Les Suisses ont l’habitude de se dire «Je t’aime» avec des roses. Particulièrement en février, Saint-Valentin oblige, où les importations atteignent des sommets. Pas moins de 560 tonnes provenant principalement des Pays-Bas, de l’Equateur et du Kenya ont ainsi franchi la frontière en février 2013.
La qualité au rendez-vous
A la veille de la fête des amoureux, nous avons donc comparé la qualité des roses rouges vendues dans les grandes surfaces et chez les fleuristes indépendants, avec nos confrères de l’émission On en Parle (RTS – La Première). Pour ce faire, nous en avons acheté trois, avec une tige de 60 cm au moins, dans treize magasins répartis dans toute la Suisse romande. Au total, nous avons donc «récolté» 45 fleurs que nous avons ensuite soumises à l’œil avisé de Bernard Hauser, rosiériste et professeur au Centre d’enseignement professionnel de Morges. Notre expert a évalué leur qualité après l’achat, puis les a observées jusqu’à leur «décès» dans des conditions optimums de conservation (lire encadré). Globalement, la qualité s’est avérée bonne à très bonne.
Seuls trois lots ont obtenu l’évaluation finale «satisfaisant», car toutes les roses se sont fanées ou desséchées avant leur éclosion complète (voir tableau). Deux d’entre eux ont été achetés à la Coop de Matran à Fribourg et un autre au Mimosa à Delémont.
Globalement, les roses les plus plates sont celles qui ont duré le plus longtemps. Celles à gros pédoncule, en revanche, ont flanché les premières. Avec une note finale de 5.7, le magasin Florilège à Lausanne remporte la palme d’or. Les fleurs ont éclos lentement, sans défaut, et se sont fanées entre le dixième et le douzième jour. Un petit bémol toutefois: quelques pétales étaient tachés et l’écorce abîmée sur deux tiges au moment où nous les avons achetées.
Deux «décès» prématurés
Le lot le plus spectaculaire a, quant à lui, rendu l’âme après deux semaines. Il provenait de Manor à Genève. En raison d’un feuillage endommagé au moment de l’achat, il obtient une note finale de 5.4, et rate de peu l’évaluation «très bien».
Onze roses ont maintenu la tête haute 12 jours durant et sept autres ont survécu 11 jours. Huit fleurs se sont inclinées après huit jours de bons et loyaux services. Enfin, quatre se sont fanées au neuvième jour et cinq ont tenu les sept jours réglementaires pour considérer qu’une rose est de bonne qualité.
Seules deux n’étaient plus présentables après six jours seulement. Une d’entre elles provenait du magasin Flowerpoint à Bienne, l’autre de la Coop de Matran (FR).
Fragiles en hiver
A noter que cette dernière venait d’Equateur, un pays où les conditions climatiques sont bien meilleures que dans nos contrées. On aurait, par conséquent, pu s’attendre à ce qu’elle s’épanouisse plus longtemps. Pas nécessairement: «Les roses sont fragiles et l’hiver n’est pas la saison la plus propice pour elles. Cela vaut également pour celles qui viennent de pays où la lumière est plus intense qu’en Europe. C’est un peu comme si vous passiez des tropiques au froid en caleçon de bain avant de repartir au chaud dans un appartement. Vous risquez aussi de baisser la tête», plaisante Bernard Hauser.
Roses d’Equateur plus écolos
On l’aura compris, la Saint-Valentin n’est donc pas la meilleure période pour offrir des roses à sa moitié. Mieux vaut se contenter d’un bouquet de tulipes, de jacinthes ou de renoncules et attendre le mois de juillet pour en acheter. D’autant que à cette période, les prix prennent l’ascenseur, alors que la qualité n’est pas forcément au rendez-vous et qu’il faut les faire venir de très loin pour satisfaire la forte demande. Toutefois, le bilan écologique des roses cultivées au Kenya ou en Equateur, puis amenées en Suisse par avion, est meilleur que celui des fleurs cultivées dans des serres hollandaises chauffées. Elles produisent en effet moins de CO2, malgré le vol intercontinental, selon l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).
Provenance pas indiquée
Le hic, c’est qu’il est très difficile pour un client lambda de connaître avec certitude l’origine de ce qu’il achète. Car, contrairement aux denrées alimentaires, les fleurs coupées ne sont pas soumises à une obligation d’indication de provenance.
Et, comme nous l’avons constaté, les fleuristes ne sont pas toujours à même de fournir ces renseignements. Après vérification, la provenance annoncée par le vendeur s’est révélée inexacte dans cinq cas. Et, dans deux autres, il n’a pas été en mesure de nous renseigner.
Pour ne rien arranger, il n’est pas exclu que les roses estampillées de Hollande aient, en réalité, été cultivées ailleurs et conditionnées aux Pays-Bas. Ce que nous a confirmé Lex van Horssen, porte-parole de FloraHolland, le plus important marché aux enchères de fleurs du monde.
Chantal Guyon
Bonus web:les roses au fil du temps
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
EN DÉTAIL
Bien conserver ses roses
Selon Bernard Hauser, un bon fleuriste devrait toujours donner des conseils sur la façon de conserver les fleurs. Ce qui n’a malheureusement pas toujours été la règle dans notre cas. Voici donc quelques astuces pour bien choisir des roses et en profiter le plus longtemps possible.
- Choisir des fleurs légèrement ouvertes. Trop fermées, elles risquent de se faner avant d’avoir pu s’épanouir.
- Température de conservation idéale 21°C. Si elle est plus élevée, placer alors le bouquet chaque soir dans une pièce fraîche ou à l’extérieur s’il ne fait pas trop froid.
- Immerger la moitié de la tige préalablement coupée en biseau avec un couteau tranchant dans l’eau. Bannir les ciseaux: ils écrasent les fibres.
- Enlever toutes les feuilles qui trempent dans l’eau.
- Changer l’eau et couper les tiges en biseau tous les jours. Si elle contient des éléments nutritifs – qu’il ne faut pas oublier de rajouter – la remplacer tous les deux ou trois jours.