Vous venez de découvrir que votre veste, achetée 150 fr. dans une boutique en ligne, est vendue une vingtaine de francs sur AliExpress? La qualité de l’article reçu est très décevante? Vous avez peut-être été victime d’un site qui fait du dropshipping («expédition directe»)!
Cette technique de vente en ligne repose sur un principe simple: le propriétaire de l’e-boutique ne possède aucun stock. Il se contente de transmettre les commandes effectuées sur son site à un ou plusieurs fournisseurs qui envoient directement les articles aux clients. Le vendeur n’a pas besoin d’un capital initial important pour constituer et entreposer un stock. Son travail s’en trouve considérablement simplifié, puisqu’il ne se charge pas de l’envoi des articles vendus.
Promesses de fortune
Le dropshipping permet donc d’ouvrir une e-boutique à moindre coût. Mais le système a commencé à déraper sous l’impulsion d’influenceurs qui l’ont présenté comme le business idéal pour faire fortune depuis son salon: il suffirait de vendre des produits à bas prix provenant d’Asie en prélevant une forte marge. La réalité est moins simple (lire encadré), mais cette promesse d’Eldorado numérique a convaincu des foules de particuliers sans connaissances commerciales, et parfois sans scrupules, de créer leur propre e-commerce.
Trop cher, trop lent, trop risqué
En tant que consommateur, vous risquez d’avoir de mauvaises surprises en achetant sur certains sites de dropshipping:
Les prix sont souvent surfaits, en raison de marges indécentes. Les articles proposés proviennent fréquemment de fournisseurs chinois qui proposent leurs marchandises sur des plateformes comme Alibaba, AliExpress ou Wish. En tant que consommateur, il est possible d’acheter le même produit à des prix parfois dix à quinze fois plus bas, directement sur le site chinois. Nous avons par exemple trouvé un short urbain vendu 69.90 fr. sur un site suisse à 6.79 fr. chez AliExpress.
La qualité est parfois médiocre. Le Centre européen des consommateurs (CEC) souligne que «le vendeur n’a pas de contrôle direct sur la marchandise livrée». On peut recevoir des produits de mauvaise qualité, et même dangereux, ou des contrefaçons.
Les délais de livraison sont susceptibles d’être très longs, puisque les marchandises proviennent couramment de l’autre bout de la planète.
Des frais de douane s’ajoutent au prix lorsque la valeur de la marchandise dépasse 65 fr. Les clients n’en sont pas toujours conscients lorsque le site de vente est en «.ch».
Parfois, le produit n’est pas livré et l’e-boutique disparaît du jour au lendemain.
Comment éviter les pièges?
Il n’est pas toujours facile de repérer les sites qui pratiquent le dropshipping. Voici quelques astuces qui permettent de réduire les risques:
- Comparer les prix du produit désiré. Une méthode efficace consiste à utiliser la photo figurant sur l’e-boutique. Il suffit de faire un clic droit sur l’image, puis sélectionner «Rechercher l’image avec Google» pour trouver d’autres adresses qui vendent le même produit avec cette photo.
- Passer le site au détecteur de dropshipping. On peut évaluer le risque que le marchand en ligne fasse de l’expédition directe en contrôlant le lien URL de l’article sur un site comme antidrop.fr.
- Fuir les «produits miracle» et les «affaires du siècle». Autant de fausses promesses affichées par certains commerçants. Garder aussi la tête froide face aux incitations à l’achat rapide de type «stock quasi épuisé».
- Consulter les avis sur le vendeur constitue une méthode simple et souvent efficace.
- Identifier le vendeur. Si c’est impossible, mieux vaut acheter ailleurs.
Sébastien Sautebin
Les désillusions du dropshipping
Sur Internet, la concurrence entre les sites marchands est féroce. La création d’un site de dropshipping est facile via des plateformes «clé en main» comme shopify.com. Mais il s’agit ensuite de promouvoir son site pour lui donner une bonne visibilité et se démarquer dans un océan de commerces en ligne. Pour les particuliers inexpérimentés qui se lancent sans aucune formation commerciale, l’aventure est tout sauf simple. Ceux qui parviennent à sortir leur épingle du jeu constituent bien plus l’exception que la règle. Les véritables gagnants du dropshipping sont, en fait, les plateformes qui hébergent les sites et qui se rémunèrent par des abonnements et des commissions sur les ventes.
Vous avez acheté un article et:
Il ne fonctionne pas ou tombe en panne?
C’est le vendeur qui est responsable d’honorer la garantie légale. Vous n’aurez donc pas à renvoyer l’objet à l’expéditeur à l’autre bout du monde.
Le produit ne correspond pas à l’annonce?
Vous pouvez annuler le contrat et être remboursé.
L’article n’arrive pas?
Vous pouvez demander le remboursement du montant versé ou exiger la livraison de la commande avec un dédommagement de retard. Mais la solution la plus simple pour éviter les déconvenues consiste à ne jamais commander sur un site de dropshipping qui vous semble louche.