Des bolets séchés lestés à la fonte
En mangeant son hachis parmentier aux bolets d’Europe de l’Est, un client de Migros a mordu sur des billes en métal: de la fonte, révèle l’analyse du chimiste cantonal. Explications
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Bon à Savoir 08-1999
18.08.1999
Ellen Weigand
Alexandre Gugler a eu de la chance: en mordant sur un bout de métal, il ne s’est pas cassé une dent. Pourtant, le corps étranger trouvé dans son hachis parmentier était en fonte: du fer et du carbone, précise le laboratoire cantonal vaudois, à qui Bon à Savoir a soumis les cinq petits morceaux de métal que M. Gugler a trouvés dans le repas familial. Ces billes pesaient environ 1,2 g, et provenaient des bolets séchés de Migros, mélangés au hachis.
«En voyant que les bolet...
Alexandre Gugler a eu de la chance: en mordant sur un bout de métal, il ne s’est pas cassé une dent. Pourtant, le corps étranger trouvé dans son hachis parmentier était en fonte: du fer et du carbone, précise le laboratoire cantonal vaudois, à qui Bon à Savoir a soumis les cinq petits morceaux de métal que M. Gugler a trouvés dans le repas familial. Ces billes pesaient environ 1,2 g, et provenaient des bolets séchés de Migros, mélangés au hachis.
«En voyant que les bolets provenaient des pays de l’Est, sans autre précision, je craignais fortement pour notre santé, surtout celle de mes jeunes enfants!» Mais Bernard Klein, chimiste cantonal, est formel: la fonte ne présente pas de risque autre que celui de se casser une dent. Le chimiste a d’ailleurs effectué d’autres prélèvements de bolets séchés chez Migros, mais sans y retrouver de corps étranger.
Si M. Gugler est rassuré sur la santé de sa famille, il s’interroge tout de même sur la manière dont Migros effectue les contrôles de qualité de ces produits. Et il se demande pourquoi les pays d’origine ne sont pas indiqués précisément sur les emballages, au lieu d’être désignés vaguement par «Eastern Europe » (Europe de l’Est).
Réponse de Pierre-André Haldimann, chef de produits à la Fédération des coopératives Migros à Zurich: Migros ne commande pas directement aux producteurs de l’Est – la Croatie, la Macédoine et le Monténégro surtout. «Nous ne sommes pas en mesure de nous rendre dans chaque pays. Mais nos fournisseurs obtiennent cependant des champignons de qualité. Toutefois, comme ils les mélangent, il est impossible de savoir exactement de quel pays ils viennent». Et impossible, donc, de l’indiquer sur les emballages.
Double contrôle
«Nos fournisseurs nous envoient d’abord un échantillon de marchandise dont nous analysons la qualité. Et lorsque nous recevons la livraison, nous la comparons à cet échantillon.» En plus, tous les champignons importés sont également contrôlés par la douane.
L’aliment est ensuite emballé en Suisse alémanique. Les champignons séchés défilent d’abord sur un tamis pour séparer les impuretés: bois, cailloux, etc. Puis ils passent au détecteur de métaux, avant un ultime tri visuel. «Mais l’œil humain n’est pas infaillible, admet M. Haldimann. Tout comme le détecteur, qui ne peut pas déceler les corps métalliques incrustés dans les champignons séchés». Voilà comment on pourrait expliquer que la fonte ait pu arriver jusque dans les assiettes de
la famille Gugler.
n Cas isolé
Alexandre Gugler s’interroge encore sur la possibilité qu’une filière mafieuse de l’Est vende des champignons lestés pour en tirer plus de profit. A ce propos, le responsable de Migros indique que les bolets est-européens sont rarement alourdis volontairement. «C’est plus fréquent avec des morilles d’Inde, un pays extrêmement pauvre.» Les trous des morilles se prêtent d’ailleurs particulièrement à de telles pratiques.
Sachez encore que ni le laboratoire cantonal vaudois, ni Migros n’ont connaissance d’autres problèmes récents avec ces bolets séchés. Migros Vaud a cependant indiqué à M. Gugler vouloir procéder encore à une enquête détaillée auprès de l’entreprise qui emballe ses champignons.
Quant à notre lecteur, il va être contacté par le service-clients de la coopérative afin de convenir d’un dédommagement approprié. Et bien qu’il soit rassuré sur le sérieux des contrôles de qualité de Migros, il examinera désormais très attentivement les emballages de nourriture et leur contenu.
Ellen Weigand