En découvrant les arguments vantant la Technologie A9 (une gamme de liquides promettant d’améliorer les performances des véhicules), David Lopin n’a pu s’empêcher de mener sa petite enquête.
«D’après la publicité, il s’agit de lubrifiants censés économiser de l’essence, moins polluer et donner de meilleures performances dans des proportions quasi miraculeuses, s’étonne notre lecteur de Sembrancher (VS). J’ai donc rendu visite au vendeur, qui a tenté de me convaincre en citant plusieurs entreprises qui utilisent ses produits. Après m’être renseigné, il est apparu que ces entreprises n’ont pas vraiment constaté de grands effets», ajoute David Lopin, toujours pas convaincu.
Intrigués à notre tour, nous avons consulté le site internet du vendeur, où il est expliqué que pour moins de 200 fr., on offre à son véhicule un traitement complet en trois seringues: une pour l’huile, une pour la boîte de vitesses et la derniè-re pour le réservoir à essence. Grâce à cela, on pourrait parcourir jusqu’à 200 km supplémentaires par plein d’essence.
Franck Louiche, distributeur pour la Suisse, nous assure que des millions de clients dans le monde s’arrachent leurs produits. Tout en garantissant que Technologie A9 est certifié par de grands organismes de contrôle, notamment en France.
Preuves discutables
Nous avons demandé confirmation à ces organismes: l’Inrets (Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité) et l’Utac (Union technique de l’automobile, du motocycle et du cycle). «L’Inrets n’a jamais participé à cela. Technologie A9 abuse de notre crédibilité», déplore le porte-parole. Quant à l’Utac, elle renvoie à l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), dont le responsable des projets de recherche explique: «Des essais ont été réalisés entre 1989 et 1991 et mettaient en lumière des gains uniquement en rejets de monoxyde de carbone (CO) et dans une moindre mesure en consommation au bout de 2000 km, mais ils disparaissaient, voire s’inversaient, à 10 000 km. Et cela concernait des véhicules dont la technologie est actuellement dépassée». Autant dire que les attestations citées par A9 ne prouvent rien.
Aucun additif éprouvé
Pour en avoir le cœur net, nous avons encore contacté les milieux intéressés en Suisse: «Quel que soit le nom de l’additif, nous n’avons jamais vu un test sérieux prouvant une quelconque efficacité», selon Auto-Suisse. Idem au TCS (Touring Club Suisse), qui ajoute qu’«un test individuel ne veut absolument rien dire! Qu’en est-il des autres modèles de voiture, par exemple? En outre, la simple idée d’utiliser un additif nous fait modifier notre mode de conduite. L’effet placebo qui en découle peut, à lui seul, modifier la consommation du véhicule!
Il est donc indispensable de réaliser de vrais tests scientifiquement éprouvés». L’Association transports et environnement (ATE), pourtant intéressée à une mobilité plus écologique, se méfie également de ces «produits miracle».
Dans la Revue Automobile, l’expert Christian Dafflon écrivait, en début d’année, que les fluides prescrits par les constructeurs contiennent tous les additifs nécessaires. «Si un produit miracle existait, toutes les huiles du marché en seraient équipées!». Et de prévenir que les constructeurs automobiles n’accordent pas de garantie en cas d’utilisation de liquide modifié ou non homologué.
Yves-Alain Cornu
les bons réflexes
Rouler moins cher, c’est possible
Sans le moindre additif, de surcroît à l’efficacité controversée, il est tout à fait possible de faire des économies de carburant. Grâce à quelques réflexes, on peut diminuer sa consommation d’au moins 10%. Avant tout, la conduite économique et écologique* requiert que l’on évite de trop faire monter les tours. Pour ce faire, il suffit de passer plus rapidement à la vitesse supérieure, l’idée étant de ne jamais dépasser les 2500 tours/minute. D’autres facteurs permettent de réduire la consommation d’essence: enlever les charges inutiles (porte-skis, par exemple) et maintenir une bonne pression des pneus.
*www.eco-drive.ch