Les Suisses sont de grands amateurs de yogourts. Ils en con-somment 17 kilos chaque année! Et quatre gobelets sur cinq contiennent des fruits ou d’autres ingrédients.
Ce qui explique pourquoi les producteurs se battent à coup d’images fruitées contre leurs concurrents, mettant en scène fraises, noisettes et autres cerises sous leur angle le plus appétissant.
Mais ce qu’aucun fabricant ne montre sur son emballage, c’est le vrai contenu des yogourts: le sucre. Car les yogourts conventionnels aux fruits sont sucrés avec de la saccharose (sucre de betteraves ou sucre blanc raffiné). Pour ce faire, les fabricants n’y vont pas avec le dos de la cuillère, puisqu’ils ajoutent jusqu’à 24g de sucre, soit 6 morceaux de sucre de 4 g. A l’état naturel, un yogourt ne contient que 6 g de lactose.
Les analyses
Bon à Savoir a fait tester 12 yogourts aux deux parfums les plus vendus: fraise et noisettes. But du test: trouver la quantité de sucre et déceler d’éventuelles traces d’un agent conservateur interdit. Enfin, les testeurs ont vérifié si les produits étaient encore comestibles le dernier jour de leur date limite de consommation, après avoir passé plusieurs heures hors du frigo. Voici les résultats détaillés des analyses:
• Sucre: les yogourts aux fruits sont allègrement additionnés de sucre. Tous ceux que nous avons testés en contiennent au moins l’équivalent de 5,4 morceaux dans un gobelet de 180 grammes.
Au sommet de la douceur abusive: Cristallina et son produit au parfum noisettes contient au total 30,4 g de sucre, soit 7,4 morceaux de sucre (voir tableau ci-dessous). Ce total est composé des quelque 6g de lactose naturelle et de 24 g de sucre blanc rajouté. Mais la firme Hirz, du groupe Nestlé, n’est pas en reste: son yogourt fraise contient, lui aussi, 29,4 g de sucre
En fait, la douceur du yougourt ne provient pas du sucre naturel des fraises. «Son influence est très minime», explique Brita Rehberger, responsable du test aux laboratoires Ufag de Sursee (LU). Concrètement, le laboratoire a bien trouvé 2,8 g de fructose dans le yogourt fraise de Hirz, ce qui n’est déjà pas beaucoup. Mais il s’agissait en majeure partie d’un produit de décomposition, car le sucre blanc rajouté se décompose en fructose et glucose à l’intérieur du yogourt. Du point de vue physiologique et nutritionnel, c’est donc uniquement la formule chimique du sucre qui change, mais il reste artificiel.
Acide ascorbique
Le yogourt de Migros affiche la plus faible teneur en sucre de tous les produits testés. Son yogourt fraise ne contient «que» 5,4 morceaux de sucre, soit 21,8 g par gobelet. En soustrayant la lactose, il reste 16 g de sucre blanc. Le Toni Fraise aussi ne contient «que» 5,9 morceaux de sucre, dont quelque 18 g sont rajoutés.
• Agents conservateurs:
quatre yogourts sur les douze testés, soit un tiers des produits, contenaient de l’acide ascorbique. Il s’agit du Toni Fraise, des deux produits de Hirz et du Cristallina Fraise. Le yogourt étant considéré comme un produit naturel par la loi suisse, celle-ci exige que ni le yogourt ni les produits intermédiaires, comme par exemple les fruits, ne contiennent d’agents conservateurs. Mais comme les traces d’acide ascorbique décelées sont sans risque pour la santé, nous les avons uniquement indiqués par un visage triste sur notre tableau. Toni, explique que son fournisseur de fruits a remédié à la souillure: «A cause d’un nettoyage insuffisant des installations, il y a eu transfert involontaire de l’acide ascorbique dans la masse de fruits destinée à Toni», explique-t-il dans sa prise de position.
• Examen microbien: aucun des produits testés n’a manqué cette phase du test. Le laboratoire a recherché, le jour de la date limite de consommation, des germes étrangers, des entérobactéries ainsi que moisissures et levures. Sans les trouver.
Sans risque
Mais les valeurs de l’analyse pour les germes étrangers et la levure étaient légèrement plus élevées pour le Migros Noisettes. Elles sont toutefois sans risque. Ce résultat explique cependant que ce produit n’ait obtenu qu’une note «bon» pour l’évaluation microbienne.
• Test d’endurance: tous les produits, sans exception, ont passé sans encombre cette dernière épreuve: Bon à Savoir a interrompu la chaîne du froid (5degrés) pendant 4 heures et exposé les yogourts à la température ambiante. Ensuite, il les a à nouveau réfrigérés convenablement et les a analysés le jour de la date limite de consommation. Résultat: irréprochables!
Enfin, à titre indicatif, nous avons noté dans le tableau la teneur en graisse de chaque yogourt.
Sachez encore que les moisissures se développent si le producteur ne ferme pas correctement le couvercle ou s’il a un trou. D’où ce petit conseil: ne posez pas les yogourts aux couvercles en aluminium au fond de votre cabas!
AUTRES PRODUITS
Allégé ou aux lactobacilles
A titre indicatif, Bon à Savoir a également fait tester un produit contenant des lactobacilles, en l’occurence le LC1 fraise de Hirz et un yogourt allégé, le Light fraise de Migros.
En ce qui concerne le LC1, la teneur totale en sucre avoisine les 7 morceaux de sucre de 4 g pour un gobelet contenant 180 g de produit.
Quant au produit allégé de Migros, il contient effectivement très peu de sucre, comparé aux yogourts conventionnels. Soit seulement
l’équivalent de 1,7 morceau pour un gobelet de ce yogourt light. A noter que, si les produits allégés permettent effectivement de limiter la consommation de sucre, ils ont souvent un goût légèrement chimique.
Côté bactérien, les deux produits se sont avérés impeccables après avoir subi une interruption de la chaîne du
froid. Un résultat réjouissant lorsqu’on sait que les masses de fraises et de noisettes sont particulièrement sujettes à la moisissure.