En 1932, la société Kodak invente le format 8 mm, qui provoquera l’essor considérable du cinéma amateur. Et quelques années plus tard, elle met la couleur à disposition des cinéastes en herbe, qui seront pour une fois servis bien avant les professionnels: le procédé ne permet pas la fabrication de copies indispensables à l’industrie cinématographique.
C’est en 1965 qu’apparaît le super 8. Les perforations y sont plus petites, laissant plus de place à l’image pour un gain en qualité. Ce format existait aussi en version sonore, grâce à l’ajout d’une piste magnétique. Si le matériel, caméras, projecteur, n’est plus fabriqué, les inconditionnels (et nombre de professionnels!) peuvent encore se procurer de la pellicule super 8 muette, dont la définition reste deux fois supérieure à la norme DV (vidéo digitale grand public).
Conservation et nettoyage
Un film super 8, conservé dans de bonnes conditions, peut durer plus d’un siècle, largement plus qu’une vidéo! Il doit être stocké dans un endroit frais et sec, à l’abri de la poussière et autres impuretés, et manipulé avec délicatesse.
Si le film est sale, on peut sans autre le nettoyer avec un chiffon doux et, éventuellement, un peu d’eau distillée. A éviter: tout solvant ou produit chimique.
On ne pourra, hélas, rien faire en cas de dégradation chimique ou de moisissures ayant attaqué la pellicule suite à une mauvaise conservation.
Quant aux réparations mécaniques (par exemple en cas de déchirure), elles nécessitent une colleuse permettant le positionnement précis de la pellicule.
Indispensable projecteur
Pour qui ne dispose plus de l’indispensable projecteur, on peut en dénicher dans les magasins d’occasion, les brocantes, les petites annonces ou sur l’internet, en s’assurant qu’il correspond bien au format requis (8 mm, super 8, éventuellement sonore).
Le bon fonctionnement de l’appareil est essentiel, au risque de brûler le film ou d’en abîmer les perforations. Courroies détendues ou cassées et éclairage défectueux sont les pannes les plus courantes. On trouve généralement encore les ampoules de rechange (p. ex. chez Heule Lampen, à Hirschthal, www.heulelampen.ch) (en allemand seulement), dont les prix vont de 20 fr. à 180 fr.!
Transfert pas simple
Si l’ambiance particulière d’une séance de projection accompagnée du crépitement du projecteur reste irremplaçable, il peut s’avérer plus pratique de transférer ses souvenirs sur un support moderne tel qu’un CD-ROM ou un DVD. Le faire soi-même en filmant l’image projetée exigera de la patience et une bonne maîtrise des réglages des appareils, avec un résultat allant du très mauvais au passable! Des boîtiers de transfert ont été commercialisés pour faciliter cette opération (à trouver d’occasion, car ils ne sont plus fabriqués). Ils se présentent sous la forme d’un coffret contenant un verre dépoli servant d’écran et de deux orifices recevant les objectifs du projecteur et de la caméra.
A défaut, on peut aussi projeter l’image sur un carton blanc mat ou un écran, en veillant alors à éviter toute source de lumière parasite. Le problème principal lors du transfert vient de la différence de fréquence, 18 ou 24 images par seconde pour le film contre 50 trames pour
la caméra vidéo, occasionnant scintillements et variations de luminosité. Il faudra ainsi désactiver le stabilisateur d’image de la caméra, essayer divers réglages d’obturateur (shutter), et régler la vitesse du projecteur si possible.
Sociétés spécialisées
Et si le résultat ne se révèle pas convaincant, il existe diverses sociétés, telles que Bolex-
Digital (Martigny, www.bolex-
digital.ch) ou Filmfix (Walenstadt, www.filmfix.ch) ou encore Vidéovox (Genève et Lausanne, www.videovox.ch), qui proposent un service de transfert professionnel, avec un matériel permettant la synchronisation des images. Mais la qualité a son prix: compter entre 1 fr. et 3 fr./
min de film. A quoi s’ajoutent les forfaits pour la prise en charge des bobines et la création du CD-ROM ou DVD et des frais pour les éventuelles corrections d’image.
Laurent Zahn