En avril 2010, un test effectué avec nos confrères de l’émission On en Parle (RSR, La Première) révélait que près de 40% des stations-services visitées délivraient du diesel non conforme aux normes en vigueur. Ces échantillons contenaient une petite quantité d’essence, suffisante pour engendrer de sérieux dégâts mécaniques aux voitures (lire «Le diesel contaminé à l’essence menace les moteurs» BàS 4/2010 sur www.bonasavoir.ch).
Distributeurs étonnés
A l’époque, nos résultats avaient suscité l’étonnement parmi les distributeurs. Nous savons aujourd’hui que certains d’entre eux étaient pourtant au courant du problème! Nous venons, en effet, d’obtenir les relevés, transmis à bien plaire par les distributeurs à l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). L’industrie pétrolière avait alors interdit à l’OFEV de nous les communiquer.
Loi sur la transparence
Invoquant la loi sur la transparence, nous avons fait appel au Préposé fédéral et obtenu gain de cause. Le document est certes caviardé, mais il indique clairement que, de 2006 à 2009, 28 échantillons sur près de 100 étaient «non conformes» et 9 considérés comme «limites». Ce qui confirme ainsi les résultats de notre test.
Paradoxalement, malgré l’importance du marché du pétrole, la Suisse n’impose pas de contrôle de qualité à la pompe. L’Etat se limite à vérifier la conformité des carburants importés sur le plan fiscal, via les douanes, et le respect des normes antipollution définies par l’Ordonnance sur la protection de l’air. Aucun organe officiel ne peut donc se prononcer sur la qualité des carburants.
A l’instar des distributeurs, Philippe Cordonier, de l’Union pétrolière suis se, confirme – comme nous l’avions mentionné dans notre enquête – que l’origine du problème est essentiellement à chercher du côté des camions-citernes qui transportent tantôt du diesel tantôt de l’essence, sans forcément être bien nettoyés entre deux. Il nous a assurés que, depuis la publication de notre test, les relevés effectués ont démontré de nets progrès.
Une étude menée par le TCS dans sept pays européens, publiée en avril 2011, le confirme: en Suisse, une station sur 28 se situe dans la marge de tolérance, les autres sont conformes.
L’affaire reste cependant à suivre...
Zeynep Ersan Berdoz