La baie de goji a le vent en poupe. On lui prête des qualités exceptionnelles: elle permettrait de «vieillir plus sereinement», de «retrouver énergie, vitalité et bien-être» et serait «le fruit le plus antioxydant du monde». En Chine, d’où elle est originaire, cette baie rouge est consommée depuis des millénaires. La médecine traditionnelle l’utilise pour renforcer le système immunitaire, améliorer la vision ou renforcer les performances sexuelles. Mais que sait-on au juste de cette baie?
Le goji contient des nutriments intéressants, aux propriétés antioxydantes: de la vitamine A, C et E ainsi que des caroténoïdes, comme la lutéine et le bêtacarotène, du zinc et du sélénium. De plus, il renferme des polysaccharides (sucres) particuliers, considérés comme étant à l’origine des bienfaits de ce fruit.
Plusieurs études scientifiques suggèrent que la consommation de ces baies permettrait de prévenir certaines maladies, notamment celles liées au vieillissement. Mais ces études sont discutables d’un point de vue méthodologique. Parmi les points litigieux, on relève qu’elles ont été faites sur un petit effectif de patients et qu’elles se sont basées sur une forte consommation de baies, difficilement applicable (plus de 100 ml de jus ou 50 grammes de fruit par jour). Aucune étude probante n’a donc, à ce jour, confirmé l’effet miraculeux qu’on veut leur attribuer.
Peu de vitamine C
La richesse en vitamine C du goji est également vantée, il en contiendrait quatre fois plus qu’une orange. Cette assertion est fausse, puisqu’une portion de baies séchées (2 cuillères à soupe ou 15 g) ne renferme que 4 mg de vitamine C, contre 53 mg pour une orange de taille moyenne! Même à poids égal, le goji n’arrive pas à voler la vedette à l’orange: cette dernière en contient presque deux fois plus.
Prix élevé
Les qualités mises en avant sont telles qu’elles sont susceptibles d’inciter le consommateur à inclure ce «fruit miracle» dans son alimentation quotidienne. Mais, pour cela, il devra débourser une somme rondelette: environ 14 fr. pour un paquet de 200 g. Quant au prix du jus de goji, il grimpe jusqu’à 60 fr. le litre, soit 40 fois plus cher que le jus d’orange.
Pesticides et sulfites
Une enquête réalisée par l’émission A Bon Entendeur (TSR1) en 2010 a recherché les résidus de pesticides dans une quinzaine de produits à base de goji. Si les trois jus analysés ne contenaient pas de pesticides, les résultats ont été moins réjouissants pour les baies séchées. En effet, sur les onze échantillons, un seul ne présentait pas de pesticides. Tous les autres dépassaient les normes autorisées en acétamipride, un insecticide cancérigène utilisé contre les pucerons. Un échantillon – pourtant certifié bio – en contenait même onze fois plus que la valeur limite.
Autre épine dans la baie de goji: une analyse effectuée en 2010 par l’Office pour la protection des consommateurs du canton d’Argovie a révélé que sur huit échantillons de baies séchées cinq contenaient trop de sulfites, dont l’un affichait une teneur sept fois supérieure à la dose maximale autorisée. De plus, aucun emballage ne mentionnait la présence de sulfites, comme l’ordonne la législation suisse.
L’aliment miracle n’existe pas
De manière plus générale, il faut se rappeler que les aliments miracle n’existent pas. Ainsi, malgré l’absence de preuves scientifiques et le prix élevé des baies de goji, leur consommation ne remplace pas une alimentation variée et riche en fruits et légumes. Des fruits comme la myrtille, le raisin, la fraise ou la pomme contiennent également des antioxydants et sont nettement plus économiques.
Doris Favre,
diététicienne diplômée