Si vous êtes une femme et vivez seule, il y a un fort risque qu’un jour ou l’autre vous soyez victime d’appels anonymes. Car ce sont les femmes seules, repérées au hasard dans l’annuaire, qui sont les plus touchées par ce genre de harcèlement, relativement fréquent en Suisse: chaque année, Swisscom traite quelque 2500 demandes de contrôle de ligne,
qui débouchent sur 500 à 600 plaintes. Très souvent l’appelant connaît d’ailleurs sa victime.
Dans tous les cas, découvrir le coupable est le meilleur moyen de mettre un terme au harcèlement. Pour cela, il existe divers moyens:
• On peut, tout d’abord, essayer de repérer soi-même l’origine des appels en déviant sa ligne sur un téléphone mobile ou un raccordement ISDN. Les deux affichent le numéro de l’appelant. Pour activer la déviation, composez *21 numéro de destination #. Ou encore, si vous êtes abonné chez Swisscom, demandez le service gratuit combox, au 0800 55 22 85. Ce répondeur de Swisscom fournit l’heure, la date et encore le numéro des appels.
• Mais la personne qui vous harcèle a peut-être fait bloquer la transmission de son numéro d’appel, un service fourni par tous
les opérateurs. Impossible alors de le repérer vous-même. En tel cas, vous pouvez demander un contrôle de ligne à Swisscom. La loi
sur les télécommunications exige, en effet, de l’opérateur qu’il fournisse à l’abonné l’origine d’appels anonymes. «Il est préférable que la victime découvre l’identité du coupable, notamment s’il s’agit de quelqu’un qu’elle connaît, pour décider si elle souhaite régler le problème à l’amiable ou porter plainte», explique Françoise Dessaux, substitut du juge d’instruction cantonal vaudois.
Ce contrôle de ligne peut être demandé dans les magasins Swisscom ou par téléphone au 0800 827 027. Il en coûte un forfait de 36 fr. par mois (ou fraction de mois), auquel s’ajoute une taxe de 12 fr. par semaine (ou fraction de semaine).
Données protégées
Pour que ce contrôle soit conforme à la protection des données, le plaignant doit rendre vraisemblable qu’il est bien victime d’abus. C’est pourquoi il doit fournir une liste où figurent la date, l’heure et la durée des appels abusifs. Seule l’origine de ces appels lui sera ensuite communiquée par Swisscom.
• Toutefois, ce service de contrôle a ses limites: quand les appels proviennent d’une cabine ou d’un téléphone mobile muni d’une carte à prépaiement, il est impossible de connaître l’identité du coupable. De même pour certains appels de l’étranger. La seule solution est alors de déposer plainte contre inconnu. Si le harcèlement se poursuit et que l’enquête n’aboutit pas, vous en serez réduit à demander une nouvelle ligne, qui coûte 95 francs. Dès lors, n’oubliez pas de vous inscrire sur liste verte, réservée aux clients qui ne désirent pas figurer sur les annuaires papier et électronique.
Peine de prison
Les abus téléphoniques sont sévèrement punis par la loi, soit par une amende et/ou par l’arrêt jusqu’à trois mois. Et la peine d’emprisonnement peut aller jusqu’à trois ans, s’il y a injures ou menaces.
Sophie Reymondin