La Poste se porte comme un charme. Elle parvient, cette année encore, à être bénéficiaire sur ses quatre marchés: communication (réseau postal, PostMail, Swiss Post), logistique (colis), services financiers (PostFinance) et transports (CarPostal). Elle a réalisé au total un bénéfice consolidé de 904 millions de francs en 2011 (910 millions en 2010). Son bénéfice «juridique» (lire «Trop d’argent, on ferme» BàS 4/2012) atteint 611 millions, qu’elle se propose d’affecter à raison de 100 millions pour consolider sa caisse de pension, 311 millions pour grossir ses fonds propres et 200 millions pour alimenter les caisses de la Confédération.
Malgré cette santé insolente, les consommateurs ne sont pas invités au banquet. Bien au contraire. Non seulement la nouvelle loi sur La Poste et son ordonnance d’application permettent de réduire les exigences du service public, mais encore le géant jaune a, une fois de plus, élevé ses tarifs, le 1er avril dernier. Ces augmentations doivent rapporter 60 millions de recettes supplémentaires, directement puisées dans le portemonnaie des usagers.
La Poste a fait peu de publicité sur ces augmentations. Certaines modifications n’étaient du reste toujours pas à jour sur son site le 18 avril dernier, alors que la brochure tarifaire en ligne, «La Poste pour tous», se rapporte à la situation au 1er avril 2011… Outre la fin de la gratuité des procurations, voici les principales ponctions qui sont néanmoins entrées en vigueur.
> Recommandés: les envois recommandés passent de 4 fr. à 5 fr. (25% d’augmentation). Auxquels il faut ajouter les frais d’expédition, par exemple 1 fr. pour une lettre standard en courrier A.
> Avis de réception: si, pour plus de sécurité, vous voulez avoir la preuve que le destinataire a bien reçu votre lettre recommandée, il vous faudra débourser 5 fr. en plus au lieu de 3 fr. (+ 66,7%). Il vous en coûtera donc 11 fr. au lieu de 8 fr., pour une lettre standard (A). Pour l’international, le supplément est passé à 6 fr. Avec les 6 fr. du recommandé, l’addition se monte à 12 fr. au lieu de 8 fr.
> Envoi contre remboursement: on réfléchira à deux fois avant de faire un envoi contre remboursement. Le tarif est en effet passé de 15 fr. à 23 fr. (+ 53,3% ), notamment en raison du fait que cette prestation ne peut s’effectuer qu’en combinaison avec le recommandé. Il en coûte désormais 24 fr. pour une lettre standard en courrier A. Petite consolation, le supplément pour remise en main propre a baissé de
6 fr. à 5 fr. (–16,7%).
> Colis: le prix pour l’envoi de colis à l’étranger en grande vitesse (PostPack International Priority) se monte jusqu’à 25% plus cher. Fixé dans une fourchette allant de 41 fr. à 415 fr., en fonction de la zone de diffusion et du poids du paquet, le tarif varie dorénavant entre 51 fr. et 419 fr.
Les mêmes colis envoyés en petite vitesse ont subi, pour leur part, des augmentations allant jusqu’à 19%.
> Envois urgents: le supplément perçu pour le traitement manuel (4 fr.) ainsi que celui pour les colis encombrants (15 fr.) s’appliquaient auparavant pour les envois à l’étranger. Depuis le 1er avril, ces suppléments valent aussi pour les envois urgents.
> Changement d’adresse: il fut un temps où un changement d’adresse était gratuit. Jusqu’au 1er avril dernier, pour se faire réexpédier son courrier à son nouveau domicile, La Poste demandait 15 fr. si la requête était effectuée par internet. Dorénavant, c’est le double, soit 30 fr. Et 42 fr. si on passe par le guichet. Pis, si l’on refuse de communiquer sa nouvelle adresse pour un usage publicitaire, l’addition bondit à 60 fr.
> Réexpédition temporaire: si on désire recevoir son courrier à son domicile de vacances en Suisse pour une période de deux semaines, La Poste facture aujourd’hui le transfert 22 fr. au lieu de 10 fr. (+120%). Par internet, on s’en sort à 8 fr. (– 20%).
> Garde du courrier: on peut aussi laisser son courrier au guichet pendant ses vacances. Le coût de la garde, pour deux semaines, est passé de 10 fr. à 20 fr. (+5 fr. par adulte supplémentaire indiqué).
> Case postale: jusqu’à présent, l’ouverture d’une case postale était gratuite. La Poste y trouve d’ailleurs son compte, car elle réduit ainsi ses frais de livraison. Mais cette gratuité est, elle aussi, révolue. A moins de faire la demande par internet, l’ouverture d’une case postale coûte dorénavant 12 fr. Une seconde boîte située à côté de la première est facturée 132 fr. la première année (120 fr. par internet), puis 120 fr. les années suivantes.
Philippe Chevalier