L’abondant courrier de soutien reçu à la rédaction de Bon à Savoir ces dernières semaines le confirme: la pétition que nous avons lancée dans notre dernière édition, en collaboration avec notre partenaire alémanique Ktipp, répond bel et bien à vos attentes. Vous avez été plus de 32 000 à la signer, reflétant ainsi votre volonté d’en finir avec les tarifs de roaming exorbitants! Ces signatures seront déposées à la Chancellerie fédérale à la mi-juin. Nous vous encourageons dès lors à signer (si ce n’est pas déjà fait!) et à faire signer jusqu’au 10 juin, dernier délai, la pétition ci-contre.
L’Europe va encore plus loin
Ironie du calendrier: alors que notre texte demande à la conseillère fédérale Doris Leuthard d’imposer aux opérateurs suisses de s’aligner sur les maximums européens (lire «Le scandale du roaming», BàS 5/2011) pour les appels sortants et entrants ainsi que l’envoi de SMS faits depuis l’étranger, les autorités européennes, elles, vont encore plus loin!
Les premières mesures prises en 2007 dans l’Union européenne (UE) ont, en effet, permis d’abaisser le coût des appels mobiles vocaux jusqu’à 60%. Mais cela ne suffit pas aux yeux de la commissaire européenne aux télécoms. Neelie Kroes soulignait récemment que le roaming reste trois fois plus cher que les appels nationaux. Comme le mécanisme de plafonnement fixé en 2007 arrive à échéance, elle veut le prolonger jusqu’en 2016, en y incluant de nouvelles baisses en 2012, 2013 et 2014.
Selon le projet actuel, le prix maximal des appels sortants en roaming – TVA suisse de 8% incluse – passerait ainsi à 42 ct. en 2012, 37 ct. en 2013 et 32 ct. en 2014. Pour mémoire, les opérateurs suisses demandent, aujourd’hui encore, jusqu’à 2 fr. la minute! Pour les appels entrants, le tarif serait de 15 ct. en 2012 et de 14 ct. en 2013. Les SMS baisseraient, eux, à 14 ct. l’unité l’an prochain.
L’internet mobile coûterait aussi moins cher avec un objectif de 67 ct. par mégaoctet en 2014. Autant de plafonds qui seraient valables jusqu’en 2016. Si le document doit encore
être adopté par la Commission européenne, puis passer la rampe du Parlement et du Conseil européens, il n’en demeure pas moins que les choses bougent dans le bon sens pour les consommateurs de l’UE, contrairement à la Suisse.
Pétition soutenue à Berne
A Berne, l’organe de la Surveillance des prix approuve le message de la pétition et confirme que les tarifs de roaming sont trop élevés en Suisse. De même, plus de 20 parlementaires ont d’ores et déjà apporté leur soutien à notre pétition et observent, eux aussi, qu’il n’y a aucune raison pour que les consommateurs suisses paient leurs communications à l’étranger nettement plus cher que leurs voisins européens. Parmi eux, notons la présence de Christa Markwalder (PLR/BE), Ursula Wyss (PS/BE), Dominique de Buman (PDC/FR), Jean-François Steiert (PS/FR), Maria Roth-Bernasconi (PS/GE) ou encore de Liliane Maury Pasquier (PS/GE).
Zeynep Ersan Berdoz
À SUIVRE
Réaction des opérateurs
Solidaires lorsqu’ils parlent de roaming, nos trois opérateurs helvétiques ne semblent pas vouloir s’aligner sur les plafonds européens, tant qu’ils n’y seront pas contraints et estiment qu’ils ne pourront l’être en l’absence d’un accord bilatéral entre la Suisse et l’UE.
Cette explication ne nous convainc pas. En effet, Swisscom, Orange et Sunrise négocient des tarifs de gros avec chacun des opérateurs européens. Mais la négociation va dans les deux sens, nos opérateurs louant également leurs services à leurs confrères européens pour les clients étrangers qui séjournent en Suisse. Il est donc vraisemblable que, si les opérateurs suisses proposaient les mêmes prix de gros que ceux de l’UE, ils obtiendraient la réciprocité. L’exemple le plus significatif vient d’Orange, présent dans certains pays de l’UE, mais qui n’hésite pas à facturer 2 fr. la minute un appel vers la Suisse depuis la Grèce, alors qu’un client d’Orange France ne paie, lui, que 55 ct. (et même 50 ct. dès le 1er juillet, voire 32 ct. en 2014 – lire ci-contre) cette même minute en direction de l’Hexagone.