En 2014, près de 16 millions de francs sont tombés dans la poche de lanceurs de projets en Suisse grâce aux sites internet de financement participatif. Ils sont parfois d’une grande aide pour créer une entreprise, produire un album de musique ou financer l’écriture d’un livre. Mais la déception est grande lorsque la récolte de fonds n’aboutit pas. Dès lors, quelle plateforme de crowdfunding choisir pour mettre toutes les chances de son côté? Et pour les contributeurs: quels sont les pièges à éviter? Bon à Savoir a comparé treize prestataires en collaboration avec l’émission On en parle (RTS-La Première).
We make it domine en Suisse
Fait étonnant, les Suisses ne se tournent pas forcément vers les solutions étrangères et populaires, comme Kickstarter, Kisskissbankbank ou Ulule. La plus utilisée est la zurichoise We make it avec 68 projets helvétiques en cours lors de notre relevé, soit plus que la concurrence. A la même période, I believe in you et Indiegogo plafonnaient à 40 et 39 demandes de financement suisses. Et, parmi les 5359 projets du géant Kickstarter, seuls 28 provenaient ou concernaient directement notre pays.Le caractère très ciblé de certains sites explique aussi pourquoi leur offre est moins grande. I believe in you, par exemple, est spécialement destiné aux projets sportifs. GivenGain, Cause Direct et Fengarion se focalisent, quant à eux, sur des financements en lien avec des organisations à but non lucratif pour des initiatives humanitaires ou environnementales.
Tout ou rien vs cagnotte
Historiquement, les sites de crowdfunding fonctionnent ainsi: un lanceur de projet fixe un budget de financement et propose des contreparties (par exemple un vinyle, des MP3 ou un CD dans le cadre d’une production musicale). Si l’objectif économique n’est pas atteint, les donateurs reçoivent leur argent en retour et l’initiateur repart bredouille.
Mais ce modèle appelé «tout ou rien» n’est pas le seul. Ainsi, les prestataires GivenGain, Cause Direct, Fengarion et Moboo ont un système de cagnotte où la somme récoltée est obligatoirement remise au lanceur de projet, même si le budget n’est pas atteint à 100%. GoHeidi et Indiegogo propose de choisir entre les deux options.
Frais non remboursés
Avec les mises «tout ou rien», le donateur peut se sentir rassuré par l’idée de récupérer son argent en cas d’échec. Or, il convient de bien observer les conditions générales des services, car les frais de transaction retenus par les intermédiaires bancaires lors du paiement ne sont pas toujours remboursés. C’est le cas chez 100 Days (5% du don), We make it (4%), MyMajorCompany (de 6,3% à 7%), GoHeidi (3,5%), Ulule (3%) et de KissKissBankBank (3%). Sur ce point,
I believe in you et Kickstarter sont donc plus avantageux puisque aucuns frais ne sont perçus si le projet capote.
En plus des frais de transaction, les plateformes de crowdfunding prennent généralement une commission qui varie de 3 à 7%. Seule Fengarion ne prend rien, car elle n’enregistre que des promesses de don. Le versement se fait ensuite directement sur les comptes des organisations par le contributeur.
Avant de se lancer dans une telle aventure, l’utilisateur voudra aussi évaluer les chances de succès. Certains sites mettent en avant un taux de réussite qui correspond au pourcentage de projets qui ont été entièrement financés. Si cette indication renseigne sur la popularité du prestataire, elle est difficilement vérifiable, et donc à prendre avec précaution. Il est préférable de faire un tour sur la plateforme, d’examiner le nombre de projets actifs ainsi que les sommes récoltées pour se faire sa propre idée.
Rétractation pas toujours possible
Pour celles et ceux qui décident de participer au financement, reste la question de la rétractation. Peut-on se retirer si, pour une raison ou une autre, on décide de ne plus vouloir donner de l’argent? Avec les plateformes basées sur le mode «tout ou rien», c’est généralement possible. Mais gare au délai qui varie souvent de 7 à 14 jours! Avec les sites de type «cagnotte», c’est une autre paire de manches. Hormis GoHeidi et Fengarion, les services mentionnent que la rétractation n’est pas prévue.
Loïc Delacour
Conseils
Bien lancer un projet
Il ne suffit pas d’une idée pertinente ou d’une bonne volonté pour réussir sa campagne de financement participatif. Voici quelques pistes pour mettre toutes les chances de son côté.
➛Utiliser son cercle d’amis, sa famille ou ses collègues. Il faut généralement faire marcher ses relations (proches, connaissances, etc.) pour décrocher les premiers fonds. Ces contributeurs pourront ensuite donner un second élan au projet en le faisant connaître à leur propre cercle.
➛Bien choisir sa plateforme. Hormis les conditions générales ou les différents frais et les commissions, il convient de choisir un prestataire qui propose le même genre de projets et qui est suivi par un public concerné.
➛Etre transparent et réaliste. Selon les acteurs du crowdfunding, les projets auront plus de chances lorsque le ou les auteurs sont clairement identifiés. De plus, un maximum d’informations fournies sur le projet permettra de rassurer le contributeur potentiel.
➛Proposer des contreparties. Si elles ne sont pas toujours obligatoires, elles sont souvent un gage de réussite. Et il est préférable de choisir des contreparties intéressantes, dont la valeur varie selon le don. Les contributeurs peuvent parfois privilégier une mise plus haute que prévue si une offre les intéresse plus qu’une autre.