Résolus à limiter au maximum leur consommation de matières grasses – et, par là, leur cholestérol – les consommateurs remplacent souvent le beurre par la margarine. Afin d’y voir plus clair, nous en avons retenus dix-sept et avons décrypté leurs étiquettes. Puis classées en trois catégories en fonction notamment de leur teneur en oméga 3, mais aussi du rapport entre oméga 6 et oméga 3 (voir tableau).
Résultat: douze des dix-sept margarines analysées présentent un bon rapport oméga 6 et 3. En revanche, seulement huit d’entre elles ont une teneur en oméga 3 satisfaisante, sans être toutefois parfaites dans leur composition. Au final, seuls six d’entre elles se placent dans la catégorie «recommandable».
La margarine «classique» contient, comme le beurre, 80% de matières grasses. Dans les produits allégés, cette quantité varie de 23 à 60%. Ces matières grasses sont formées d’huiles (de colza, de tournesol, etc.) et de graisse solide (généralement de l’huile de palme). Le tout est émulsionné avec de l’eau. Les plus allégées peuvent en contenir jusqu’à 80%!
Complétées par des graisses, des vitamines et des additifs
Pour leur donner leur fermeté, les industriels y ajoutent de la graisse solide, à savoir de l’huile de palme et de la graisse de coco – tout aussi malsaine l’une que l’autre, car trop riches en acides gras saturés, qui favorisent le développement de maladies cardiovasculaires – ou du beurre. En cours de fabrication, des vitamines A et D sont ajoutées et toutes contiennent des additifs (colorants, arômes, émulsifiants, etc)*.
Six critères de choix
Afin de permettre aux consommateurs de faire leur choix en connaissance de cause, nous avons regroupé nos conseils en six points. Or, l’industrie ne joue pas toujours la transparence et certaines données, pourtant essentielles, ne sont pas indiquées sur les emballages. Pour compléter notre tableau, nous avons donc dû interpeller les fabricants. Seule Migros nous a affirmé ne pas connaître la teneur en oméga 3 et 6 de son produit M-Budget.
- Eviter les margarines qui contiennent moins de 40 g de graisses – Elles renferment alors surtout de l’eau et ne présentent aucun intérêt nutritionnel. Elles sont souvent plus chères et contiennent le plus d’additifs.
- Préférer celles qui affichent l’huile de colza en tête des ingrédients – Eviter celles qui n’indiquent que «huiles et graisses végétales».
- Eviter les produits où le rapport entre les oméga 6 et les oméga 3 dépasse 5 – Malheureusement, cette valeur n’est jamais indiquée sur les emballages et doit être demandée au fabricant.
- Préférer une margarine qui contient au moins 3 g d’oméga 3 pour 100 g – Au-dessous de cette valeur, l’apport n’est pas intéressant. Là encore, l’information ne figure pas toujours sur les étiquettes.
- Eviter les produits qui contiennent des stérols – Cette substance fait baisser le taux de cholestérol mais gêne l’absorption de la vitamine E et de certains antioxydants, comme le bêtacarotène. On a aujourd’hui de sérieux doutes sur leur bienfait et ils sont même suspectés de favoriser le développement de maladies cardiovasculaires.
- Privilégier celles qui contiennent le moins d’additifs* – Aucun de ceux décelés dans notre comparatif n’est à éviter absolument. Il est cependant conseillé de limiter leur consommation, puisque les effets de leur accumulation dans l’organisme restent encore méconnus. Relevons que la Lätta extra fit contient de la gélatine (E 441), faite d’os et de peau d’animaux bouillis, principalement du porc…
Produit industriel avant tout
A la lumière de ces six critères de choix, il apparaît clairement que les margarines les plus allégées sont à éviter. Les personnes qui doivent surveiller leur cholestérol devraient éviter celles qui contiennent des stérols. De même les femmes enceintes ou qui allaitent ainsi que les jeunes enfants, car ils peuvent induire une carence en vitamines A. Un avertissement doit d’ailleurs figurer sur les emballages de ces produits.
Enfin, rappelons que la margarine reste un produit industriel. Autant lui préférer le beurre, 100% naturel, sans additif ni huile de palme, qui, de surcroît, est plus savoureux. Mais quel que soit le produit choisi, il est recommandé de ne pas en consommer plus de 10 g par jour.
Doris Favre, diététicienne diplômée
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Bonus web:acides gras dans les margarines
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.