Olga Molteni dort à nouveau bien. C’est un sifflement aigu qui l’en avait empêchée pendant plusieurs nuits: «Cela a commencé lors de l’installation d’une antenne pour téléphones mobiles sur l’immeuble voisin», raconte notre lectrice lausannoise. Après quelques jours, le bruit a heureusement cessé. Un autre lecteur de Bon à Savoir a vu une antenne installée sur son immeuble. La soirée d’information aux locataires organisée alors par Orange, propriétaire de l’installation, n’a pas su le convaincre. Tout comme Mme Molteni, il se demande si l’on peut implanter des antennes sans l’aval des habitants, et qui en donne les autorisations et quel contrôle est effectué afin qu’elles ne nuisent pas à la santé.
• Permis de construire: une fois obtenu le feu vert du propriétaire du lieu d’implantation d’une antenne (immeuble, terrain, route, etc.), l’opérateur de téléphonie mobile demande un permis de construire aux autorités compétentes. Le propriétaire n’est pas tenu d’informer ses locataires. Ceux-ci ne peuvent donc s’y opposer qu’au cours de la mise à l’enquête publique.
• Rayonnements limités: l’opérateur doit encore obtenir un permis d’exploitation. Pour cela il faut prouver que l’installation respecte certaines limites en matière de rayonnement. Il n’existe pour l’heure pas de valeur limite obligatoire. Mais les cantons appliquent déjà celles fixées dans le projet d’Ordonnance fédérale sur la protection contre le rayonnement non ionisant (ORNI), en consultation. Elle définit notamment une zone franche (en moyenne de 30 m, horizontalement) autour des lieux sensibles (habitations, bureaux, écoles, parcs, terrains de jeux, etc.). A noter que la distance exacte se calcule en fonction de la puissance de l’antenne et de la nature des bâtiments: un toit en tuile ne présente p.ex. aucune protection, tandis qu’un mur en béton réduit le rayonnement d’au moins trente fois.
Dans les lieux sensibles, le rayonnement ne doit pas dépasser les 4,1 Volt par mètre (antennes à 900 Mhz) et 5,8 V/m (à 1800 Mhz), soit dix fois moins que celui admis d’ordinaire. A titre de comparaison, un écran d’ordinateur placé à 30 cm présente une intensité de champ d’environ 45 V/m pour le corps humain, celui d’un téléphone portable collé à l’oreille entre 40 et 60 V/m et celui d’un fer à repasser placé à 30 cm environ 125 V/m.
• Risques: si ces valeurs limites ont été fixées si haut, c’est pour réduire au maximum d’éventuels effets néfastes. Car pour l’instant, aucune étude n’a pu prouver ou infirmer que ces rayonnements présentent un risque pour la santé.
• Contrôles: pour l’heure, les autorités qui octroient les autorisations se fient aux calculs des opérateurs. «Des contrôles effectués sur nos installations par des laboratoires indépendants ont montré que dans nos calculs nous surestimons même le rayonnement», rassure pour sa part l’ingénieur Andràs Puskàs, spécialiste de l’environnement chez Orange. Des contrôles officiels des rayonnements des antennes ne seront effectués qu’une fois l’ORNI entrée en vigueur, comme l’explique Dominique Luy, adjoint
du chef du Service vaudois de l’environnement et de l’énergie.
• Antennes groupées: DiAx, Orange et Swisscom ont déjà conclu des accords avec certains cantons, afin qu’ils coordonnent l’implantation de nouvelles antennes. A noter que tous les cantons approchés par les opérateurs n’ont pas souhaité se charger de cette coordination. Parmi ceux qui ont accepté, Berne et Vaud: là, les trois opérateurs soumettent leur planification (confidentielle) à l’autorité compétente. Si deux opérateurs ont des projets d’antenne à proximité les unes des autres (à 100 m dans les zones à construire; à 1 km dans les zones agricoles), le canton demande qu’elles soient installées sur un même mât.
La mise en commun n’est cependant pas toujours possible. Notamment parce que les 2500 mâts de Swisscom déjà installés dans le pays ne sont pas tous assez solides et hauts pour accueillir 9 antennes au lieu de 3. D’autre part, Orange, qui n’exploite que le réseau à 1800 Mhz, aura besoin d’antennes supplémentaires pour couvrir le même territoire que DiAx et Swisscom. Ces derniers exploitent aussi le réseau 900 Mhz, plus puissant. Enfin, dans les zones d’habitation, il n’est pas forcément souhaitable de regrouper des antennes en un seul lieu, vu que cela augmente le rayonnement.
Ellen Weigand