour Migros, l’association Climatop rétorque qu’une partie de la chaleur nécessaire pour la production du sucre vient justement de la combustion des déchets.
«Du berceau à la tombe»
Dans l’Union européenne, l’Ecolabel officiel se calcule selon le principe «du berceau à la tombe». Cela signifie que les critères écologiques tiennent compte de tous les aspects de la vie d’un produit, depuis sa production jusqu’à son élimination ultérieure.
L’exemple du sucre montre toutefois combien il est facile de rendre un produit «éco-acceptable». Car personne ne peut véritablement fixer la juste limite pour réaliser un écobilan valable. Si les ouvriers se rendent aux champs en voiture plutôt qu’en train, cela doit-il être comptabilisé? Et s’ils ne recyclent pas leurs capsules de café…
Yves-Alain Cornu