Loin devant les grands crus ou les parfums les plus fameux, connaissez-vous le liquide le plus cher au monde? L’encre des cartouches d’imprimante! A plusieurs dizaines de francs les quelques milligrammes, cette substance dépasse dans certains cas la barre des 3500 fr. par litre. Un filon soigneusement entretenu par les fabricants, dont la stratégie consiste à vendre des imprimantes à perte, pour se rattraper ensuite sur les consommables.
Grain de sable bienvenu dans cette machine bien huilée, le remplissage des cartouches suscite un intérêt croissant auprès des consommateurs, attirés par la perspective de ménager tant l’environnement que leur porte-monnaie.
La manière artisanale
Les kits de remplissage, généralement composés d’une recharge, d’une seringue et d’un mode d’emploi, poursuivent leur conquête du grand public. Et pour cause: ils permettent d’économiser jusqu’à 80% du prix de la cartouche originale (certains kits de 100 ml sont à peine plus chers que des cartouches de 5 ml à 25 fr.). Revers de la médaille? Le côté artisanal de la méthode, qui nécessite un brin de patience et de savoir-faire. L’utilisation de gants et d’un plastique protégeant la surface de travail n’est d’ailleurs pas superflue!
Il est également fortement recommandé d’utiliser un kit de remplissage spécifique à la marque, voire au modèle de votre imprimante. Les recharges universelles ne tiennent en effet pas compte des caractéristiques des différentes familles d’encre, pour une qualité d’impression et une durée de vie souvent moins bonnes.
Quant au nombre de recharges possibles, il fluctue fortement en fonction de la marque et du type de contenant. Les cartouches avec mousse, les plus répandues, perdent par exemple de leur capacité d’absorption au fur et à mesure des remplissages. D’une manière générale, la fourchette se situe entre trois et douze cycles par cartouche.
Le remplissage industriel
Si vous ne vous sentez pas l’âme d’un bricoleur, il est également possible de confier le remplissage à des professionnels. Le principe? Envoyer sa cartouche vide par voie postale et la récupérer quelques jours plus tard, prête à l’emploi, dans sa boîte aux lettres. Un peu plus cher, certes, mais moins salissant… (comptez environ 30 fr. pour une cartouche neuve de 50 fr.). Le contenant en question sera ainsi vérifié, nettoyé, rempli et testé, pour lui garantir des performances optimales.
La dernière option, enfin, consiste à acquérir, directement en magasin, des cartouches génériques ou recyclées propres à votre imprimante. Par rapport aux consommables proposés directement par le fabricant, l’économie est néanmoins très variable: n’achetez pas les yeux fermés, comparez!
Les parades des fabricants
Inutile de dire que les grands constructeurs comme HP, Canon, Epson ou Lexmark, peu enclins à partager le gâteau, ont réagi: ils ont par exemple créé des embouts à séchage rapide qui obstruent la voie de sortie d’encre de la cartouche une fois vide. Evitez, par conséquent, de remplir celles qui ont connu un long séjour sans impression. Plus sournois: certaines imprimantes ont aussi la capacité de désactiver les cartouches originales équipées d’une puce électronique: dans le cas d’un remplissage artisanal, l’achat d’un reprogrammateur – comptez une trentaine de francs – est donc obligatoire.
Et si seuls les consommables vendus – à prix d’or – par votre fabricant vous inspirent confiance, n’oubliez pas pour autant les conseils d’usage: privilégier les cartouches haute capacité, ne pas les changer au premier signal de l’imprimante et les confier après usage aux filières de recyclage ad hoc.
Frank-Olivier Baechler
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