Marylise Schwab, de Neuchâtel, est scandalisée: «Mes parents sont allés en Valais, à l’Hôtel-restaurant le Mont-Blanc, à Plans-Mayens sur Crans, boire un thé. Au moment de payer, ils ont failli avoir une attaque: le ticket indiquait 10 fr. pour deux thés – sans biscuits ni liqueur! Dans des établissements de montagne, les cafetiers-restaurateurs doivent monter l’eau et l’on paie le thé 3 fr. Mais dans le cas concret, rien n’explique un prix aussi élevé, car on s’y rend par la route.»
Marylise Schwab écrit donc à l’Office du tourisme de Crans-Montana, ainsi qu’au propriétaire du restaurant. Elle reçoit une réponse de l’assistante de direction de l’Office, qui se dit «étonnée d’apprendre les prix qui sont appliqués au restaurant le Mont-Blanc», mais rien du responsable de l’établissement en question. «Parce que quand on vous attaque, il est difficile de répondre posément; et puis cela me prendrait deux heures», explique sans autre animosité Pierre Gasser, le patron de l’hôtel.
Joint par téléphone, il ajoute que, chez lui, le client paie aussi le service et la vue: «L’endroit est particulier. Le panorama est exceptionnel, et puis nous avons un grand parking gratuit. Nous avons aussi mis pour 1500 francs de géraniums dans le jardin. Le thé et le café sont servis dans de la belle vaisselle, les chaises de la terrasse sont confortables. Comprenez bien: c’est un tout. Le café et le thé reviennent à 3 francs à Crans? Chez moi, ils coûtent 5 francs. C’est mon prix.»
Et c’est vrai, le restaurateur est responsable de ses prix. A Zurich, Hans Peyer, sous-directeur de Gastrosuisse et responsable du service de politique économique, n’est d’ailleurs pas étonné. «Il existe des cas similaires dans des établissements de luxe. Ce qui importe, c’est le respect de l’ordonnance en la matière: tout restaurateur doit annoncer les prix, afin que le client puisse s’informer avant de passer commande. Mais comme la fixation des prix dépend du responsable de l’établissement et que la loi sur la surveillance des prix ne concerne que les cartels et les organisations de même type, le restaurateur peut vendre son café 20 francs.»
Il existe 26 000 hôtels et cafés-restaurants en Suisse. «Le client devrait pouvoir trouver son bonheur», conclut Hans Peyer. Un bon conseil toutefois: consultez les prix avant toute commande!
Gabrielle Desarzens