Les varices, c’est non seulement peu esthétique lorsqu’on porte une jupe ou un short, mais c’est aussi et surtout douloureux, voire dangereux pour la santé. En Suisse, une femme sur deux et un homme sur trois souffrent de problèmes veineux.
MA SANTÉ fait le point sur le traitement et la prévention de cette affection avec Michèle Depairon, médecin adjoint au Service d’angiologie du CHUV à Lausanne.
Quand faut-il opérer les varices?
Il faut avant tout consulter un angiologue qui examinera l’aspect et le fonctionnement du réseau sanguin veineux superficiel à l’aide d’un écho-Doppler (appareil de type échographique) et établira un diagnostic.
Certaines personnes s’affolent dès l’apparition de petites brindilles rougeâtres, les télangiectasies (réd.: dilatation permanente des petits vaisseaux capillaires), ou de douleurs de jambes. Mais tout n’est pas varice! Il faut distinguer les soucis esthétiques des problèmes médicaux.
Si la peau présente des modifications de couleur et de texture, en particulier sur la face interne de la cheville, si la varice saigne ou s’il y a récidive d’une thrombose veineuse (réd.: caillot de sang) superficielle, une opération s’impose, car il ne s’agit plus d’esthétique.
Quelles sont les mesures de prévention?
Les personnes sujettes aux problèmes veineux devraient avant tout porter régulièrement des bas de contention, surtout lors de longues stations debout ou assis, mais aussi en été, car la chaleur dilate les veines. Beaucoup y renoncent, prétextant que c’est difficile à enfiler et peu esthétique.
Or, il existe quatre types de bas, avec divers degrés de compression.
Pour les gens peu atteints, ceux de type I, discrets, suffisent. Le type II est prescrit dans le cas de varices apparentes et les types III et IV pour les maladies plus graves. Dès le type II, les modèles sont en effet moins esthétiques et moins confortables, mais c’est une question de santé! D’ailleurs les patients motivés sont soulagés par le port de bas de contention et les caisses maladie les prennent en charge dès la classe II.
Existe-t-il une alternative aux bas de contention?
Oui, faire de l’exercice! Et il est toujours bénéfique de prendre des veinotoniques (réd.: médicaments stimulant la circulation et atténuant les symptômes), de renoncer aux hauts talons, aux vêtements trop serrés et de chasser le surpoids. Combinées, toutes ces mesures aident à prévenir les problèmes veineux ou évitent leur aggravation.
L’assurance rembourse-t-elle les diverses méthodes s’il faut opérer?
On peut classer les traitements chirurgicaux en deux catégories: ceux qui obturent les veines malades et ceux qui les enlèvent (lire encadré ci-dessous). Si un problème veineux nécessite une opération, la caisse remboursera son coût, peu importe la méthode utilisée. En revanche, le traitement des petites varicosités par injection d’agents sclérosants, considéré comme esthétique, est à la charge du patient. Selon l’importance de la surface à traiter, cela coûte entre 150 et 600 francs.
N’est-ce pas dangereux d’enlever ainsi des vaisseaux sanguins?
Non, car un dixième seulement du réseau veineux se situe sous la peau. Les autres 90% sont logés en profondeur, dans les muscles. L’élimination de veines superficielles variqueuses entraîne donc, au contraire, une amélioration du retour veineux.
Carole Pellouchoud
à chacun son traitement
Sclérothérapie, crossectomie, etc.
Les télangiectasies ou varicosités (petites varices)
› Sclérothérapie: les varicosités sont ponctionnées à l’aide d’une seringue. On injecte ensuite un produit qui agresse la veine, laquelle se contracte et finit par disparaître. Elle peut aussi être détruite au laser. Traitement réservé aux petites veines, sans anesthésie et non remboursé par les caisses maladie. Le patient peut reprendre immédiatement le travail.
Les varices
> Phlébectomie ambulatoire: le chirurgien fait de petites incisions de 2 à 3 mm le long du trajet de la varice et y introduit un crochet pour extraire la veine en la faisant glisser sous la peau. Généralement en ambulatoire, sous anesthésie locale. Le patient peut marcher immédiatement, mais avec une contention élastique.
> Crossectomie et stripping (ou éveinage): la veine superficielle est ligaturée à son extrémité (la crosse), là où elle rejoint le système veineux profond. Après la crossectomie, on introduit un câble de nylon semi-rigide surmonté d’une ogive, on y attache la varice et on retire le câble pour l’arracher. Cette ablation se pratique sous anesthésie générale ou péridurale, en ambulatoire dans les cas simples.
> Laser endoveineux: technique récente qui remplace souvent le stripping. On introduit une fibre laser dans la varice pour la détruire par rayons. Une anesthésie locale suffit et le patient repart avec un simple pansement compressif.
Plutôt en hiver
Il est recommandé de se faire opérer pendant la saison froide, car l’exposition aux rayons UV (soleil, solarium) doit être évitée, et le bandage compressif porté au strict minimum dans les quinze jours suivants. A proscrire également dans les semaines suivant l’opération: les saunas, bains chauds ou sports violents.
problèmes veineux
Une faiblesse présente dès la naissance
Les varices (du latin varix = tordu) sont des veines dilatées du système circulatoire superficiel, visibles sous la peau des jambes, conséquence d’une insuffisance veineuse. Leur origine? Généralement une faiblesse… de naissance. On ne peut donc pas les éviter totalement.
Comment ça fonctionne: le sang apporte les éléments vitaux à l’organisme:
> Les artères, sous l’impulsion du cœur, distribuent (de haut en bas) le sang propre, chargé en oxygène, aux différents organes et tissus.
> Les veines assurent le retour du sang (de bas en haut) chargé de toxines vers le cœur. Il est ensuite de nouveau oxygéné grâce aux poumons. A l’intérieur des veines, de petits clapets, les valvules, empêchent le sang de refluer vers les pieds. Ce retour veineux se fait également grâce à la contraction des muscles du mollet (qui font pression sur les veines), à l’étirement de la voûte plantaire et au jeu des articulations. Si ce système est défaillant, la circulation est ralentie.
Le sang stagne alors dans les jambes (stase veineuse) et les veines du réseau superficiel perdent de leur élasticité, se dilatent et deviennent tortueuses. A l’intérieur, les valvules se déforment, s’écartent et ne sont plus étanches. Dès lors, elles fonctionnent mal et ne ramènent que partiellement le sang vers le cœur (voir schéma). Il se met à circuler à contre-courant, la paroi du vaisseau devient poreuse, un nœud se forme et la varice apparaît. Non traitée, elle devient peu à peu proéminente et peut, dans de rares cas, finir par se rompre.
Principaux facteurs de risques: l’hérédité, le vieillissement et les grossesses multiples. Si les deux parents ont des problèmes veineux, leur enfant a 90% de risques de prendre la relève. Lorsqu’un seul parent est touché, ce risque tombe à 62% (femmes) et à 25% (hommes). Dans la population sans antécédents, une personne sur cinq rencontre des problèmes veineux.
Prévention*: pour combattre la stagnation du sang dans les membres inférieurs, l’exercice physique est indispensable. En plus des 30 minutes de marche quotidienne recommandées, bougez vos chevilles – au travail, au restaurant, dans les files d’attente, etc.!
*Brochure «Varices et thromboses», gratuite, commande au 2 900 553 144, www.swissheart.ch
En savoir plus: www.maladie-veineuse.org; www.varice.fr