Depuis 2011, les Hollandais disposent d’un seul billet pour tous les transports publics du royaume, la «OV-chipkaart» (littéralement: «carte à puce de transport en commun», au format d’une carte de crédit. Qui intègre une puce électronique valable dans tous les trains, les bus, les trams ainsi que le métro de la capitale,à l’instar de l’abonnement général (AG) des CFF.
A la différence de l’AG, toutefois, ce sésame fonctionne selon le principe du prépaiement. Il peut ainsi servir de forfait annuel, mais aussi de billet ponctuel, de carte journalière, hebdomadaire, multicourse ou encore d’abonnement de parcours. Et cela, pour toutes les compagnies.
Le gros avantage de ce système est sa fonction «easy-trip»: le voyageur ne paie que les kilomètres effectivement parcourus, en fonction de la tarification en vigueur sur le réseau utilisé. Les usagers ont enfin le choix entre un titre de transport personnel ou transmissible.
Kilomètres effectifs
Dans un premier temps, le passager se rend au guichet ou à un automate pour acheter la carte à 7.50 € (9.15 fr.) et y charger le montant de son choix. Il est également possible de le faire en ligne ou de relier directement le forfait à son compte en banque. Si le solde disponible est épuisé, la carte y puisera automatiquement le montant déterminé, à l’avance, par l’utilisateur.
Lors de chaque trajet, le passager s’enregistre (check-in) en montant dans le bus, le tram ou le train devant la borne prévue à cet effet (voir photo). Il suffit de répéter l’opération pour se désenregistrer (check-out) avant de descendre pour que le prix du trajet soit calculé et débité. C’est cette étape qui cause quelques problèmes: les passagers distraits oublient parfois de signaler la fin de leur trajet. La compagnie ferroviaire NS a donc prévu un formulaire de remboursement en ligne.
Ce système a apparemment fait ses preuves. Selon Eric Trinthamer, porte-parole des NS, plus de 80% de la population hollandaise entre 6 et 88 ans possède maintenant sa carte à puce. Seuls les chemins de fer proposent encore des billets sur papier.
Les usagers occasionnels des transports publics bénéficient également de la simplicité du sésame électronique: plus de grands moments de solitude devant la complexité des automates au moment d’acheter un billet de bus! Il suffit de présenter la carte à puce devant la borne pour embarquer. Idem pour les touristes: ces derniers pourront récupérer le solde de leur avoir en quittant la Hollande après déduction d’une taxe de 2.50 € (3.05 fr.).
Pas de puce en Suisse
En Suisse, les CFF et les 140 entreprises de transport helvétiques ne veulent rien savoir de l’expérience hollandaise. Ils comp tent certes introduire un moyen de paiement électronique d’ici à la fin de 2015, mais il sera dans un premier temps réservé aux titulaires d’un abonnement général (AG) ou du demi-tarif CFF ainsi qu’aux communautés tarifaires des agglomérations. L’introduction de cette carte coûtera quelque 55 millions, selon le Conseil fédéral.
Pour les titulaires d’un AG, le seul avantage sera de pouvoir le renouveler sans avoir à commander une nouvelle carte. Il sera en outre plus aisé d’interrompre l’abonnement. Rien n’est prévu en revanche pour les passagers occasionnels. Ils devront toujours acheter leurs billets à la pièce et apprivoiser les différents automates au fil de leurs voyages.
Selon Roger Baumann, porte-parole de l’Union suisse des transports publics (UTP), il est en effet hors de question, pour l’instant, d’importer en Suisse le système hollandais. Chaque entreprise de transport développera donc, par étapes, sa propre carte à puce. Jeannine Pilloud, directrice de la division voyageurs aux CFF, confirme qu’il ne faut pas compter sur l’introduction d’un système unifié à l’échelle helvétique avant 2024.
Thomas Lattmann / chr