L’affaire se présentait plutôt bien: un week-end à passer dans un hôtel surplombant le lac de Côme «dans un vieux moulin récemment rénové qui a su préserver l’histoire de ses vieilles pierres». La photo du coffret-cadeau montrait une vue idyllique du lac italien.
Ce qu’omet de préciser le coffret «Escapade gourmande», vendu par la société Smart Box dans de grands commerces ou agences de voyages (FNAC, Manor ou TUI), c’est que le Larius ne domine pas le lac de Côme, mais qu’il se trouve en pleine zone industrielle et que ses murs rénovés ne laissent pas voir les vieilles pierres du moulin qu’il a été. Les chambres sont pratiquement borgnes et leur unique fenêtre est placée à deux mètres de hauteur. Il faudrait monter sur un tabouret pour apercevoir la cour extérieure (voir photos). La porte-fenêtre donne sur un balconnet plongeant sur la salle de fitness, deux étages plus bas. Claustrophobes s’abstenir!
Le coffret promettait pourtant «une halte paisible et romantique où l’instant d’une nuit, l’émotion et la légende deviennent réalité…»
Méfiance
Faut-il se méfier des coffrets-cadeaux vendus par Smart Box, une filiale de Smart & Co, société créée en 2001 par le Français Pierre-Edouard Stérin sur un modèle qui a fait ses preuves en Belgique? Après avoir revendu en 2001 son entreprise de vente de logiciels et de jeux vidéo, le jeune diplômé d’une école de commerce s’est lancé dans les coffrets thématiques, lesquels ont révolutionné le chèque-cadeau, assure son promoteur, «transformant une simple feuille de papier en un objet à découvrir». Le succès a suivi et la société est présente aujourd’hui en France, en Espagne, en Allemagne, en Angleterre, en Italie, etc., avec plus de 100 000 clients. En Suisse, elle a vendu 20 000 coffrets depuis Noël 2006 dans sept domaines différents, allant de la gastronomie au bien-être, en passant par l’hostellerie de charme, l’aventure, les séjours pittoresques, etc. Les prix varient de 79.90 fr. à 429.90 fr. pour une ou deux personnes.
Adresse en cause
Contactée à Levallois-Perret, la responsable du marketing pour la Suisse, Cindy Mullenbach, ne paraît pas trop étonnée: «Nous avions choisi cet Hôtel Larius (3 étoiles) en fonction de son emplacement au centre de Côme. Nous sommes d’accord sur le fait que les chambres ne correspondent pas tout à fait aux attentes. L’établissement pourrait d’ailleurs voir sa participation remise en question lors de la prochaine édition.»
Smart Box assure pourtant visiter chacun des hôtels ou établissements sélectionnés et qu’il ne s’agit pas de vendre des prestations difficiles à écouler par des tenanciers en manque de coup de projecteur: «Parfois, ce sont eux qui nous contactent, parfois c’est nous. Quant à leurs tarifs usuels, ils correspondent généralement plus ou moins au prix de nos coffrets, mais certains nous accordent des tarifs préférentiels», reconnaît Cindy Mullenbach. Chaque année, Smart Box sort une nouvelle édition et prépare deux ou trois nouveaux produits pour sa clientèle suisse.
Impression générale
Vérification faite, deux autres établissements testés au Tessin, à Rovio et à Cernobbio, près de Côme, dans le coffret «Hostellerie de Charme», correspondaient mieux aux attentes.
Mais l’impression générale reste que le coffret collecte davantage des adresses de second ordre, qui ne trouveraient pas forcément preneur avec le «bouche à oreille». Et que les photos de présentation sont parfois trompeuses: la photo de l’Hôtel Larius, de Côme, est illustrée en fait par une photo de Cernobbio, prise depuis l’Hôtel Asnigo, qui se trouve à une autre page du coffret.
Quant à l’Hôtellerie de Châtonneyre, située en Suisse, sur la Riviera lémanique, elle est illustrée par une vue plongeante de Chardonne, alors que l’établissement se trouve plus bas, à Corseaux!
Moralité: avant d’opter pour l’une ou l’autre des offres du coffret, il est plus prudent de se renseigner, par téléphone ou sur internet, sur la situation réelle de l’établissement.
Olivier Grivat