Cancer de la prostate:
les controverses du dépistage
En Suisse, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme et le deuxième plus mortel. Pourtant, il ne fait pas l’objet de mesures de dépistage systématique.
Sommaire
Bon à Savoir 05-2008
07.05.2008
Elodie Lavigne
Impuissance, infertilité, incontinence sont les suites généralement associées au cancer de la prostate. Chaque année en Suisse, 5300 nouveaux cas sont diagnostiqués et 1300 hommes en décèdent. Mais on parle peu de cette maladie qui touche l’homme au cœur de sa virilité. Le cancer de la prostate est une maladie de la vieillesse: la majorité des cas se déclarent après 60 ans.
Les raisons
de la controverse
La faible médiatisation du cancer de la prostate s...
Impuissance, infertilité, incontinence sont les suites généralement associées au cancer de la prostate. Chaque année en Suisse, 5300 nouveaux cas sont diagnostiqués et 1300 hommes en décèdent. Mais on parle peu de cette maladie qui touche l’homme au cœur de sa virilité. Le cancer de la prostate est une maladie de la vieillesse: la majorité des cas se déclarent après 60 ans.
Les raisons
de la controverse
La faible médiatisation du cancer de la prostate s’explique surtout par la controverse que suscite son dépistage. A priori, cette maladie sans symptôme et sans cause connue se prêterait bien à de telles mesures. Mais à la question: faut-il dépister le cancer de la prostate? «Il n’y a pas de réponse unique», précise la Ligue suisse contre le cancer, dans une nouvelle brochure d’informations (1). Les raisons médicales sont diverses. A ce jour, aucune étude scientifique n’a pu prouver que le dépistage faisait baisser le taux de mortalité. Une étude de grande envergure se penche actuellement sur cette question et ses résultats pourraient changer la donne. Mais pour l’heure, ni la Suisse ni les pays européens n’organisent de dépistage de masse auprès de leur population.
Pour connaître l’éventualité d’un cancer, les généralistes et les urologues font passer deux examens à leur patient: le toucher rectal (TR) et le dosage PSA (une protéine qui fluidifie le sperme). Ils ont l’avantage d’être rapides et peu coûteux, mais ne sont pas infaillibles puisque seuls 20% des cancers peuvent être découverts par TR. La mesure du taux de PSA dans le sang permet de déceler un dysfonctionnement de la prostate, sans pouvoir déterminer s’il est dû à une tumeur. De sucroît, ils conduisent parfois à des suspicions erronées de cancers et à des biopsies inutiles. «Nos espoirs vont du côté de la recherche pour qu’elle découvre de nouveaux marqueurs spécifiques à la maladie», déclare le Prof. Christophe Iselin, médecin-chef de service au département de Chirurgie au service d’Urologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Le dépistage individuel
Si aucun dépistage de masse n’est prévu, quelle attitude individuelle adopter? L’homme doit-il se soumettre spontanément à ces examens? «Tout dépend de l’état général du patient, de son âge, de son hérédité, de son espérance de vie, explique le Prof. Iselin. Il est peu utile de chercher un cancer de la prostate chez un patient de 77 ans qui a des problèmes de santé. Il risque de ne pas voir les bénéfices du traitement et de mourir non pas du cancer de la prostate, mais avec lui», ajoute-t-il.
Selon l’estimation de la Ligue suisse contre le cancer, environ 40% des hommes âgés de
65 ans sont porteurs de cellules cancéreuses, mais tous ne développent pas une tumeur. Le dépistage individuel n’est donc pas une mesure pertinente dans tous les cas.
Quand est-il alors indiqué? «Tous les hommes à partir de 50 ans, ou ayant une espérance de vie supérieure à 10 ans, devraient faire le dépistage», recommande le Prof. Daniel Ackermann, président de la Société suisse d’urologie. L’homme dont un proche parent a déjà été affecté devrait même se présenter chez son médecin dès 45 ans, puisque le risque est alors trois fois plus élevé. Le rôle du médecin est d’aider le patient à faire son choix, en toute connaissance de cause.
L’avantage principal d’un examen régulier permet de déceler le cancer à un stade précoce et localisé. Cela augmente les chances de guérison et de récupération, tout comme une chirurgie finement réalisée en cas de cancer. En amont, une activité sexuelle régulière permet de se remettre plus facilement d’une intervention: «Use it or lose it»(2), recommande d’ailleurs le Prof. Iselin. Serait-ce la seule vraie mesure de prévention?
Elodie Lavigne
(1) A télécharger sous
www.swisscancer.ch –> brochures ou à commander gratuitement au 20844 85 00 00
(2) «Utilise-le ou perds-le»