Sous forme de gels, crèmes, sérums ou capsules, les soins du visage se renouvellent et garnissent les rayons avec des promesses toujours plus grandes. Les derniers arguments sont-ils enfin crédibles? Ces nouveaux produits parviennent-ils réellement à remodeler la peau en effaçant rides et ridules?
La réponse de Bernard Noël, dermatologue, chef de clinique au CHUV, est formelle: «L’effet liftant et anti-âge des cosmétiques est très limité, mais ils peuvent redonner un certain tonus à la peau. Seules quelques crèmes, qui doivent être prescrites par un dermatologue, ont démontré une certaine efficacité sur les aspects les plus superficiels du vieillissement cutané. Il faut donc se méfier du discours publicitaire! En revanche, intégrer dans la préparation un écran solaire, c’est déjà lutter contre le vieillissement de l’épiderme.»
Tests facultatifs
Toujours selon Bernard Noël, «les produits qui envahissent le marché ont pour vocation de nettoyer, d’hydrater et, pour certains, de protéger la peau. Pour le reste, les consommateurs achètent une marque, un parfum, un emballage.»
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les fabricants ne sont d’ailleurs pas tenus de prouver l’efficacité de leurs produits. Tout au plus, certains en contrôlent-ils la tolérance cutanée par des tests dermatologiques. Cette réglementation est d’ailleurs valable pour toute l’Union européenne.
Contrairement aux règles en vigueur pour les produits pharmaceutiques, les fabricants de cosmétiques n’ont pas non plus la moindre obligation légale de soumettre leurs produits à des tests toxicologiques. Ils doivent, par contre, veiller à ce que les produits qui entrent dans leur composition figurent sur la liste des substances autorisées dans le cadre de l’Ordonnance fédérale sur les cosmétiques.
Composition
L’ensemble de ces ingrédients doit ensuite obligatoirement figurer en bonne place sur l’emballage des produits. En y regardant de plus près, on distingue trois catégories de composants, qui peuvent être résumées ainsi:
> Les antioxydants – Grâce à la présence de vitamines C et E, par exemple, ils protègent la peau des agressions extérieures (pollution, UV, etc.).
> Les acides de fruits – Ils sont intégrés uniquement pour leur effet exfoliant (peeling), procurant ainsi à la peau un coup d’éclat. Certains stimulent également la production de collagène (une protéine), en vue d’une amélioration de la texture cutanée.
> La vitamine A pure – Rien à voir avec la vitamine A acide qui, elle, est la seule substance dont l’effet contre les rides a pu être prouvé scientifiquement. Il s’agit ici d’un dérivé de la vitamine A, le rétinol, qui a l’avantage d’être mieux toléré. Améliorant sensiblement la structure de la peau, le rétinol entre aussi dans la composition des produits contre l’acné.
Effet hydratant
L’application quotidienne de tous ces produits n’est en aucun cas néfaste. A défaut d’être raffermissantes, remodelantes ou restructurantes, les crèmes antirides ont le mérite d’être avant tout hydratantes. Leur effet liftant n’est autre que celui du placebo, qui se traduit par un certain bien-être procuré par les crèmes au parfum agréable, qui pénètrent bien la peau sans la laisser grasse.
Quant au rapport qualité-prix, il est délicat à établir puisque la quasi-totalité de ces crèmes ne répondent pas à leur promesse. Selon Bernard Noël, une simple crème polyvitaminée, comme on en trouve dans tous les commerces, est largement suffisante à une saine hydratation de la peau.
Enfin, celles qui cherchent désespérément une astuce contre le vieillissement peuvent toujours essayer le sourire. Le dermatologue le confirme avec humour: «Avec le vieillissement, la peau du visage a tendance à s’affaisser. Le sourire est le meilleur moyen de lutter contre les effets de l’apesanteur.» Alors, souriez maintenant!
Zeynep Ersan Berdoz
conservation
Sans âge, les anti-âge?
Contrairement aux médicaments, aux yogourts ou aux boîtes de conserve, les produits cosmétiques achetés en grandes surfaces ou dans les parfumeries n’affichent pas de date de péremption. Rien d’illégal à ça: l’article 23 de l’Ordonnance fédérale sur les objets usuels mentionne clairement qu’«il est permis de renoncer à indiquer la date, lorsque la durabilité minimale du cosmétique dépasse 30 mois.» Ecoulement rapide et gestion informatisée des stocks aidant, les crèmes et autres cosmétiques sont rarement vendus plus de 30 mois après leur fabrication.
En revanche, une fois arrivé au domicile de son acquéreur, le produit, généralement utilisé avec parcimonie, peut facilement être conservé bien au-delà. Dès lors, comment savoir si le précieux contenu du petit pot a tourné? Difficile d’en avoir la certitude, seule l’odeur et l’apparence du produit peuvent traduire son état de santé. Il est donc conseillé:
> De l’utiliser dans les six à douze mois qui suivent son ouverture.
> De le ranger à l’abri de la lumière et de la chaleur, mais pas au frigo.
> De le jeter en cas de mauvaise odeur et d’aspect douteux, malgré son prix élevé.