Un Européen sur deux au moins souffre de presbytie. Au-delà de 45 ans, en effet, le cristallin perd progressivement sa souplesse, ou sa capacité de zoomer, encore appelée «capacité d’accommodation», pour la vision de près. Lire la carte au restaurant ou parcourir ses courriels relèvent alors de l’impossible sans sortir ses bésicles ou s’équiper de lunettes progressives.
Deux options se présentent: les verres de contact et les interventions chirurgicales. Attention toutefois aux faux espoirs: l’œil humain reste inégalé et il faudra, comme pour une photo, faire des compromis entre les différentes profondeurs de champ. Si la solution miracle existait, tous les quinquagénaires se feraient opérer! L’important est donc de cerner au mieux ses besoins selon son mode de vie pour trouver la solution adéquate.
Lentilles pour presbytes
Les verres de contact dits progressifs, qui sont en fait des lentilles multifocales, sont composés de cercles concentriques. Au centre, la correction offre une bonne vision de loin; à l’extérieur, elle permet de voir de près. Ce peut aussi être l’inverse. La zone médiane correspond à la vision intermédiaire. Comme le cerveau perçoit ces différentes mises au point en même temps, il effectue un tri pour ne garder que la bonne image. L’adaptation se fait généralement sans problème, sauf si on a eu de la peine à s’habituer aux lunettes progressives.
Les verres de contact en monovision corrigent un œil pour la vision de loin et l’autre la vision de près. Cette option n’est toutefois pas idéale, car certains ne supportent pas la différence de correction entre les deux yeux.
Dans tous les cas, on demandera un premier essai gratuit à son opticien, avec des lentilles correspondant peu ou prou à sa correction. Les verres progressifs, durables ou à jeter, coûtent environ le double des modèles standard.
Les interventions chirurgicales
Le remplacement du cristallin par un implant a été pendant longtemps réservé aux cas de cataracte, affection courante entre 60 et 80 ans. On le remplace alors par une lentille artificielle. Aujourd’hui, cette technique peut être utilisée pour retirer un cristallin encore sain, afin de corriger un défaut optique.
Lors de cette opération, les chirurgiens ont le choix entre des lentilles monofocales (vision de loin) et multifocales (visions de loin et de près simultanées). Ces dernières ont l’inconvénient de créer des halos quand la lumière baisse, un élément non négligeable si on conduit de nuit. A l’heure actuelle, il n’existe pas encore d’implants pouvant zoomer selon la distance.
Cette intervention, relativement invasive, est surtout intéressante pour les personnes de plus de 60 ans, l’opération de la cataracte étant inéluctable à moyen terme. Elle est assez coûteuse (entre 3000 fr. et 5000 fr. par œil, non remboursée, sauf si l’opération révèle que le cristallin est atteint de cataracte, auquel cas le remboursement est de 2300 fr. par œil).
Les opérations superficielles, ou chirurgie réfractive, interviennent sur la cornée. On en modifie la courbure pour que les rayons lumineux qui entrent dans l’œil focalisent sur la rétine.
Deux options existent, sur le même principe que les verres de contact:
- lamultifocalité: chaque œil voit de loin et de près.
- lamonovision: un œil est corrigé pour la vision de loin et l’autre, de près.
Dans les deux cas, c’est le cerveau qui trie la bonne image. L’opération est indiquée pour les personnes relativement jeunes (moins de 55 ans) et peut en principe être répétée si la vue évolue. Elle coûte entre 2800 fr. et 3000 fr. par œil, non remboursée. Certaines assurances ont toutefois passé des accords avec les cliniques pour négocier le tarif entre 1800 fr. et 1900 fr. pour leurs assurés.
A noter toutefois que les personnes qui avaient des yeux de lynx avant de devenir presbytes verront moins bien de loin après l’intervention, sans parler, là aussi, des halos de lumière. Autre inconvénient: si les progrès de la médecine devaient, dans un futur proche, aboutir à la mise au point d’un cristallin artificiel capable de zoomer selon la distance, la modification de la courbure de la cornée empêcherait ces patients d’en profiter!
Claire Houriet Rime