Agée de 82 ans, Madeleine Richter a partiellement perdu la vue depuis huit ans. Et pourtant: le soir, à l’heure où ses voisins allument la télévision ou feuillettent les journaux, elle se couche pour écouter des ouvrages enregistrés par des lecteurs bénévoles. L’ancienne institutrice a même retrouvé, par ce biais, une ancienne élève à qui elle avait appris à lire… et qui lui fait, aujourd’hui, la lecture.
Prêt gratuit
En Suisse romande, ils sont plusieurs centaines à recevoir, comme elle, des livres «parlés», acheminés gratuitement par le facteur. «Les auditeurs peuvent s’inscrire sur simple présentation d’un document attestant de leur incapacité à lire pour cause de handicap visuel, dyslexie ou toute autre raison», explique Isabelle Albanese, directrice de la Bibliothèque sonore romande (BSR), à Lausanne.
Une fois inscrits, les auditeurs peuvent emprunter gratuitement les livres en consultant le catalogue sur internet. Ils peuvent aussi les commander par téléphone en demandant conseil aux bibliothécaires. Seul l’abonnement, facultatif, au catalogue mensuel leur est facturé, à raison de 30 fr. par an (50 fr. avec le livret).
Les ouvrages sont enregistrés au format international mp3 DAISY (Digital Accessible Information System). Riche de 1500 CD, le stock de la BSR est complété de 700 nouveaux titres par an, sans compter la numérisation de quelque 2500 cassettes qui sera terminée en 2008. A la fin 2007, les catalogues des trois bibliothèques sonores de Suisse romande (Lausanne, Genève et Collombey) seront accessibles d’un seul clic de souris.
Lecteur ou baladeur
Pour écouter les textes, il est recommandé de se procurer un lecteur spécialement conçu au prix de 275 fr. Il existe également des lecteurs au format baladeur (250 fr.) ou mp3 (225 fr.). Equipés de grosses touches de couleur et de repères tactiles, ces appareils permettent de choisir la vitesse de lecture sans modifier le timbre de la voix, de naviguer d’un chapitre à l’autre, de placer ses propres signets ou encore de reprendre l’ouvrage là où on l’avait laissé.
La BSR prête gracieusement un appareil pour le premier emprunt, histoire de permettre aux lecteurs d’apprivoiser le système. Et les aider à franchir ce premier pas, diffi-cile sur le plan psychologique puisqu’il implique d’accepter son handicap.
Livres parlés pour tous
Les malvoyants ne sont, du reste, pas les seuls à aimer les histoires. Les livres parlés font le bonheur des élèves dyslexiques… et des grands automobilistes. Pour un prix certes plus élevé (entre 30 fr. et 50 fr.), les librairies proposent un vaste choix de littérature sonore, des grands classiques à Harry Potter. Un cadeau idéal pour aider les enfants à entrer dans l’univers des livres… et les aînés, à ne pas le quitter trop vite.
Claire Houriet Rime
Kiosque électronique
Bon à Savoir à disposition
Depuis quelques années, les malvoyants équipés d’un ordinateur ont accès à un kiosque électronique. Moyennant un abonnement annuel de 60 fr., ils reçoivent un programme de synthèse vocale et peuvent télécharger, sur le site www.eurisco.com*, leurs journaux favoris. Une voix de synthèse, à choix masculine ou féminine, lit alors leur quotidien ou leur périodique préféré.
Aux côtés d’autres titres romands, votre magazine Bon à Savoir est ainsi à disposition des malvoyants depuis neuf ans. Une centaine de personnes ont pour l’instant recours à ce service, qui implique d’avoir un ordinateur – ou de demander l’aide d’un proche pour télécharger le fichier sur un lecteur. Le nombre d’abonnés devrait toutefois progresser, les médias étant, en effet, toujours plus nombreux à jouer le jeu.
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