Morte saison, l’hiver? Pas pour la Rega. Les sports d’hiver constituent le premier facteur de fractures et de blessures à la tête dans le cadre sportif. Des accidents qui fournissent aux quinze appareils de la Garde aérienne suisse de sauvetage la cause principale de leurs interventions primaires (vols de sauvetage à l’exclusion des transferts de patients d’un hôpital à un autre). En 1998, sur 4474 vols de sauvetage, 1238 concernaient un accident de sports d’hiver. Le reste concerne surtout les accidents de circulation et les accidents de montagne, et dans une moindre mesure les accidents de travail, de parapente, les avalanches, etc.
Sans les secouristes de la Rega – ou des colonnes de secours du Club alpin suisse (CAS) lorsque l’intervention de l’hélicoptère n’est pas nécessaire – ces accidents auraient souvent une issue plus tragique. Mais après l’accident et le sauvetage vient le temps de la facture. Combien ça coûte? Et qui va payer cette prestation de santé pas vraiment comme les autres?
Le prix n de la vie sauve
Un sauvetage en montagne n’a pas le même prix s’il s’agit de l’intervention d’un hélicoptère ou de la mise en œuvre d’une colonne de secours organisée par le CAS.
Colonne de secours du Club alpin: les deux premières heures de l’intervention sont facturées 117 fr. par heure et par sauveteur engagé (de deux ou trois personnes à quelques dizaines). Chaque heure supplémentaire: 47 fr. par guide ou responsable, 35 fr. par secouriste du rang. A cela s’ajoute un forfait de 68 fr. par heure d’intervention. Au total, la facture s’échelonne entre quelques milliers et quelques dizaines de milliers de francs.
Hélicoptère de la Rega: alors que la minute de vol revient à 210 fr., l’organisation ne facture «que» 90 fr. par minute de vol, une moyenne pondérée entre le tarif de jour (87 fr.) et le tarif de nuit (101 fr.). Ils couvrent les postes suivants: personnel médical (un médecin fait partie de tout équipage) (15%); personnel technique (16%); équipement (21%); carburant (38%); frais de fonctionnement de la centrale d’alarme et administration (10%).
Seules les minutes effectives de vol (rarement plus d’une trentaine en tout) sont facturées: lorsque l’appareil a atterri, le «compteur» ne tourne pas… En revanche, il faut inclure au calcul un forfait de 150 fr. par intervention et par victime. Total: 3000 fr. en moyenne, mais parfois beaucoup plus cher (jusqu’à 60 000 fr.).
Qui va payer?
La facture du sauvetage est toujours transmise à la victime de l’accident. A charge pour elle, ensuite, de la faire suivre à qui de droit. Par ordre de subsidiarité:
Assurance accidents professionnelle ou privée: elle prend en charge l’intégralité de la facture… pour autant qu’il s’agisse en l’occurrence d’un accident couvert par la LAA ou le contrat privé d’assurance.
Assurance militaire: elle assume également l’intégralité de la facture, mais seulement pour les personnes assurées selon la loi sur l’assurance militaire: soldats, recrues, garde-forts, etc.
Assurance maladie: elle ne paie que pour les personnes bénéficiant d’une couverture accidents incluse dans l’assurance de base. Et encore, la prise en charge est subsidiaire – la caisse ne paie que si aucune autre assurance n’est directement tenue de le faire (ce qui est le cas de l’assurance accidents ou militaire) – et partielle (elle ne rembourse que la moitié des frais, au maximum 5000 fr. par an). L’autre moitié devra être assumée par la victime ou par une assurance complémentaire. La plupart des compléments «privés» ou «risques spéciaux» incluent en effet les frais
de sauvetage dans leur bouquet de prestations.
Rega: lorsqu’aucune assurance n’est tenue au remboursement, l’organisation assume elle-même tout ou partie de la facture si la victime est donatrice – un statut conféré par le versement de 30 fr. par an, 70 fr. pour les familles. Un choix judicieux pour les enfants, dont la couverture accidents de l’assurance obligatoire ne paiera que la moitié des frais de sauvetage. Les parents auront le choix entre un complément à quelques dizaines de francs par an, voire plus, et la carte familiale de donateurs de la Rega, à 70 fr. par an. Quand solidarité rime avec sécurité…
Blaise Guignard
sauver des vies
Donner l’alarme: les points essentiels
Comment demander de l’aide?
• Par téléphone
— au 14 14 (centrale d’alarme de la Rega) ou au 383 11 11 (en cas de difficultés à joindre la centrale).
— Valais: au 14 15 (centrale d’alarme d’Air Glaciers) ou au 144 (n° d’appel d’urgence).
• Par radio
— sur le canal E (canal réservé aux appels de détresse), fréquence 161,300 MHz, lorsqu’aucun téléphone fixe ou mobile ne peut être employé.
Quand demander l’hélicoptère?
• En cas d’accident avec des personnes grièvement blessées: inconscience, difficultés respiratoires, pertes de sang importantes, brûlures graves, etc.
• Lorsque le lieu de l’accident est inaccessible autrement.
• Lorsque les blessés sont intransportables.
Que dire à la centrale?
• Que s’est-il passé, où et quand?
• Combien y a-t-il de blessés, quelle est la nature de leurs blessures?
• Quelles sont les conditions météo?
• Y a-t-il des obstacles au vol de l’hélicoptère (câbles, pylônes)?
• L’usage du treuil est-il nécessaire?