En Suisse, un vélo disparaît toutes les sept minutes. Ce qui représente 80 000 vols par an dans les gares, les écoles, les supermarchés, etc. Rien d’étonnant à cela: bien des bicyclettes ne sont protégées que par un antivol bon marché, dont les petits malfrats se débarrassent en quelques secondes. Un triste exploit, vu le prix des deux-roues d’aujourd’hui. Mais un constat que confirme le test de Bon à Savoir: sur 24 antivols, aucun n’est sûr à 100%. Pas un seul ne mérite donc la mention «très bon».
L’institut allemand Ipi, spécialisé en recherche sur les
produits, a joué au voleur de bicyclette avec 24 antivols, dont 6 modèles à anse, 4 modèles à chaîne d’acier, un modèle à charnière (voir tableau ci-dessous) et 13 antivols à câble et à spirale (tableau en p. 17).
Certains systèmes se sont révélés plus fiables que d’autres et résistent plus ou moins longtemps, selon l’outil utilisé pour les forcer. L’aspect dissuasif est essentiel: les voleurs doivent agir vite pour ne pas se faire remarquer.
Vainqueurs incontestables du test: les modèles à anse et à chaîne en acier. Du côté des modèles à câble, 2 modèles seulement sur 13 ont mérité la mention «satisfaisant». Ils offrent en général peu de sécurité. En fait, la pince-monseigneur la plus modeste, voire une simple scie à métaux, viennent sans difficulté à bout du mince fil d’acier.
Les spécialistes ont tout d’abord évalué la maniabilité des produits et leur facilité d’utilisation: l’antivol est-il facile à fixer? Permet-il d’attacher le vélo à un poteau téléphonique, une clôture ou un panneau de signalisation? S’ouvre-t-il facilement par temps humide ou avec une température de –10 degrés?
La seconde partie du test concerne la sécurité qu’offrent les antivols. C’est aussi la plus importante pour l’appréciation globale: combien de temps l’antivol résiste-t-il aux attaques d’un rossignol, d’un tournevis, d’une scie à métaux ou d’une perceuse? De quelle taille doit être une pince-monseigneur pour le couper? Faut-il être très costaud pour le forcer?
Résultats
Les antivols à anse sont donc les plus résistants aux attaques de cric, perceuse à batterie ou autre scie. Certains sortent même vainqueurs du combat… Seul inconvénient: ils sont lourds et rigides et ne permettent pas, par exemple, de fixer un vélo à un poteau.
Le plus tenace face aux brigands du laboratoire: l’Abus Pro Tec 46/150 HB, qui obtient la mention «bon». Impossible de l’ouvrir ni avec un tournevis, ni avec une scie à métaux, ni avec une pince-monseigneur. Seule la perceuse a pu en venir à bout… après plus de 4 minutes!
Un antivol peut aussi succomber aux assauts d’un cric de voiture, à condition que ce dernier soit performant: là encore, notre vainqueur du test n’a cédé qu’à une force de 1670 kilos! Autrement
dit, avec un antivol Abus,
on pourrait suspendre sans crainte une voiture de taille moyenne à une grue…
Passe-(presque) partout
Si le cylindre est le cerveau d’une serrure, la plupart des antivols testés sont terriblement stupides. Car les rossignols modernes, eux, sont intelligents: ils tâtent l’intérieur d’une serrure et l’ouvrent en imitant une clé. Ce genre de passe-partout permet d’ouvrir la plupart des antivols de notre test
en quelques secondes seulement, y compris les modèles à anse.
Exception: le modèle à câble Acor ACL 602, qui a résisté à tous les passe-partout. Un antivol vendu pour 25 fr. dans les commerces spécialisés.
Le prix n’est d’ailleurs pas synonyme de qualité. L’anti-vol à anse Luma, de Bike World, coûte moins de 20 fr. et ne s’ouvre qu’après un bon moment, sauf si le voleur utilise un rossignol (il cède alors en 4 secondes). Ce modèle mérite donc également la mention «bon», mais perd des points du côté maniabilité: son enveloppe en plastique rend l’ouverture malaisée.
Son fabricant, surpris d’apprendre que ses produits cédaient après 4 secondes seulement, a d’ailleurs affirmé vouloir y remédier immédiatement.
A noter encore que les cylindres de certains modèles sont très mal protégés. Une perceuse les ouvre sans peine. Le modèle à câble Prophete Ripa s’est même ouvert tout seul, rien qu’avec les vibrations de la machine.
En conclusion: si vous garez régulièrement votre vélo à la gare et qu’il n’est pas trop précieux, vous pouvez vous contenter des antivols ayant obtenu la mention «satisfaisant». Ils protègent assez bien contre les voleurs occasionnels, rarement équipés d’outils professionnels. Mais si votre précieux deux-roues reste souvent dans des endroits peu fréquentés et sans surveillance, optez pour un antivol à anse.
n Conseils:
– Utilisez deux antivols: un à anse pour assurer le vélo et un autre, à câble, à passer à travers la selle et les roues, pour protéger ces pièces coûteuses.
– Attachez votre bicyclette à un endroit fixe (porte-vélo, poteau, etc.). Sinon, les professionnels l’embarqueront tout simplement dans une voiture.
– Serrez votre antivol au plus près du cadre pour donner le moins de prise possible aux ustensiles des malfrats.
– Evitez aussi bien les lieux peu fréquentés que ceux où stationne un grand nombre de deux-roues. Un voleur ne s’y fait guère remarquer.