Les moteurs diesel sont-ils l’avenir écologique de l’automobile? Certainement pas, répondait l’an dernier Roger Evéquoz, spécialiste du trafic à l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP), dans un article pour le moins étayé (*). S’appuyant sur un important programme mené sur 300 véhicules à essence et diesel, il a comparé de façon détaillée les mesures des émissions de gaz d’échappement.
Très honnêtement, il commence par souligner les qualités du moteur diesel:
• Le rendement thermodynamique étant supérieur à celui du moteur à essence, il consomme moins de carburant (environ 12%) et dégage donc moins de dioxyde de carbone (CO2). Or, le CO2 est un gaz à «effet de serre».
• Il dégage aussi moins, mais de façon encore plus démonstrative – cinq fois moins! – de monoxydes de carbone (CO), qui sont, eux aussi, nuisibles pour la santé, puisqu’ils réduisent l’apport d’oxygène dans le sang.
• Un bon point enfin pour les émissions d’hydrocarbures imbrûlés (HC), aussi appelés composés organiques volatils, trois fois moins nombreux qu’avec un moteur à essence. Toutefois, l’auteur rappelle que les HC regroupent un large éventail de polluants. Et que si, effectivement, le moteur diesel dégage moins de benzène (cancérigène reconnu), il produit en revanche plus d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), eux aussi cancérigènes.
Viennent ensuite les points négatifs.
• Un moteur diesel, même doté d’un pot catalytique, rejette 1,6 fois plus d’oxyde d’azote (NOx) qu’un moteur à essence pareillement équipé. Ce polluant engendre des irritations des muqueuses et l’aggravation des maladies respiratoires. Or, comme les valeurs limites sont déjà parfois largement dépassées, Roger Evéquoz craint qu’une augmentation significative des véhicules avec moteur diesel n’ait rapidement une répercussion négative sur la qualité de l’air.
• Plus problématique encore: les fines particules de suie caractéristiques du moteur diesel. Il en émet 30 fois plus que le moteur à essence! Au-delà des problèmes de salissures, ces particules peuvent pénétrer profondément dans les poumons.
Enfin, le moteur diesel émet 4 fois plus de dioxyde de souffre (SO2), un polluant impliqué dans l’acidification des eaux et des sols. Et il fait plus de bruit qu’un moteur à essence.
Tout compte fait, Roger Evéquoz estime, à l’instar du Conseil fédéral d’ailleurs, qu’il n’y a pas lieu, comme en France, d’encourager l’acquisition de véhicules équipés de moteur diesel en réduisant le prix à la pompe. Et il conclut son article en espérant que les constructeurs plancheront en même temps sur des moteurs diesel moins polluants et sur des moteurs à essence moins gourmands.
HDI à la rescousse
Dix-huit mois après cette étude, le groupe français PSA (Peugeot et Citroën) présente un nouveau modèle de sa Citroën Xantia, équipé d’un moteur diesel HDi (High Pressure Direct Injection). Comme son nom l’indique, il injecte directement le carburant à très haute pression (1350 bars) dans les chambres de combustion, ce qui assure un rendement optimal (la consommation serait même réduite de 20%).
Mais c’est surtout du côté écologique que le nouveau moteur innove. Selon le TCS, les monoxydes de carbone sont réduits de 40% et les hydrocarbures de 60%, ce qui creuse encore le fossé avec le moteur à essence. Plus important: les émissions de particules ont régressé de 60% par rapport aux moteurs diesel actuels, ce qui est bien, mais insuffisant selon Roger Evéquoz, qui assure qu’un filtre à particules permettrait une réduction de 99%! Et malheureusement, toujours selon le TCS, l’émission des oxydes d’azote n’a pas pu être diminuée.
Reste que ce nouveau moteur est un premier pas dans le bon sens. Il équipera d’ici peu le nouveau modèle de la Peugeot 406, puis, l’an prochain, 22 modèles du groupe de 2,0 à 2,2 l. Le combat diesel-essence ne fait que commencer.
Christian Chevrolet
(*) Bulletin de l’OFEFP, mars 1997. Pour commande: (031) 322 93 11