Les primes maladie montent. Dois-je changer ma couverture? Ou serrer les dents et ne rien faire? En septembre, les nouveaux tarifs de l’assurance de base sont annoncés et des millions de personnes se posent les mêmes questions en Suisse. Il est temps de prendre son courage à deux mains et de se lancer.
1. Evaluer «sa» hausse
Première étape, le sitewww.priminfo.admin.ch, comparateur officiel des assurances de base. On y indique son code postal, son année de naissance, la caisse maladie, la franchise et le modèle d’assurance actuels. Le site demande les modèles souhaités: standard, médecin de famille, réseau de soins (HMO) ou «autres» (télémédecine, par exemple). Attention à l’indigestion: mieux vaut ne pas tout cocher et comparer des modèles familiers.
Une liste de primes s’affiche, avec votre situation surlignée en jaune. En vert, les modèles permettant des économies. En rouge, les plus chères. Un coup d’œil à une facture de l’année en cours vous indiquera le montant de la hausse pour l’année 2025. Les médias parlent souvent de hausses de primes moyennes, en Suisse. Or, elles varient selon les caisses, les modèles et les cantons... Une annonce de «+5%» en moyenne n’empêche pas que sa propre prime augmente de plus de 10%.
Conseil: l’onglet «comparaison des franchises» est très utile. Trouvez votre assurance dans les noms listés (nom de votre caisse et votre modèle).
2. Optimiser sa franchise
Modélisez les frais d’assurance et évaluez vos besoins grâce à un calculateur en ligne (consultez notre outil «La meilleure franchise pour votre assurance maladie» sur bonasavoir.ch). Remplissez les montants pour les primes mensuelles selon les informations de priminfo.ch, dans les cases bleues de notre calculateur.
Frais de santé prévisible pour l’année à venir: ce champ demande d’évaluer vos habitudes de santé. Maladie chronique, besoin de psychothérapie? Des problèmes de santé laissant présager des frais médicaux à venir? Selon ce que vous pouvez prévoir, indiquez le montant en laissant de la marge pour les imprévus.
Le tableau signale les meilleures franchises et tient compte de la quote-part (lire ci-dessous).
3. Changer d’assurance, de franchise ou de modèle?
Si vous changez de franchise ou de modèle, au sein de la même assurance, la plupart des caisses permettent de le faire via un formulaire en ligne.
Si vous changez de caisse, il faudra vous inscrire auprès de la nouvelle et résilier l’ancienne. Attention aux délais, le courrier doit parvenir avant le 30 novembre (envoi en recommandé, courrier A).
Avant d’opter pour un modèle alternatif (médecin de famille, réseau, télémédecine...), allez sur le site de l’assurance et consultez tous les détails de ce modèle. Vérifiez si votre médecin traitant figure sur cette liste. Si vous devez en changer, appelez les cabinets listés par l’assurance pour vous assurer qu’ils prennent une nouvelle patientèle. Au risque, pour des zones reculées ou mal desservies, de vous trouver avec une assurance peu chère, mais sans médecin de proximité. Un lecteur jurassien de Bon à Savoir a découvert que le médecin de famille avalisé par Helsana le plus proche se trouvait à... 90km de chez lui!
Laura Drompt / Alik Garibian
La quote-part: des frais à ne pas oublier
Prime ou franchise, explications pour comprendre ce jargon d’assurance maladie, essentiel pour tenir son budget.
Franchise: C’est le montant des frais médicaux à la charge des patients. Elle forme un pallier à atteindre, avant tout remboursement par l’assurance. Elle court sur une année civile (du 1er janvier au 31 décembre). Plus la franchise est basse, plus l’assurance rembourse de frais... mais plus on paie une prime élevée. Choix des franchises: de 300 fr. à 2500 fr. pour les adultes et de 0 fr. à 600 fr. pour les enfants (avant 18 ans).
Quote-part: L’assuré paie 10% de participation aux frais de santé, une fois la franchise atteinte. Elle est plafonnée à: 700 fr. pour les adultes et 350 fr. pour les enfants.
Conseil: Il est tentant d’opter pour une franchise très haute et de payer des primes aussi basses que possible. Veillez à ce que vous êtes en mesure d’avancer, financièrement, pour vous-même et pour votre famille.
Une franchise de 2500 fr. implique de payer jusqu’à 3200 fr. de frais médicaux de sa poche sur une année civile. En cas de gros problème de santé courant novembre ou décembre, si les soins s’accumulent sur la nouvelle année, l’assuré devra potentiellement payer 3200 fr. de frais pour 2024, puis être en mesure de payer à nouveau un montant de cet ordre début 2025. Dans un ménage avec plusieurs adultes, les frais peuvent très vite s’accumuler!
Témoignage
La télémédecine oriente souvent vers l'hôpital
Le modèle télémédecine permet-il d’orienter les patients au mieux? Un abonné de Bon à Savoir se permet d’en douter. Face aux hausses de primes, l’an dernier, il a voulu épargner en se tournant vers ce modèle. En janvier, après deux jours de maladie et des difficultés respiratoires, il appelle la centrale: on lui recommande d’appeler immédiatement le 144 pour un transfert aux urgences. Craignant la facture, notre abonné s’y rend par ses propres moyens. Il est pris en charge, attend 4 heures dans une salle... Puis perd patience et rentre, malgré ses difficultés respiratoires. «Je me suis dit que je serais certainement mieux à la maison.» Il prendra un rendez-vous classique, chez son médecin de famille, le lendemain. «Je déplore ce système qui engorge encore plus nos urgences, lesquelles ont déjà fort à faire.»
Ce cas est-il fréquent? La Fédération suisse des patients observe que les centrales de télémédecine dirigent souvent des assurés vers les urgences, même sans nécessité réelle. Le Groupe Mutuel, concerné dans le cas de notre lecteur, assure que la sécurité des patients est primordiale et que la recommandation d’appeler le 144 ne concerne que 1% des cas. Le centre de télémédecine Medgate déclare pouvoir «aider 50 % des appelants directement par téléphone». Pour le reste, selon l’urgence médicale: les personnes sont référées auprès de généralistes ou de spécialistes dans 25% des cas et orientés vers les urgences dans les 25% des cas restants.