Lors du décès de sa mère, Agathe a dû vider tout un appartement. Désireuse d’accomplir cette lourde tâche au plus vite et soucieuse de donner une deuxième vie à ces meubles, elle s’est tournée vers des œuvres caritatives, suivant les conseils lus dans Bon à Savoir (lire BàS 9/2005).
Nombreuses sont les associations en Suisse romande qui récupèrent le mobilier, pour le revendre dans leurs brocantes. Mais Agathe, notre lectrice, a vite déchanté. Entre celles qui n’ont plus de place ou qui proposent des délais trop longs, elle a finalement fait appel à une entreprise privée spécialisée. Ce cas n’est pas isolé: plusieurs lecteurs nous ont fait part de leurs difficultés à trouver des solutions par le biais des associations caritatives.
Etat des lieux
Nous avons fait le tour des principaux organismes* de Suisse romande pour connaître leurs conditions. A l’exception des enseignes qui ne proposent pas ce service, toutes nous ont affirmé que les refus étaient rares. Il se peut toutefois que les délais proposés ne correspondent pas aux attentes, comme nous l’a expliqué Olivier Demarchi, responsable de la brocante de l’Armée du Salut de Genève. Dans ce cas, le client doit trouver d’autres bras (lire l’encadré). Tout dépend aussi des forces de travail à disposition et des périodes: les fins de mois sont généralement chargées pour les associations. Il faut donc s’y prendre à l’avance et pouvoir fixer un rendez-vous dans le courant du mois.
D’autres associations, quant à elles, refusent de tout débarrasser si l’appartement est insalubre ou si la proportion de ce qui est récupérable est minime. Adel Salameh, responsable d’Emmaüs, à Etagnières (VD), explique: «Soit on prend tout, soit on ne prend rien! Nous n’acceptons pas d’être payés pour mettre à la poubelle. Nous voulons garder un rapport de convivialité avec les gens.»
Service gratuit ou payant?
Le service n’est pas forcément gratuit. Les règles varient selon les associations, et même entre les antennes d’une même œuvre d’entraide. S’il y a plus de déchets que d’objets revendables, une contribution est demandée. Ou alors, les gens paient pour ce qui doit être jeté uniquement. La situation est évaluée lors d’une visite préalable, fixée dans les trois jours.
Lorsque le service est payant, le prix dépend généralement du volume de déchets par rapport à ce qui peut être revendu, du temps, mais également de la difficulté du travail (pas d’ascenseur, gros meubles, etc.). Les associations tiennent compte aussi de la situation de la personne: «Les choses sont différentes s’il s’agit d’une personne âgée, seule, qui n’a pas de moyens pour vider son appartement», précise Hélène Küng, directrice du Centre social protestant du canton de Vaud.
Pour celui qui fait un don, il n’est pas toujours concevable d’essuyer un refus. En effet, tout ce qui est abîmé ou non fonctionnel est refusé. Certains objets, même en bon état, ne trouvent pas preneur auprès de la clientèle des brocantes: les parois murales, les sommiers à ressort, les meubles imposants en gros bois, l’électronique obsolète, font partie des indésirables.
L’offre et la demande
Ainsi, même dans le milieu caritatif, c’est le règne de l’offre et de la demande: contrairement à ce qu’on pourrait croire, le design moderne est recherché, même si la qualité ne vaut pas toujours celle des meubles massifs de nos grands-mères.
Elodie Lavigne
Vendre en seconde main
On peut se défaire de son matériel dans les dépôts-ventes. Mais là encore, les vendeurs refusent ce qui ne trouvera pas preneur. Le propriétaire de l’objet et le vendeur fixent ensemble le prix de l’article. Un contrat de vente d’une durée déterminée est établi. En cas de vente, le revendeur déduit les frais du contrat (une dizaine de francs) et retient une commission. Celle-ci dépend de la valeur de l’objet, mais se situe autour des 35%. Plus le temps passe, plus ce taux est élevé.
Des magasins de seconde main rachètent comptant du matériel. En troquant son objet contre un article du magasin, le client retire davantage de sa vente.