La dixième révision de l’AVS était si séduisante (bonus éducatif, splitting) qu’il aurait été dommage de la faire capoter à cause de l’élévation de l’âge de la retraite des femmes (à 63 ans en 2001, à 64 ans en 2005). Ce raisonnement a été celui de la majorité du peuple suisse, qui, en 1995, a accepté l’AVS révisée. Mais si les Romands n’ont pas mis les pieds contre le mur, c’est parce qu’une bonne partie d’entre eux se promettait de soutenir, trois ans plus tard, l’initiative dite de rattrapage rétablissant la retraite des femmes à 62 ans. Hélas, ce fut un cas exemplaire de «Röstigraben social» puisque les Alémaniques imposèrent le maintien à 63 ans.
En ce début 2001, le moment est venu de passer aux actes: les femmes nées en 1939 devront travailler encore un an avant de toucher l’AVS. Le point sur cette question, ainsi que sur les autres innovations de l’AVS:
Retraite des femmes à 63 ans
C’est l’âge désormais fixé pour toucher une rente complète. Les femmes âgées de 62 ans (nées en 1939) pourront demander une retraite anticipée, moyennant une réduction de 3,4%. Attention: cette réduction grèvera la rente à vie! Il faudra donc bien réfléchir avant de céder à la tentation. Les femmes au foyer pourraient y trouver un intérêt: ce serait, pour elles, l’occasion de toucher enfin un pécule… Celles qui font le pas devront faire parvenir leur demande avant la date de leur anniversaire. Car dans ce domaine, il n’y a pas d’effet rétroactif ou de rentes calculées sur une demi-année.
Les hommes âgés de 64 ans peuvent aussi demander une retraite anticipée d’un an, moyennant une réduction salée: 6,8% ! Ils peuvent anticiper la retraite de deux ans contre…13,6% de réduction de rente!
A noter qu’avant de prendre une décision, chacun est en droit de demander à sa caisse de compensation un calcul prévisionnel de rente.
Rentes individuelles
La rente de couple est supprimée pour tous les retraités. Mais le total des deux rentes individuelles qui la remplacent ne représente pas un montant inférieur. Les personnes concernées ont été avisées par les caisses de compensation, qui signalent un grand désarroi parmi les assurés. Les couples très âgés, en particulier, ont eu beaucoup de mal à ouvrir un deuxième compte pour Madame. Monsieur ne comprend pas toujours pourquoi on le destitue de son rôle de chef de famille en versant la moitié de la somme à son épouse. Des arrangements ont été trouvés avec les banques pour faire passer la pilule: systèmes de compte joint (au nom des deux membres du couple) ou de procuration.
Femmes divorcées
Il n’est pas très juste que les personnes entrées en retraite avant 1997 ne bénéficient pas des innovations de la 10e révision de l’AVS, en particulier du bonus éducatif. Toutes ces personnes, pour autant qu’elles soient mariées ou divorcées, au-ront droit à une bonification transitoire: le revenu déterminant pour le calcul de la rente sera augmenté d’environ 7000 fr. (pour une durée de cotisation complète). Une adaptation dont profiteront surtout les femmes divorcées et les personnes à revenu modeste, qui pourront voir s’accroître leur pécule mensuel de 100 à 200 fr., plus rarement à 300 fr. En vertu du principe du plafonnement de la rente, les rentiers aisés n’y gagneront bien sûr rien. Les retraités concernés ont été avisés par les caisses de compensation.
2% de plus
Depuis le 1er janvier, toutes les rentes ont été augmentées de 2%, pour tenir compte de la compensation du renchérissement (on a gardé le premier taux de l’Office fédéral de la statistique, avant que celui-ci ne signale une erreur fin 2000). Cela porte la rente minimale (avec durée de cotisation complète) à 1030 fr. par mois et la rente maximale à 2060 fr.
Cotisations des indépendants
La taxation annuelle des cotisations est introduite pour les indépendants et les non- actifs. Une manière de cotiser de manière plus conforme à la situation financière de l’indépendant qu’avec la taxation tous les deux ans.
Suzanne Pasquier
Rentes complémentaires
Toujours moins pour l’épouse
La suppression de la rente complémentaire pour l’épouse se poursuit. Dès 2004, les hommes de 65 ans et plus ne toucheront plus rien pour leur conjointe non encore retraitée. Pendant des décennies, cette prestation (environ le tiers de la rente du mari) était accordée lorsque la femme atteignait 55 ans. Pour 2001, cette limite d’âge a été portée à 60 ans (61 ans en 2002 et 62 ans en 2003).
Ce qui précède ne concerne pas les rentes complémentaires basées sur l’AI, ni les prestations complémentaires (PC) à l’AVS ou à l’AI. Les PC (qui n’ont rien à voir avec l’assistan-
ce publique), interviennent lorsque les rentes ne suffisent pas à couvrir les besoins vitaux. Mais rappelons qu’elles doivent faire l’objet d’une demande auprès des services compétents!*
*Au sujet des prestations complémentaires, voir Bon à Savoir 1/98 et 10/2000.