A l’achat d’une Opel Astra neuve, Marc Borel a consenti à une rallonge de 1850 fr. pour disposer d’une installation multimédia performante. Cette option incluait un système de navigation et la radio numérique (lire encadré). Comme le prospectus du fabricant ne précisait pas s’il s’agissait d’un récepteur DAB ou DAB+, notre lecteur s’est renseigné pour savoir si sa radio serait compatible avec la diffusion des chaînes helvétiques. «Sans problème», lui a assuré le vendeur.
Le glas du DAB
Hélas, pas pour longtemps. Deux mois après avoir acquis son nouveau véhicule, Marc Borel constatait alors que sa radio numérique ne lui permettait plus de recevoir toutes les chaînes suisses. C’était le 15 octobre dernier, lorsque la Radio Télévision Suisse (RTS) basculait la diffusion de ses chaînes du DAB au DAB+.
Pour le Neuchâtelois, cette transition a un goût très amer. Car si la RTS continue, pour l’heure, de diffuser en parallèle La Première et Option Musique en DAB, ce n’est pas le cas des autres chaînes qui sont toutes passées au DAB+. Ainsi, notre lecteur n’a plus la possibilité de capter les autres programmes de la RTS. C’est le cas de Couleur3 ou d’Espace 2 et, surtout, de Radio Suisse Classique qu’il apprécie tout particulièrement.
Pas de solution
Pour le moins agacé, Marc Borel s’est légitimement demandé qui d’Opel ou de la RTS se moquait du consommateur. «On ne met pas au rebut une technologie qui se vend encore comme étant à la pointe. Introduire le DAB+, c’est bien, mais pas de manière aussi dictatoriale. Le progrès qui impose de jeter du matériel neuf n’est plus un progrès à l’ère du développement durable», fulmine-t-il.
Ses réflexions, il les a transmises à Opel et à la RTS, tout en leur demandant comment son problème pouvait être élucidé. Le Service clientèle de la marque allemande lui a répondu qu’une solution était en cours d’élaboration et qu’elle serait probablement disponible au début de 2013 (lire encadré). Sans oublier de lui préciser qu’elle n’entrerait pas dans le cadre de la garantie, étant entendu que le souci n’était pas lié à une panne ou à une défaillance technique. Une manière élégante de signifier que la marque ne prendrait pas en charge le coût de la mise à niveau de sa radio.
Interpellée par notre rédaction, Opel souligne que ce problème n’est pas propre à sa marque et renvoie la balle: «La Suisse est le seul pays européen à être passé au DAB+. L’Association des importateurs suisses d’automobiles, Auto-Suisse, a demandé très tôt à l’Office fédéral de la communication (Ofcom) de retarder l’arrêt du DAB ou, du moins, d’autoriser le fonctionnement de cette norme en parallèle avec le DAB+. Hélas, l’Ofcom n’a pas donné suite à cette demande et n’a pris aucune mesure à ce sujet», argue son porte-parole Christoph Bleile.
La faute à l’Ofcom…
L’Ofcom nous a effectivement confirmé avoir reçu une telle requête pour repousser l’abandon du DAB. Sauf qu’Auto-Suisse a pris son temps pour réagir, puisque son courrier était daté du 31 juillet 2012, soit six semaines avant l’introduction de la nouvelle norme!
Or, les professionnels – revendeurs de radios et importateurs de voitures – connaissaient la donne depuis belle lurette: en 2008 et 2009 déjà, la SSR a organisé des ateliers pour les informer de cette arrivée. Et, au début de 2012, les dates définitives de l’introduction de cette nouvelle technologie ont été clairement communiquées. «Depuis 2008, nos experts ont également visité plusieurs fois les importateurs», rajoute Daniel Steiner, porte-parole de la SSR. Dans ce contexte, la branche automobile peut difficilement prétendre avoir été prise de vitesse…
Yves-Noël Grin
ÉCLAIRAGE
Des solutions pas si évidentes
Pour rendre un poste DAB compatible au DAB+, le décodeur numérique situé dans la radio doit être modifié. Il existe néanmoins des adaptateurs qui permettent d’éviter le démontage de l’appareil. Il s’agit alors de brancher un boîtier sur une entrée auxiliaire ainsi qu’une antenne pour que le signal soit décodé. Le coût de l’adaptateur – moins de 100 fr. pour certains modèles – n’est pas rédhibitoire. En revanche, l’opération est souvent plus aisée sur une radio domestique que sur un autoradio. Car, si ce dernier ne dispose pas de prise auxiliaire accessible, l’intervention sera plus lourde, et donc plus coûteuse. C’est encore plus vrai lorsque l’installation audio est joliment intégrée dans le mobilier de bord...