Les kalcikidz, à disposition près des caisses de certaines pharmacies, ressemblent à s’y méprendre à des bonbons en gomme roses vendus dans les commerces (voir photo). A y regarder de près, on s’aperçoit qu’un seul contient 200 mg de calcium, soit déjà le quart de la dose quotidienne de cet élément pour un enfant de 4 à 9 ans! Mais il faut une loupe pour lire qu’il ne faut pas en manger plus de trois par jour et que «seule une alimentation diversifiée assure un bon équilibre nutritionnel».
Autre produit aux caisses de certaines grandes surfaces: les «dextro energen» avec 10 vitamines, du calcium et du magnésium. Ces tablettes contiennent une dose totale de magnésium de 160 mg, alors que l’apport quotidien recommandé est de 120 mg par jour pour un enfant entre 4 et 9 ans.
Loin des simples bonbons enrichis en vitamine C pour affronter l’hiver, ces nouveaux produits comprennent de plus en plus de substances que l’on croyait réservées aux apports médicamenteux. Vendus tant dans les supermarchés qu’en pharmacie, le client ne se voit pas forcément dispensé des conseils pour leur consommation.
Peu de risques
Ce phénomène engendre-t-il des risques d’intoxication? «Les surplus de magnésium et de calcium sont éliminés, rassure Nicoletta Bianchi, diététicienne au service de pédiatrie du CHUV, à Lausanne. Il n’y a pas vraiment de risque pour la santé. Ce sont les surplus de vitamines A et D, stockés par l’organisme, qui posent problème.» Ces vitamines ne sont toutefois pas utilisées dans les simples compléments alimentaires, tels les bonbons évoqués. «On ne connaît cependant pas les conséquences à long terme du cumul d’aliments enrichis», tempère la spécialiste.
Les professionnels de la nutrition dénoncent surtout les mauvaises habitudes induites par les aliments enrichis (ou alicaments). «L’enfant se voit conforter dans l’idée qu’il peut manger n’importe quoi au repas, puisqu’il n’y aura qu’à prendre un bonbon après pour compléter, déplore ainsi Nicole Mégroz, également diététicienne. Or, une alimentation diversifiée comprend des éléments importants qu’aucun bonbon ne pourra remplacer.»
Un apport complémentaire de calcium ou autre peut se justifier, mais sous contrôle d’un spécialiste. Et de manière limitée dans le temps, sauf dans certains cas, comme celui de l’allergie aux protéines du lait.
Suzanne Pasquier