Pas besoin d’avoir des biscoteaux à la Popeye: même haut comme trois pommes, un enfant peut se défendre contre un agresseur! C’est l’un des principes clés enseignés aux plus jeunes dans les cours de prévention de la violence. «Par définition, un agresseur est quelqu’un qui est plus fort que soi. Garder son sang-froid, savoir que l’on peut réagir et frapper là où ça fait mal permet de se défaire d’une situation difficile», explique Bernard Jaquet, président de Patouch*. L’association romande de prévention des abus faits à l’encontre des enfants propose des cours mixtes dès l’âge de 10 ans, dans le cadre scolaire ou à la demande. L’objectif des cours est double: comment ne pas être victime et comment ne pas devenir auteur de violence.
L’association suisse Pallas*, elle, s’adresse spécifiquement aux jeunes filles et aux femmes. Au cours de dix leçons, les adolescentes discutent des violences que peut subir le sexe dit «faible» et exercent des techniques de défense.
Savoir se défendre ou savoir dire non, c’est d’abord une question d’attitude: l’enfant apprend à éviter autant que possible les dangers, à les détecter au plus vite et, s’il ne peut pas fuir, à les affronter.
Qu’est-ce qu’un danger?
Souvent, l’enfant ne sait pas ce qu’est un danger. A un âge où l’adulte représente l’autorité et où la confiance envers lui est sans limites, le jeune doit néanmoins apprendre à reconnaître les différentes formes de violence et à s’y opposer: les attouchements ou les sévices d’ordre sexuel sont les cas les plus évidents. Au temps de l’innocence, l’enfant croit souvent, à tort, que les personnes de sa famille sont de facto gentilles et qu’elles ont tous les droits. L’enfant peut vivre aussi d’autres situations, a priori plus anodines, mais pas moins blessantes, par exemple: des blagues insistantes sur un caractère physique, des insultes ou des bousculades dans la cour de récréation. Leur faire prendre conscience de ce qu’ils peuvent refuser, sans pour autant les traumatiser, les aide à ne pas se résigner et à ne pas adopter une position de future victime.
Pour faire passer le message, les cours se basent sur l’environnement quotidien des jeunes: les contacts avec les copains, les frères et sœurs, la famille, les premières rencontres amoureuses, mais aussi avec des inconnus.
L’essentiel est que l’enfant prenne conscience de ses limites, de ce qu’il veut et ne veut pas, avant de se retrouver en mauvaise posture. Face à un adulte malveillant, il n’est plus temps de réfléchir, mais de réagir. «A 10 ans, un enfant ne sait pas encore que son corps lui appartient. On lui apprend que
les parties intimes sont celles que cache son maillot de bain et qu’une tierce personne ne peut les toucher ou les regarder qu’avec son consentement», explique Bernard Jaquet.
Les bons gestes
Mais que faire si l’on est pris au piège? Frapper les endroits sensibles comme les parties génitales ou les yeux. Et puis crier, fort, pour donner l’alarme. Plus le message est clair et cohérent, plus les chances d’être aidé par un tiers augmentent.
Mais si le mal est fait, on dit aux enfants de briser le silence et de se confier à leurs parents. Face à un éventuel déni, s’adresser à une autre personne jusqu’à ce que la parole soit entendue. Et s’il faut, en parler à la police. Quelle que soit la situation, l’enfant doit savoir qu’il n’est pas coupable de ce qui lui arrive. Elodie Lavigne
*Contacts et liste des cours sous:
www.patouch.ch, www.pallas.ch
prévention
Conseils à donner aux enfants
Voici quelques principes clés de prévention contre la violence:
> ne pas se promener dans des endroits sombres;
> veiller à ne pas rester seul;
> écouter sa peur, elle est bonne conseillère;
> détecter le danger et fuir tant qu’il est temps;
> crier au secours pour donner l’alarme;
> ne pas rester seul face à ses problèmes, se confier.