Des bouchons en plastique comme monnaie d’échange, il fallait y penser. Valérie et Georgette Di Fabrizio ont concrétisé l’idée et, prenant exemple sur l’association française «Les Bouchons d’amour», ont créé «Les P’tits Bouchons» (1) en août 2003 à Meyrin (GE).
Leur but: récolter un maximum de bouchons de bouteil-les et de couvercles en plastique avec l’aide de tous les consommateurs suisses. Revendues ensuite à des entreprises spécialisées, les capsules sont recyclées sous forme de pots à fleurs, arrosoirs, containers, palettes, etc. Gain par tonne: 250 fr., dont 80% permettent l’achat de matériel (fauteuils roulants, couvertures rembourrées, etc.) pour des personnes handicapées et le soutien financier de la Fondation Ecole Romande de Brenles (VD), qui forme des chiens guides d’aveugles et malvoyants. Les 20% restants servent à régler les frais administratifs et publicitaires de l’association.
Toutefois, attention: tous les bouchons et couvercles ne sont pas bons à collecter. Uniquement ceux en plastique qu’on trouve sur divers produits: eaux, sodas, laits, produits adoucissants, cafés solubles, épices, pâtes à tartiner, etc. Il suffit de les apporter dans un des 164 points de collecte, ouverts et gérés bénévolement par des particuliers et des entreprises dans diverses régions des cantons romands (2).
Tri manuel
Le tout est ensuite trié manuellement à Meyrin par des volontaires. Et des volontaires, il en faut, sachant qu’une tonne représente 429 000 bouchons. Ainsi, acheter un fauteuil roulant, par exemple, nécessite de trier 5,5 tonnes de bouchons et il en faut 102 tonnes pour assurer la formation d’un chien guide d’aveugles!
Ces chiffres n’impressionnent toutefois pas les membres de l’association qui, grâce à l’aide de consommateurs toujours plus nombreux, ont récolté une centaine de tonnes de bouchons en 2005 et déjà une soixantaine de tonnes depuis le début de cette année.
Et les bouteilles en PET vides, qu’un célèbre dinosaure nous avait appris à piétiner et refermer scrupuleusement avec leur bouchon, que deviennent-elles dans tout ça?
«Contrairement à ce qu’on peut penser, une bouteille écrasée sous le pied et non rebouchée ne reprend pas son volume initial, assure Georgette Di Fabrizio. Cela ne pose donc pas de problème pour son stockage.»
Véronique Kipfer
(1) Association «Les P’tits Bouchons», Rte H.-C. Forestier 32, 1217 Meyrin,
2079 470 07 18.
(2) Liste complète sur www.lesptitsbouchons.com
trois questions à georgette di fabrizio*
Une association d’utilité publique
1. D’où vient votre idée de récolter des bouchons?
De la lecture d’une chronique dans la Tribune de Genève, début 2003, qui parlait de l’association française «Les Bouchons d’amour». Ma fille et moi avons dû nous-mêmes utiliser à plusieurs reprises une chaise roulante pour cause de maladie et avons décidé d’aider les gens en Suisse en créant notre propre association à but non lucratif. Celle-ci a été reconnue d’utilité publique par la Ville de Genève en 2005.
2. Selon quels critères choisissez-vous les personnes à aider?
Nous leur demandons de nous fournir un certificat de leur médecin traitant. Nous avons exigé ce document lorsque nous nous sommes aperçues que beaucoup de demandes avaient pour but d’envoyer des chaises roulantes à l’étranger. Depuis, nous recevons toujours beaucoup de lettres, mais peu sont accompagnées du certificat. Du coup, nous avons encore quelques chaises à disposition des personnes de tous âges qui nous fournissent une raison valable d’en bénéficier.
3. Hormis la collecte de bouchons, comment les consommateurs peuvent-ils vous soutenir?
En ouvrant un point de collecte chez eux, principalement au Tessin et en Suisse alémanique, mais aussi en venant nous aider à trier les sacs dans notre local à Meyrin, ou alors en nous faisant un don.
*Co-fondatrice et secrétaire de l’association «Les P’tits Bouchons»