Terrine de truite, poulet provençal, légumes et riz thaï: les animaux domestiques ont dorénavant leurs propres menus gastronomiques. Pour pousser les maîtres à l’achat, les entreprises jouent sur la variété, mais surtout sur les mots. La pâtée de l’époque s’est transformée en mousse, terrine, ragoût ou aspic. Elle se conforme aux recettes saisonnières et, parfois, devient même «light».
Bref, un éventail culinaire époustouflant pour lequel les propriétaires sont prêts à payer le prix fort, sans réaliser que cela fait cher la gorgée d’eau, ces plats fins étant composés de 75% à 83% de liquide(*)!
«Le maître qui ne verse que des croquettes dans une écuelle a parfois l’impression de négliger son animal, explique Charles Trolliet, responsable de la communication de la Société des vétérinaires suisses (SVS). Il préfère donc “faire la cuisine” en éminçant le contenu d’une barquette avec une fourchette.» Il suffit ensuite d’un brin de persil pour parfaire l’illusion… Résultat: si les ventes de nourriture pour animaux restent stables depuis quelques années (en Suisse, environ 344 millions de francs l’an dernier), on note une demande croissante des aliments en portion.
Raffinement inutile
On peut néanmoins se demander si, grâce à ces produits toujours plus sophistiqués, les chats et les chiens sont en meilleure santé ou, tout simplement, s’ils leur sont vraiment nécessaires.
Charles Trolliet répond en soulignant que la composition des repas s’est améliorée durant ces dix à quinze dernières années et que, désormais, il n’y a plus de «mauvais produit» sur le marché. Mais qu’il faut différencier la nourriture servant d’argument commercial et celle qui correspond aux besoins du chien ou du chat.
Les biscuits antitartre, par exemple, réduisent effectivement les problèmes de déchaussement des dents et de gingivites. Ceux contre la formation de boules de poils dans l’estomac évitent à certains chats d’être constipés. Certains ingrédients spéciaux sont aussi vraiment utiles, comme par exemple le millet, bon pour la peau. La pulpe de betterave limite aussi la prolifération des bactéries dans l’intestin. La vitamine C acidifie l’urine et permet d’éviter les problèmes vésicaux. Quant aux protéines, elles sont hautement digestibles, ce qui aide à réduire le volume et l’odeur des selles des chats.
Tout cela est vrai. Mais une nourriture particulièrement raffinée au niveau des goûts et de la manière dont elle est cuisinée n’est absolument pas indispensable à la bonne santé de l’animal.
En outre, il ne faut pas oublier qu’un chat n’apprécie guère les changements alimentaires. Contrairement à ce qu’en pense son maître, il peut manger durant toute son existence le même aliment. Mais il est également capable de changer ses habitudes en quelques jours, quitte à d’abord bouder le nouveau plat.
Digeste avant tout
Quant à un chien, il avale tout ce qui lui passe sous le museau… Il est donc inutile de payer une fortune pour des menus variés ou un repas gourmand ingurgité en trente secondes!
Les vétérinaires estiment qu’il est bien plus important de tenir compte de la digestibilité (quantité d’hydrates de carbone, protéines, etc.) de l’aliment en fonction de l’âge de l’animal. Et de respecter la quantité à donner, car ils notent actuellement un fort accroissement des cas d’obésité, que seul un suivi médical permettra de régler. Est-il dès lors utile de payer à la fois pour des calories superflues et le moyen de les brûler?
Véronique Kipfer
(*) lire également Bon à Savoir de février 2002
Contrôle de la qualité des aliments
La législation suisse va devenir encore plus stricte dès 2004
Qu’on les achète en grande surface ou dans un commerce spécialisé, tous les aliments pour animaux domestiques sont équilibrés et de très bonne qualité. «Les produits sont contrôlés deux fois: à la sortie de la fabrique et à leur entrée en Suisse», explique Sandra Kobelt, responsable de la communication chez Masterfoods SA (Sheba, Whiskas, Kitekat, etc.).
L’Association pour l’alimentation des animaux de compagnie ajoute que les réglementations, basées sur le système européen, sont extrêmement sévères. Les matières premières et aliments simples doivent être homologués, et tout ajout doit être dûment déclaré.
La loi suisse va d’ailleurs devenir encore plus stricte dès le 1er janvier 2004, puisque l’Ordonnance fédérale concernant la production et mise en circulation de l’alimentation pour animaux ne concernera plus seulement les animaux de rente (bovins, caprins, etc.), mais prendra aussi en compte les animaux de compagnie. Résultat: les normes concerneront toutes les entreprises suisses, et non plus seulement la majorité, inscrite à l’Association pour l’alimentation des animaux de compagnie, et qui suit déjà la réglementation européenne.